페이지 이미지
PDF
ePub

nous au récit de toutes ces merveilles? Que dit notre cœur à la vûe de tels objets ? Nous fommes Chrétiens, nés heureufement dans le fein de l'Eglife, héritiers de la vocation des Mages, devenus pour nous les premiers modéles comme les premiers Apôtres de la Religion : c'est à nous de mefurer notre conduite & nos fentimens avec ceux de ces hommes fidéles.

PRIERE.

Seigneur, Dieu de nos Peres, fouve

rain maître de toutes les nations, & qui daignez en recevoir aujourd'hui les faintes prémices par l'hommage de ceux que vous avez choifis, reffufcitez en moi dans ce mo ment tout l'efprit de cette vocation divine; grace précieufe dont vous m'obligez dans ce grand jour d'honorer la mémoire avec toute votre Eglife: grace ineftimable & juftement refufée à tant d'autres: trop indigne moi-mê me de la recevoir lorfqu'il vous a plû de me la donner, j'ai mérité trop fouvent de la perdre après l'avoir reçûe : mais je confens maintenant à perdre tout le refte, s'il le faut, pour la corferver. Que fon fouvenir foit donc fans ceffe, ô mon Dieu ! le motif de ma plus vive reconnoiffance: que fes maximes feules faffent déformais toute la régle de ma conduite, afin que mon bonheur éternel devienne un jour le fruit de fes divines promeffes,

OCTAVE DE L'EPIPHANIE. Sept Janvier.

DE L'EPITRE.

Votre cœur Jera dans la furprife dans la joie de vous voir comblés des richesses de la mer & des dépouilles des Nations. Ifaïe. c. 60.

'Il ne falloit juger de la deftinée des Juifs

S'après leur captivité, que par ces paroles du Prophête, leur état ne répondroit pas à la magnificence des prédictions, & on voit bien que le Saint Efprit, dans la bouche d'Ifaïe, avoit en vue d'autres objets infiniment plus grands que ceux qui font annoncés à cette nation charnelle. Dieu lui accorde pourtant ce qu'il lui avoit promis, parce qu'il eft fidéle dans fes promeffes, & que fa parole ne paffe point fans être accomplie : les captifs après foixante-dix ans d'attente & de foupirs reviennent de Babylone, ils ont la confolation de rentrer & de fe rétablir dans une patrie qui leur eft fi chere; mais Dieu ne veut pas qu'ils y foient fans de nouvelles peines, pour punir leur aveuglement qui fe borne aux chofes préfentes, au lieu d'entrer dans l'efprit des promeffes. Il permet qu'ils ne fubfiftent dans leur propre pays que parmi les troubles & les allarmes; qu'ils y foient inquiétés par leurs ennemis, tyrannifés par leurs propres freres, li

vrsé

vrés quelquefois à la plus extrême indigence, & qu'ils n'y trouvent point enfin cette félicité que leurs defirs charnels leur figuroient d'avance pour le fiécle préfent. Inftruifons-nous ici, nous qui fommes Chrétiens, & appre nons d'un tel exemple, que les profpérités du monde font de ces tableaux qu'il ne faut regarder que de loin; que l'avenir paroît toujours beaucoup plus beau que le présent ; que la réalité dément fouvent les apparences; que ce qu'on éprouve ne reffemble guéres à ce qu'on s'étoit promis, & qu'en changeant d'état, on ne fait quelquefois que changer de mifere.

Ainfi fe vérifient tous les jours de flatteufes promeffes que nous nous faifons fur un prétendu bonheur, qui ne nous rendra rien moins qu'heureux. Il n'eft perfonne qui ne se faffe une image plus ou moins agréable du fort qui l'attend, s'il peut une fois atteindre à l'objet de fes defirs. Mais il n'en eft point dont les elpérances ne foient trompées: la méprise est générale, on ne connoît point d'engagement fans quelque regret, & les plus contens ne le paroîtroient pas toujours, s'ils ne fçavoient diffimuler leurs plaintes. C'eft un trait de la fageffe de Dieu de nous avoir ainfi caché l'avenir tout languiroit, tout périroit dans la fociété, fi chacun pouvoit y prévoir fes peines: mais c'eft auffi un trait bien marqué de fa bonté, de ne permettre pas que nous y Tome I.

M

goûtions des plaifirs tout purs: il nous a faits pour une vie meilleure, il veut que nous la defirions fans la trouver dans le temps, afin d'élever nos defirs vers les objets éternels qui doivent nous la procurer. Heureux ceux qui favent entrer dans fes vûes, qui reviennent de leurs illufions aux premiers déplaisirs, d'un état où ils s'étoient figurés mille charmes; plus heureux ceux dont le cœur fait s'attendre à la mifere & fe convaincre avant l'expérience même, que tout en eft plein dans les fituations les plus riantes au dehors! On s'épargne bien des chagrins quand on fonge que la plupart ne fe tourmentent fouvent dans le monde, que pour arriver à de plus grands tourmens. On fent moins fes maux, quand on s'accoûtume à les regarder comme des fuites inévitables de la fragilité des reffources humaines, On gagne bien du temps pour travailler à mériter les vrais biens, quand on ne s'amufe point à pourfuivre ceux qui n'offrent qu'une félicité trompeufe.

[ocr errors]

PRIERE. :

Vérité éternelle! fource unique & intariflable du folide bonheur, venez ici à mon fecours; faites que mon miférable cœur ne foit plus le jouet d'une imagination qui le trompe, d'une imagination elle-même trompée, qui lui peint toujours en beau tout ce qui peut faire ici bas l'objet de ses espérances. Que je devienne plus fage pour m'épar

gner de plus grandes peines; que je n'aime fur-tout dans les différentes fituations de la vie, que l'ordre de votre providence, que je n'y cherche que la reffource des néceffités de la nature; que je me prépare à fouffrir dans les plus heureuses, & que le premier fruit de mes ennuis fur la terre, foit de foupirer uniquement pour les joies inaltérables que vous préparez à vos ferviteurs fidéles; mais que pour m'animer à les mériter, je me les repréfente fans ceffe, & que je ne craigne point de m'en former des idées trop touchantes; qu'enfin mon plus grand plaifir ici bas, Seigneur, foit d'être affûré que je n'en puis rien concevoir qui ne foit au-deffous de ce qu'elles font dès-là même que je l'aurai conçû.

DE L'EVANGILE.

Hérode fut troublé, & toute la Ville de Jérufalem avec lui. S. Matth. chap. 2.

A

Pprofondiffons un peu ces paroles, & nous connoîtrons bien-tôt, pour entrer dans l'efprit de cette folemnité, fi nous appartenons à celui que les Mages viennent adorer, ou à quelqu'autre. On conçoit aisément le trouble d'Hérode; il craint qu'un fceptre ufurpé n'échape de fes mains pour pafler dans celles d'un Roi légitime. Si Jérufalem, au contraire, attendoit ce nouveau Roi, comme il paroît par le récit de l'Evangile, pourquoi fe trouble-t-elle avec Hérode au bruit de fa

« 이전계속 »