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laquelle cet Auteur nous donne l'Hiftoire abregée de l'établissement de la Monarchie Françoise dans les Gaules.

Procope ayant omis d'expliquer dès le commencement de fon Hiftoire de la guerre commencée par Juftinien en l'année cinq cens trente-cinq contre les Oftrogots d'Italie, en quel état l'Europe fe trouvoit alors, cet Ecrivain fe voit obligé lorsqu'il lui faut parler de la part que les Francs prirent à cette guerre, à faire une digreffion pour expofer qui étoient ces Francs, de quel pays ils étoient fortis, de quelle maniere ils s'étoient rendus maîtres des Gaules, & de quelle maniere enfin ils s'étoient établis dans le voisinage de l'Italie. Ainfi la digreffion de Procope contient un récit abbregé de tout ce que les Francs avoient fait depuis qu'ils eurent commencé à s'établir fur la rive gauche du Rhin qui étoit du territoire de l'Empire, jufqu'à l'année cinq cens trente-fix, qu'ils prirent part à la guerre que Justinien faifoit en Italie contre les Oftrogots.

On peut divifer la digreffion de Procope en deux Chapitres ou en deux Parties, & cela en compofant la premiere du récit de tout ce que firent les Francs depuis leur premier établissement dans les Gaules jufques à l'année cinq cens qu'ils s'allierent avec les Oftrogots contre les Bourguignons; & la feconde Partie, de tout ce qu'ils firent depuis cette alliance jusqu'à l'année cinq cens trente-fix qu'ils s'interefferent dans la querelle de Juftinien avec les Oftrogots.

La premiere partie de la digreffion de Procope fe fubdivife naturellement en deux fections, dont la première contient le récit de ce que les Francs avoient fait depuis leur premier établisfement dans les Gaules jusqu'à la réduction des Armoriques. La feconde fection de ce premier Chapitre contient & le récit de cette réduction, qui, comme le remarque Procope, fut la principale caufe de l'agrandiffement de Clovis, & le récit de ce qui fe paffa depuis jufqu'à l'alliance de ce Prince avec les Ostrogots en l'année cinq cens.

Quoique j'aye déja rapporté par fragmens la premiere Section du premier Chapitre de la Digreffion de Procope, je crois cependant devoir tranfcrire ici tout ce premier Chapitre en entier. Le Lecteur voyant ainfi d'un feul coup d'œil l'idée génerale que Procope donne des progrès des Francs depuis leur premier établiffement dans les Gaules, jufques - à l'exécution pleine & entiere de la capitulation que firent les troupes Romaines avec eux, il en fera mieux en état de juger fi le plan de mon Ouvrage

quadre avec l'idée que nous donne de la fondation de la Monarchie Françoise, un Hiftorien qui avoit de la capacité, & qui avoit vŷ en Italie, où il étoit Secretaire de Bélifaire le Géneral de Juftinien, plufieurs Francs & plufieurs Romains contemporains de Clovis.

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» Je vais expliquer quelle étoit la premiere habitation de ces » Francs connus autrefois fous le nom de Germains, de quelle » maniere ils s'étoient rendus maîtres des Gaules, & ce qui les » avoit fait devenir ennemis des Oftrogots. « Procope commence enfuite cette expofition par donner une notion generale de la Partie Occidentale de l'Europe, & dès qu'il l'a donnée, il continue ainfi: » Le Rhin avant que Le Rhin avant que de fe jetter dans l'Ocean » forme plufieurs marécages, où habitoient autrefois les Ger>> mains connus aujourd'hui fous le nom de Francs. Cette Na» tion étoit encore peu célebre dans ces tems-là. Elle confinoit » d'un côté avec les Armoriques, qui de même que tous les au»tres Peuples des Gaules & de l'Espagne, avoient été dans les »tems précedens Sujets de l'Empire Romain. A l'Orient des Armoriques habitoient les Turingiens, Nation Barbare, à qui Octavius Cefar, le premier des Empereurs qui ait porté » le nom d'Augufte, avoit permis de s'établir dans cette Con»trée. En marchant du côté du Midi, on trouvoit à quelque » distance du Pays des Turingiens, les Provinces que tenoient » les Bourguignons. Plus avant dans les Gaules, c'eft-à-dire, plus près de la rive gauche du Rhin que ne l'eft le Pays des Turingiens, étoit la contrée tenue par les Suéves & par les Allemands, Nations libres, puiffantes & qui ne reconnoif» foient point l'Empire. Il étoit encore arrivé que les Vifigots » avoient envahi le territoire de l'Empire Romain & qu'après plufieurs hoftilités, ils s'étoient rendus les Maîtres & même Souverains de l'Efpagne, & de celles des Provinces des Gau» les qui font au Couchant du Rhône. Les Armoriques néan» moins étoient demeurés les Alliés des Romains (4) ausquels

