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comprenne moins que le langage de la vraie piété, fur l'obligation de facrifier toutes les confidérations humaines aux intérêts de Dieu; & en cela, qui eft-ce qui ne participe pas jufqu'à un certain dégré à l'efprit de ce monde aveugle & réprouvé? Brûler du zéle de la gloire du Seigneur, ne defirer que fa volonté toute fainte, ne rien vouloir qui puiffe lui déplaire, être prêt à tout quitter pour le suivre par tout où fa voix nous appelle, ne point écouter la chair & le fang fur fa vocation, fur les moyens de fe fanctifier & la maniere de remplir fes devoirs, ne point décider de la destinée des autres fans le confulter, ne point s'oppofer aux faintes inclinations qu'il leur donne, ne point prévenir fon choix tandis qu'il eft encore caché, ne point y réfifter quand il le manifefte, ne point chercher en un mot à éluder l'exacte vérité dans tous les autres cas qui fe préfentent: ce font des maximes que la foi connoît, mais où la nature & le monde n'entendent rien.

Chacun, fans confulter Dieu, veut fuivre jufqu'à un certain point fon propre penchant, fe choifir fa voie & fa maniere d'agir, difpofer de fon fort & de celui de ceux qui lui font foumis. Le monde, l'efprit humain a fes loix, & ces loix ne font que trop fouvent fuivies de ceux mêmes qui fe flattent d'être à Dieu. C'est rarement lui qu'on confulte & qu'on fe pro pofe avant tout autre objet, On eft premiere

ment à foi, à fes propres idées, à celles du monde, & les vûes de la Religion ne viennent qu'après. On voudroit bien qu'elles puffent fe concilier avec celles de l'amour propre, & avec les ufages du fiécle. On voudroit bien en général trouver des moyens de fe fanctifier dans certaines routes qu'on s'eft propofé de fuivre. On ne cherche pas à fe perdre, dit-on; mais fur le plus ou le moins de facilités pour le falut, qui doit toujours déterminer à préférer une route à une autre quand on le peut : c'eft un langage, c'eft une conduite qu'on n'entend point, ou plûtôt qu'on ne veut pas entendre. Stupidité pleine d'injuftice qui renverfe l'ordre, qui ne donne à Dieu que le fecond rang dans nos attentions & dans nos recherches qui détruit fon régne & qui renverse, pour notre malheur, les deffeins de fa Providence fur nous! comprenons-le donc enfin une bonne fois : notre néceffaire, ce qu'il faut pour nous abfolument & fans réserve, c'eft que comme Jefus Chrift notre modéle nous foyions tout entiers où le service de Dieu nous demande ; c'eft que fes intérêts marchent avant tous les autres, & qu'ils en deviennent la régle. Tout intérêt qui n'eft pas compatible avec le fien, ne mérite pas

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ce nom.

PRIERE.

Ue de méprifes dans le monde! Que d'aveugles parmi les hommes ! Une feu

le chofe nous intéreffe dans le fiécle préfent,

c'est d'y vivre exactement & perfévéramment felon vos loix, ô mon Dieu; c'eft d'y tour rapporter au foin de vous plaire afin de mériter de vous pofléder dans le fiécle à venir. Mais qui eft affez fage pour le comprendre? Ouvrez mes yeux, Seigneur, à cette lumiere, afin que toutes mes vûes particulieres me rappellent à vous, que je ne conçoive rien de plus important pour moi, que de vous recher¬ cher en tout, & de réunir dans ce foin unique toutes mes attentions...

POUR LE VENDRE DI.
DE L'EPITRE.

Que la charité foit chez vous fans déguisement.
S. Paul aux Rom. chap. 12.

L n'eft de véritable vertu que celle qui Ioint les véritas atx devoirs, & c'eft là ce qui fait la grande différence entre l'efprit du chriftianifme & l'efprit du fiécle, entre les affections humaines & la charité ; le monde en a confervé prefque tous les dehors; rien fouvent de plus empreffé que les offres dont on s'y prévient & les fervices qu'on s'y rend. Mais tout cela n'eft communément qu'apparence, que fauffeté, que déguifement: ce font des perfonnages de Théâtre qui repréfentent ce qu'ils ne fentent point. Ils parlent, ils agiffent, ils font tout ce qu'on fait quand on aime fin

térement: mais au fond, ils n'aiment point) ou n'aiment qu'eux-mêmes. C'eft leur propre utilité, c'eft le plaifir qui les attache à ceux qu'ils paroiffent fervir gratuitement ; les circonftances changent, les befoins font remplis, & là finit la repréfentation; les faux amis quittent le mafque, & l'intérêt déguifé fe découvre: on ceffe d'aimer ce qui ceffe d'être utile, ou plutôt on fait voir qu'on n'a jamais aimé férieufement.

Il s'en faut bien que la charité chrétienne ait de pareils déguifemens à fe reprocher: tout y eft fincére, & les démonftrations extérieures ne font jamais que l'expreffion naïve & fidéle des difpofitions du cœur ; c'eft la réforme que la Religion doit opérer dans les mours. Eft-il rien en effet de plus oppofé à l'efprit de cette Religion fainte? Eft-il rien même de plus indigne de l'humanité, que ce menfonge continuel d'actions, par lequel on s'en impofe mutuellement? Avec quelque refte de bonté naturelle, on n'auroit pas le courage de fe jouer ainfi de la crédulité de ceux qu'on ne fert réellement que pour les faire fervir à fes propres ufages; on rougiroit de la fincérité de leur retour, & on fe feroit un crime d'ufurper par une amitié feinte, une reconnoiffance qu'elle ne mérite pas. Mais on fe féduit quelquefois fur fes vrais motifs; le cœur altant de replis où l'intérêt fe cache, qu'il eft aifé de le méconnoître; & ce font

fur tout, ces déguisemens fecrets, que nous devons craindre dans l'exercice de la charité. Quel malheur d'en faire toutes les avances & de n'en point retirer de profit!

PRIERE,

H, qu'aurez-vous en effet à récompens fer en moi, Seigneur? De quel prix feront devant vous ces œuvres mêmes où je crois que la feule charité m'engage, fi vous en retranchez toutes les vûes intéreffées qui me font agir en fecret, toutes ces recherches de moi-même où mon amour propre fe fatisfait? Que fai-je combien mon penchant ou mes antipathies mettent de différence entre les fervices que je rens au prochain? Quelles préférences je donne au rang, à la naiffance, aux qualités perfonnelles ? En combien d'oc cafions je fuis animé par la vanité, par le motif de l'eftime & par l'efpérance du retour? Ah! mon Dieu, lumiere des efprits, apprenez-moi à démêler tous ces mouvemens étran→ gers, de ceux d'une charité pure;& afin que je ne perde pas le fruit des oeuvres qu'elle me prefcrit, donnez-moi de n'être conduit en les failant que par la feule vâe du devoir.

DE L'EVANGILE.

Il revint avec eux à Nazareth, & il leur étoit foumis. S. Luc. chap. 2.

"

A foumiffion de Jefus-Chrift à fes parens fera à jamais un modéle pour tous

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