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PRIERE.

U'il feroit dangereux pour moi, ô mon Dieu, de m'endormir au milieu de tant de piéges différens ! Le moins que je pourrois rifquer, ce feroit de perdre le fruit des inftructions les plus faintes ; l'expérience ne me permet pas de l'ignorer: la meilleure éducation, l'efprit le plus rempli des maximes faines, ne fe défend point de la mauvaise impreffion qui lui refte des entretiens des hommes, quand il ceffe de veiller à en démêler le vrai du faux: m'en défendrois-je mieux, moi fur-tout qui donne fans néceffité tant d'ouvertures à ces impreffions étrangeres, & qui fens malheureufement tant de facilité à les recevoir ? Que votre divine fageffe m'éloigne donc fans ceffe, Seigneur, de tous les entretiens inutiles ; que votre vérité m'éclaire fans ceffe dans ceux qui feront permis ou néceffaires ; faites-la fans ceffe briller à mes yeux de peur que je ne m'endorme, & qu'au lieu de me trouver un froment formé par votre parole, je ne fois plus qu'une yvraie femée par l'efprit du monde votre ennemi.

POUR LE MARDI.

DE L'EPITRE.

Inftruifez-vous, animez-vous par des Pfeaumes, par des Hymnes, par des Cantiques Spirituels, en chantant les louanges du Seigneur dans la joie de vos cœurs. S. Paul aux Col. chap. 3.

'Ufage des Pfeaumes ou des Cantiques

L paroit être de toutes les Religions; celle

des Payens étoit anciennement toute renfermée dans leurs hymnes prophanes ; c'étoit de là qu'ils apprenoient le culte de leurs Dieux & la régle des mœurs : l'un & l'autre y étoit afforti, & tout le monde fait come ment. Les anciens Ifraëlites, comme le Peuple choifi de Dieu, chantoient affiduement fes louanges; & Dieu préféroit cet hommage à tous les autres facrifices extérieurs. Enfin les premiers Chrétiens, à leur tour, apprirent à lui rendre ce culte de Jefus - Chrift même & de fes Apôtres: au milieu de ces repas de charité qu'ils faifoient dans leurs affemblées, on invitoit à chanter ceux qui favoient quelques Cantiques de l'Ecriture, ou qui pouvoient en compofer de leur propre fond, ou par une infpiration particuliere: tout le temps qu'ils paffoient dans les Eglifes fe partageoit entre les lectures, les inftruç,

tions & le chant ; & leurs prieres n'avoient point pour l'ordinaire d'autre forme. A mefure que les fidéles fe multiplierent,les chants facrés devinrent plus communs & plus publics: à la ville, aux champs, dans les déferts & dans les folitudes, tout en retentiffoit; toute bouche s'ouvroit avec l'ardeur d'un faint zéle: on fentoit dans le fond de l'ame ce que la langue chantoit, & les fons différens faifoient paffer les vérités de l'efprit jufqu'au

cœur.

Rien en effet n'eft plus naturel à des cœurs pleins de Dieu, que d'aimer à fe répandre : rien d'ailleurs de plus capable d'inftruire & de nourrir la piété. Les œuvres & les bienfaits du Seigneur, les merveilles de fa fageffe & de fa puiffance, la grandeur de fes miféricordes, la fidélité de fes promeffes, la juftice de fes loix, l'équité de fes jugemens, tout cela ne s'entend point avec indifférence quand on a de la religion; on eft pénétré de joie, transporté d'amour, faifi de crainte, enflammé de zéle. En louant le Seigneur, on s'accoutume à le révérer, & on s'anime à le fervir: c'eft dans cette vûe que Saint Paul adreffe aux fidéles les paroles que nous méditons aujourd'hui : c'eft à quoi fervoit en public ou dans le particulier l'ufage des divins Cantiques; & autant que les chanfons prophanes des Payens rapelloient l'idée du vice' & corrompoient les fentimens, autant le chant

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grave & touchant des Pfeaumes & des Hymnes rendoit les faintes vérités familieres, & ramenoit la pureté des mœurs parmi les Chrétiens.

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PRIERE.

Ue Paimerois, Seigneur, à voir revenir parmi nous ces Heureux jours! Que j'aimerois à vous entendre louer par tous les Ages & les fexes, par toutes les profeffions! Je veux du moins vous bénir moi-même le refte de mes jours: je vous demande d'exciter mon ame à s'enflammer de plus en plus d'un zéle fi faint, & que je puiffe faire ici bas mon plus doux exercice de vous redire fouvent du fond du cœur autant que de la bouche, que vous êtes mon Dieu, mon refuge, mon libérateur; que je vous aime, que je dois mettre tout mon bonheur à m'attacher à vous; que je ne trouve rien d'égal à vous fur la terre, & que je ne ferai content que quand je pourrai vous louer éternellement dans l'af femblée de vos Saints.

DE L'EVANGILE.

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~Comme l'herbe vint à croître & à jetter des épis, l'yvraie commença de paroître auffi. S. Matth. chap. 13.

C

E n'eft qu'à mesure qu'on avance vers la perfection chrétienne & que ses inaximes font gravées dans le cœur, qu'on s'apperçoit qu'il y a de mauvais Chrétiens: il s'en

trouve dans toutes les fociétés. Au dedans; au dehors, le monde eft plein des fcandales qu'ils y donnent ; mais perfonne n'en reffent chrétiennement la peine que ceux qui marchent dans les voies de Dieu. Tandis qu'on fuit la voie commune, tandis qu'on reflemble à ceux avec qui l'on vit, on ne fent point le poids de leurs imperfections, on ne s'afflige point de leurs foibleffes, on ne les prend pas même pour ce qu'elles font en effet, on n'en fouffre point intérieurement; & pourvû qu'elles ne nuifent point, on fe croit en paix. Mais qu'on fe propofe d'entrer, comme l'on doit, dans des voies plus étroites; qu'on acquiere plus de véritable zéle pour la gloire de Dieu, qu'on faffe quelque progrès dans la piété ; & ce qu'on prenoit pour une paix, paroîtra bientôt une perfécution très-cruelle dans le cours de la vie.

C'est cette efpéce de perfécution que les juftes ne ceffent point de fouffrir dans le monde la vûe des relâchemens, l'abondance des vices les fait fécher de douleur, non pas par une aveugle & téméraire prévention, ou par un dépit tout humain, mais parce qu'ils ont dans le cœur une charité vraiment évangélique. Les mauvaifes œuvres font pour eux des coups fenfibles; & de là, ces gémiffemens qui étonnent les imparfaits, parce qu'ils n'en trouvent point en eux le principe; de là, ces defirs de la folitude qui fe réveillent inceffam

ment

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