ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

Q

PRIER E.

Ue votre divin Efprit, Seigneur, mette donc dans le mien ce levain de pureté qui ne peut yenir que de vous ; qu'il l'y faffe fermenter par l'efficace de fa vertu ; qu'il l'échauffe & qu'il l'éleve par fes intentions jufqu'à vous, ô bien fuprême, afin que vous foyiez uniquement l'objet & la fin de toutes mes œuvres. Que je tourne vers vous tous mes mouvemens, que je ne conçoive plus que des affections toutes céleftes, & que votre amour régne en moi, qu'il y détruife à jamais la cupidité, qu'enfin je devienne une pâte toute nouvelle & digne de vous être offerte dans le temple de votre gloire.

POUR LE VENDREDI.

[ocr errors]

DE L'ÉPI TRE.

Courez de maniere que vous remportiez le prix S. Paul, 1. Ep. aux Cor. chap. 9.

'Il y avoit un prix pour chacun de ceux

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

toit point borné, s'il n'y avoit point de peine contre ceux qui s'arrêtent au milieu de la carriere, il feroit indifférent quand & comment on y courreroit. Mais dans celle du falut, c'est la maniere de courir qui fait le mérite de la courfe on coure envain quand on ne coure pas par certains motifs. Les œuvres ne fervent

de rien fans la charité qui les anime. Le temps de courir c'eft celui de toute la vie. Tous les délais font injuftes & funeftes. Il n'y a pas un moment où nous puiffions dire que nous fommes difpenfés de marcher dans les voies de Dieu. L'heure est toujours venue de commencer ou de continuer à le fervir, & quiconque s'arrête ou différe, n'aura peut-être un jour ni la volonté ni le defir de racheter les momens perdus.

pas

D'ailleurs, penfons-y bien, & ne nous flattons pas il y a pour chacun de nous une mesure de juftice à remplir, felon celle des graces & des dons que nous avons reçûs. Dieu certainement redemandera plus à celui à qui il a plus donné. Ainfi, demeurer audeffous du dégré de perfection qu'il exige, ne faire qu'une partie de ce qu'il ordonne, c'eft s'arrêter au milieu de la course, & ne l'achever, c'est renoncer à la couronne, c'eft mériter le châtiment du Juge fouverain de tous ceux qui courent ; & dans l'ordre inflexible de fa juftice, le ferviteur pareffeux eft puni comme l'infidéle. Combien y en a-til donc peu qui courent d'une maniere à rem porter le prix ? Les uns font entraînés comme par force: c'eft la crainte des efclaves qui les fait agir, c'est l'habitude, c'est la coutume c'eft l'amour propre, c'eft la vanité, c'eft h néceffité de remplir des engagemens qu'o ne fauroit plus rompre, c'eft l'obligation d'e

Béir à des fupérieurs, c'eft le compte qu'on doit de fa conduite & de fon temps au public ou à des maîtres particuliers, c'eft la honte de ne pas fe rendre par bienféance d'état à certains devoirs communs dont il ne convient pas de fe difpenfer, & rien cependant de tout ce qui fe fait par ces vûes étrangeres, n'est digne de celui qui propofe les récompenfes. D'autres croyent abréger leur courfe, en remettant à la commencer quand ils feront las de marcher dans leurs anciennes voies. Ils ne veulent travailler pour Dieu que le plus tard & le moins qu'ils pourront ; ils ne veulent pas voir qu'ils fe trompent étrangement dans les promeffes d'un avenir plus régulier, où toute leur perfection fe bornera à quelques devoirs. indifpenfables ; ils ne tendent point à celle où Dieu les appelle, ils s'arrêtent volontaire-· ment & n'arriveront point au but.

M

PRIERE.

Ais dans quel rang me mettez-vous, & faut-il que je me mette moi-même, ô mon Dieu ! N'ai-je pas à me faire ces reproches tout-à-la-fois? Celui du délai, celui de l'interruption & de la pareffe. Jufte Juge, quelle couronne dois-je attendre de vous, fi Vous ne me donnez vous-même la fidélité que vous devez couronner. Ah! je le comprens, Seigneur, cette couronne que vous réservez à ceux qui courent bien, n'eft une couronne de juftice, que parce que c'eft une couronne

de miféricorde. Je ne puis courir, ou ma courfe fera vaine, fi votre grace puiffante ne me prévient, ne m'accompagne, & ne perfévere avec moi jufqu'à la fin. Donnez-la moi donc, ô mon Dieu, par l'efficace du fang de celui qui me l'a méritée, donnez-la moi, & que je ne la reçoive pas en vain.

DE

L'ÉVANGILE.

Le Royaume du Ciel reffemble à un levain qu'une femme mêle dans trois mesures de farine. S. Matth. ch. 13.

V

Ous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de tout votre efprit, de toute votre force. C'eft ainfi que la loi s'exprime, & voilà ce que les trois mesures de farine peuvent figurer. C'eft l'étendue de la charité qui doit tellement occuper toute les parties de notre vie, que nous n'ayons de pensées, de defirs, de mouvemens fixes & réfléchis que pour les chofes éternelles. Que la charité régne en vous, dit l'Apôtre *. Le levain n'agit pas fur une feule partie de la maffe, il fe répand dans les trois mefures de farine, en forte qu'elles ne forment enfemble qu'un tout, que fon action feule réunit pour en faire une même pâte.

Voilà précisément l'image de l'activité que l'amour du bien fuprême doit avoir en nous, il faut qu'il nous occupe tout entiers. Ces for

* Omnia veftra in charitate fiant,

tes d'idées naturelles & devenues fi familieres aux peuples de l'Orient à qui Jesus-Christ parloit, ne doivent pas être étrangeres à des Chrétiens, & rien ne nous empêche de nous les rendre propres. Ce qu'il y a de plus important pour nous, c'eft de nous affurer fi l'amour du vrai bien régne bien réellement en nous, & l'application de la fimilitude peut nous aider à le concevoir: c'eft une impreffion forte qui nous tourne vers les objets du falut; une ferveur d'efprit qui nous y fait penser férieufement & vivement; c'eft une difpofition agiffante qui nous donne pour l'éternité des vûes continuelles, un empreffement de nous porter à toutes les œuvres qui peuvent nous conduire à cette fin bienheureufe, qui nous y fait rapporter les occupations les plus communes & les plus indifférentes. Qu'on fe figu te feulement ce que c'eft dans l'homme qu'une paffion dominante. Ce mauvais levain pénétre, remue, échauffe: on vit, on penfe, on agit pour ce qu'on aime, & il devient alors comme naturel d'agir de la forte. Il n'y a encore une fois, qu'à faire de tous ces traits une jufte application fur nous, pour bien juger de

nous-mêmes.

PRIERE.

Élas! que j'ai donc lieu de craindre, ô mon Dieu, de n'avoir point en moi le levain de votre amour! Qu'est-ce en effet que je fais pour vous, & avec combien de

« ÀÌÀü°è¼Ó »