페이지 이미지
PDF
ePub

nuelle à nous rappeller aux vûes de l'Eter

mité:

D

PRIERE.

Évoilez-la donc pour moi, Seigneur, cette Eternité bien-heureufe qui dort feule réveiller & fixer tous mes defirs. Eclairez ma foi fur la folidité des biens que vous me promettez Rendez-vous vous-même fenfible à mon cœur, & redites fouvent à mon ame que vous êtés fon falut. Préfidez à toutes mes occupations, & rappellez-moi,dans le travail même, de mille diffipations qui m'empêchent de vous voir & de vous goûter audedans de moi. Qu'une forte impreffion de votre préfence me rende fans ceffe attentif à ce que je vous dois, à ce que je me dois à moimême, & à la fin pour laquelle vous m'avez donné l'être. Mais en rappellant mon attention, Seigneur mon Dieu!excitez ma pareffe, animez ma lâcheté, foutenez ma vigilance; & ne fouffrez pas que je m'endorme jamais d'un autre fommeil que de celui qui doit me faire entrer dans votre repos éternel.

DE L'EVANGILE. Il paroîtra des prodiges dans le foleil, dans la lune & dans les étoiles. Luc. chap. 21. Ette effrayante prédiction eft infaillible

[ocr errors]

P'Esprit de Dieu pour auteur. Ne nous infor

mons point quand & comment elle s'accom plira. Nos craintes ne doivent point se mesurer fur les préfages éloignés ou prochains des vengeances du Seigneur, puifque l'éloignement ou la proximité ne les rend ni plus ni moins redoutables, & qu'il fuffit que Dieu foit jufte pour être en tout temps terrible au pécheur. Que chacun cherche donc en foi les juftes fujets qu'il a de s'allarmer. Ne foyons pas tranquilles fi notre cœur a des reproches à nous faire. Eh! qui eft-ce qui peut fe flatter de vivre fans quelque reproche réel & bienfondé? Hélas! Nous aurions de quoi trembler, quand Dieu ne nous feroit pas annoncer le jour de fa fureur. Comment ofons-nous nous raffûrer fur ces menaces mêmes? Et à combien d'illufions fecrettes ne faut-il pas fe livrer pour en venir, comme l'on fait, juf qu'à s'étourdir plûtôt qu'à fe tranquillifer?

On regarde comme éloignés des malheurs dont on peut être furpris à chaque inftant: on fe promet du temps pour les prévenir, en fe. flattant toujours de n'être pas au nombre des victimes de la colere du Seigneur: on fe nourrit des efperances les plus frivoles & les plus préfomptueufes, malgré l'état habituel d'une confcience négligée, pour ne rien dire de plus: on fe repaît de mille idées confuses, & toutes plus fauffes les unes que les autres, pour éluder des vérités terribles qui fe montrent trop clairement: on s'attend enfin, pour

fe tranquillifer, à des miféricordes fingulieres qu'on n'oferoit promettre bien férieufement au reste des hommes à qui l'on reffemble; & on vient à bout, par là, de fe donner le change fur les plus juftes raifons de fe troubler d'une maniere utile. Quelle folie! Quelle ftupidité en matiere de falut! Et quel ufage faifonsnous ici de notre raifon fi elle n'est

à-fait éteinte?

pas tout

Quand il s'agit de cette vie, les alarmes les plus déraisonnables font prendre les piécautions les plus fcrupuleufes, & fouvent les plus funeftes. Un ennemi nous menace d'un petit mal, & nous en faifons de grands pour l'éviter. Mais que fait-on pour le dérober à des châtimens éternels? On ne s'en effraye que rarement, encore ces frayeurs ne vont-elles pas peut-être au-delà de l'émotion des fens, quoiqu'elles ayent leur racine dans le témoi gnage d'une loi éternelle qui nous condamne, & dans le cri intérieur d'une confcience qui n'eft pas dans l'ordre. Un accident finiftre qu'on apprend, une mort tragique & fubite dont on eft témoin, un orage qui fe forme fur nos têtes, fouvent un éclair qui brille, un coup de tonnerre qu'on entend, fait frémir: on tremble fous la main de celui qui remue, quand il veut, tout le Ciel, & qui peut ébranler la terre jufques dans fes fondemens; mais combien l'impreffion dure-t-elle? Et quel fruit nous en revient-il? L'objet difparoît à nos

yeux, le bruit ceffe, l'imagination fe remet & le cœur n'en eft pas devenu meilleur. Voilà le prodige qui nous étonneroit le plus, fi une crainte religieufe & vraiment chrétienne étoit en nous le fruit de la piété; fi nous regardions. fixement tout ce qui eft de l'autre vie comme des objets bien plus réels que ceux qui frappent les yeux du corps ; & fi notre foi, foible & languiffante, ne nous laiffoit dans une espéce de fommeil trop malheureufement femblable: à celui de la mort. Redoutons-en donc les fuites qui nous conduiroient infenfiblement plus loin que nous ne penfons, & dont il n'y a que trop d'exemples. Réveillons-nous une bonne fois, il est temps, & il n'eft pas trop tôt ; n'attendons pas de le faire au fon de cette voix terrible qui fe fera entendre jufqu'au fond des tombeaux; & que la plus vive de nos frayeurs, dans ce moment, foit en effet de n'être pas affez vivement effrayés.

PRIERE.

Quel fiécle, ô mon Dieu! m'avez-vous

A refervé ?. Je vis au milieu d'une nation

qui n'a pas votre crainte ; je ne vous crains pas moi-même, & j'infulte par mon orgueil à la vérité de vos menaces. Mon ame eft dans unevraie léthargie, & je vis fans remords dans la tentation habituelle d'une fécurité funefte qui me rend de jour en jour plus.infenfible & plus dur. Qu'eft donc devenue cette terreur falutaire de vos jugemens, qui peuploit au-

trefois les déferts, & qui donna tant de Saints aux premiers âges de notre Eglife? Réveil→ lez-la, Seigneur, réveillez-la dans mon cœur, & pénétrez-en ma chair & mes os jufqu'au fond des mouelles, puifqu'il n'en faut pas moins à ma tiédeur. Suis-je donc meilleur qu'un Hilarion, qu'un Arléne & un Jerôme au fond de la folitude? Tirez-moi, mon Dieu! de la pouffiere où, depuis trop long-temps, je dors avec les morts; que je commence à vous craindre autant que vous êtes terrible, afin que ma crainte même devienne le fujet de ma confiance, en devenant la fource de mon falut.

POUR LE LUNDI.

DE L'EPITRE.

Notre falut eft plus près de nous, que quand nous avons commencé de croire. Rom. c. 13. U'on faffe bien attention à ces paroles,

& on y trouvera certainement une des plus confolantes vérités de la Religion. Il eft vrai qu'il faut perfévérer jufqu'à la fin, pour être fauvé que cette fin décide de tout, & que notre destinée pour l'éternité, dépend des difpofitions où notre derniere heure nous aura trouvés c'eft une condition dont l'Evangile n'a difpenfé perfonne: il faut compter làdeflus. On ne difpute point avec Dieu, & on

« 이전계속 »