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L'Apôtre a donc raifon de réveiller ces deux fentimens dans le cœur des Chrétiens. Toute la Religion ne tend qu'à rétablir en nous ce qui s'y étoit déréglé par la dépravation de la nature, qu'à rapeller nos mœurs à leurs premiers principes, & qu'à ranimer nos actions par leurs véritables motifs. Apprenons donc à nous aimer comme des freres, à concevoir les uns pour les autres une affection refpectueufe: rendons à la politeffe du monde toute la fincérité des fentimens qui doit en être le principe & le mérite: ne faifons point un commerce d'impofture, des témoignages d'une eftime & d'une amitié réciproque ; & pour nous révérer fincérement, accoûtumons-nous à nous confidérer dans un autre ordre que celui de la nature. Songeons que du côté de la grace & de la vertu qui fait la vraie fupériorité des hommes, il n'eft rien peut-être qui ne foit au-deffus de nous.

CE

PRIERE.

E font-là, mon Dieu, des fecrets de votre fageffe & les effets de votre bonté pour nous dans les devoirs que vous nous faites: vous mettez dans nos penchans mêmes les principes de ces devoirs, afin qu'il nous en coûte moins. Réformez donc en moi, Seigneur, ces heureux penchans par votre grace, dont le grand effet fut toujours la charité; c'est tout ce qu'il me faut pour être fidéle à votre loi. Que ne ferois-je point prêt à faire

pour ceux avec qui vous m'avez uni par les liens de la fociété, fi je fentois pour eux toute Paffection qu'on a pour des freres & tout le refpect qu'on doit à fes Supérieurs? Faites que je me les représente fans ceffe fous cette double vûe, & que je n'oublie jamais que je fuis à vos yeux le moindre de tous mes freres. L'EVANGILE.

DE

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La Mere de Jefus étoit aux nôces, & Jefus y fut invité lui-même avec fes Difciples. S. Jean. chap. 2.

A

Vec les idées que nous avons aujourd'hui de la Mere de Jelus-Chrift, nous aurions été peut-être très-furpris de la voir à des nôces dans un âge déja fort avancé; & notre étonnement eût été encore bien plus grand que Jefus-Chrift même & fes Difciples ne refufaffent pas de s'y trouver. Mais fans confidérer ici les motifs fublimes de cette démarche du Sauveur, qui étant venu pour fanctifier tous les états, veut commencer à répandre fes-bénédictions fur celui qui paroît le plus commun, ce qu'on peut conclure d'abord de cette même démarche, c'eft que nos mœurs font moins innocentes & moins pures que celles des Juifs qui y avoient engagé Jefus-Chrift avec fa fainte Mere; ou que nous avons de très-fauffes idées de la folide piété. Si on n'eût pas banni des nôces de Cana la licence & les folles joies qui régnent parmi nous dans

ces fortes d'affemblées, il n'y a point d'apparence qu'on eût penfé à y inviter des perfonnes fi férieuses & fi réglées; mais s'il n'y régnoit qu'une joie modefte & digne de la préfence du Sauveur, fa bonté pouvoit les en honorer, & fa Mere non plus que fes Disciples ne devoient pas fe l'interdire.

Dans des jours auffi dépravés que les nôtres, on a raifon d'exhorter les Chrétiens à fe bannir des compagnies du fiécle, & à renon. cer à toutes ces fêtes, parce que ce ne font proprement que des parties & des écoles de péché. C'eft un grand malheur d'être dans une efpéce de néceffré de s'y trouver, une grande imprudence de ne pas fe précaution➡ ner contre l'air empefté qu'on y refpire, une grande infidélité de ne pas s'en difpenfer quand on le peut, & une extrême folie de les rechercher fans aucun engagement. Mais au refte, la Religion bien entendue ne rompe point les liens de la fociété ; & la piété, quand elle est éclairée & folide, ne fait point fuir tout commerce avec les hommes: c'eft elle feule au contraire qui fait le rendre utile & le diriger à la fin véritable pour laquelle Dieu l'a établi. Ainfi la Mere de Jefus avoit fes pa rens & fes amis avec lefquels elle vivoit dans une fainte familiarité: elle pouvoit fe trouver, quoique rarement, dans leurs maifons, ou les recevoir dans la fienue, comme elle alloit avec eux au Temple. Jefus lui-même en ufoit

aprés l'Epiphanie. ainfi. Les Pharifiens lui reprocherent plus d'une fois qu'il converfoit avec les pécheurs & qu'il mangeoit avec eux; ils ne voyoient pas, ou plûtôt ils ne vouloient pas voir qu'il ne le faifoit que pour avoir occafion de les inftruire & de les convertir, & qu'il faut mettre une extrême différence entre le commerce des pécheurs & le commerce ou le danger du péché. C'eft la charité feule qui a tout enfemble le fecret & le droit d'en ufer ainfi, & qui peut par conféquent imiter quelquefois cette condefcendance, autrement il faudroit se retirer tout-à-fait du monde & s'en aller habiter les forêts & les déferts. Or ce n'eft point là notre caractere, difoit Tertullien : nous fommes des hommes comme les autres. L'habit, les alimens, les néceffités & tous les ufages de la vie nous font communs avec eux. Nous ne nous interdifons févérement que ce qui bleffe la juftice & la fainteté;que la diffipation & la perte du temps; que ce qui eft contraire au bon exemple & à l'efprit de notre

vocation.

Q

PRIERE.

U'il feroit beau, qu'il feroit agréable,

ô mon Dieu! de voir les hommes affujettis tous aux mêmes Loix, fuivre les mêmes ufages, n'avoir rien à craindre les uns des autres, pouvoir fe lier indifféremment avec leurs freres, concourir mutuellement à fe rendre les noeuds de la fociété plus aimables, vous fervir

dans la joie de leurs cœurs, & vous honorer comme ils le doivent par leurs délaffemens mêmes! Rendez-nous, rendez-leur à tous votre efprit, Seigneur, faites régner parmi nous l'innocence, la fimplicité, la candeur & la charité. Mais fi votre crainte nous oblige aujourd'hui à faire un fage, choix parmi les hommes, & à écarter tous les dangers du dehors, faites du moins qu'il ne s'en trouve aucun parmi ceux à qui vous nous avez afsociés, & que par les confolations d'une vie commune, nous puiffious paffer tranquillement des jours que vous nous avez comptés pour nous préparer aux joies de l'éternité.

POUR LE LUNDI.

DE L'EPITRE.

Ne foyez point lâches dans vos devoirs ; fou tenez-vous dans la ferveur de l'efprit; fervez le Seigneur avec joie. S. Paul aux Rom. chap. 12.

N doit fe défier beaucoup du mérite & de la durée de fa fidélité, lorfqu'on ne remplit pas fes devoirs avec la même follicitude qu'on fait les affaires. Une grande affaire en effet eft comme un fardeau qui pese fur toute l'ame ; c'est à cet objet que toutes les pensées ramenent. On regrette les momens que les contre-temps font perdre ; on eft in

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