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(a) Militabant id tempus Armorici Romani quos Franci ut vicinos fibi & Politeia antiquæ defertores, sua subjúra trahere volentes, populatione omnibufque belli injuriis vexare, per quæ nihil concuffa in Romanos fide, Armorici viros fe in eo bello præftitere. Cum vis non procederet, Franci cos fibi fæderibus & connubiis alligare aggrediuntur. Volentibus id Armoricis fuit: Chriftiani enim & hi & illi erant. Ita i

unam gentem coaliti magna incrementa virium fumpfere. A Romanis milites alii ad tutandos Galliarum fines miffi, cum non viderent viam redeundi Romam neque hoftibus Ariano dogmate contactis vellent ac cedere, fe cum fignis & cum quam tenebant regione Armoricis & Francis ita dedere ut fua fervarent, morefque prifcos retinerent, permanentque ad noftra ufque tempora, nam & hodie cognofcuntur legionum in

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"ils fourniffoient des troupes auxiliaires. Les Francs qui confi> noient avec les Armoriques, voulurent se prévaloir des trou»bles qui furviennent ordinairement dans un Etat où l'on a » introduit une nouvelle forme de gouvernement, afin de les » foumettre à leur domination. D'abord les Francs fe conten» terent de vexer les Armoriques par des courses, afin de les >> amener au but; mais voyant bien que ces incurfions ne fuffiroient point pour cela, ils leur firent la guerre dans toutes les formes. Tant qu'elle dura, les Armoriques montrerent beau"coup de courage & d'attachement aux interêts de l'Empire. » Enfin les Francs s'étant convaincus qu'ils ne pouvoient point » exécuter leur projet par la voie des armes, ils eurent recours » à celle de la négociation, & ils leur propoferent d'unir leurs » deux Nations par une alliance qui les rendît en quelque forte un feul & même Peuple. La propofition fut acceptée, parce » que les Francs qui la faifoient étoient Chrétiens, & que les Armoriques à qui on la faifoit étoient auffi Chrétiens, & la puiffance où cette Nation jumelle fe trouve parvenue aujour» d'hui, eft le fruit de l'union dont je parle. (4) Les troupes » Romaines qui étoient poftées fur la frontiere du pays que l'Empire tenoit encore dans les Gaules, fe voyant ainfi coupées & ne pouvant pas d'un autre côté fe réfoudre à fe jetter » entre les bras des Ariens à qui elles faifoient tête, elles pri» rent le parti de capituler avec les Francs & les Armoriques, >> au fervice de qui elles pafferent, & à qui elles remirent le Pays » confié à leur garde. Les Soldats de ces troupes conferverent » la maniere de faire le fervice en ufage dans la Milice Romai» ne, & même ceux qui les ont remplacés, obfervent encore

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aujourd'hui cette difcipline. Lorfqu'ils font commandés, c'eft vid. Procop. toujours felon l'ordre reglé dans l'ancienne Matricule, & ils Hoefchelii, » ne marchent que dans les cas où ceux à la place defquels ils pag. 184. » font enrollés, auroient été en tour de marcher. Quand ces

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légions fe mettent en bataille, c'est sous des enfeignes subor» données les unes aux autres, & pareilles en cela aux enfei»gnes qu'elles avoient avant leur capitulation avec les Francs » & les Armoriques. Enfin elles obfervent en tout leur ancienne difcipline. Elles font toujours armées comme vêtuës à la Romaine, & même le fimple Soldat y porte encore cette espece » de chauffure particuliere au fimple Soldat Romain, & con» nuë fous le nom de Caliga. Pour mettre mieux le Lecteur au » fait de ma narration; il faut le faire fouvenir que tant que la » Ville de Rome fe maintint dans fon ancien état, l'autorité » de fes Empereurs fut toujours reconnue dans une partie des Gaules, laquelle s'étendoit même jufques au Rhin; mais après qu'Odoacer fe fut rendu maître par force de cette Capitale de l'Occident, il ceda les droits de l'Empire fur les » Gaules aux Vifigots, qui s'étoient emparés de toutes celles » des Provinces de cette vafte Contrée qu'ils avoient pû occuper, » de maniere qu'ils avoient étendu leurs quartiers jufques aux

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Alpes, qui la féparent de la Ligurie. « Procope a raifon d'ajouter cet éclarciffement à fa narration. En effet, comme nous l'avons vû, ce fut cette ceffion faite d'abord par Julius Nepos, puis confirmée un an après par Odoacer, & contre laquelle tous les Romains des Gaules fe révolterent, qui donna lieu à la confufion où tomba leur Patrie vers l'année quatre cens foixante & feize, & les progrès des Francs, dont notre Historien rend compte, furent une fuite de cette confufion,

Si Procope ne parle que de la ceffion faite par.Odoacer, & s'il ne dit rien de celle que Julius Népos avoit faite un an auparavant, c'est parce qu'il écrit un abregé, ou peut-être pour rejetter entierement fur un Roi Barbare la faute qu'un Empereur partageoit du moins avec lui. Les détails que cet Historien rapporte concernant le fervice des troupes Romaines qui prêterent ferment de fidelité à Clovis, femble marquer qu'il y avoit parmi elles & des troupes de campagne & des troupes de frontiere. Comme il a écrit foixante ans après l'évenement dont il s'agit, & comme il avoit pû voir, lorfqu'il étoit encore en Italie, des Francs & des Romains qui en avoient été témoins oculaires, les moindres circonstances dont il rend compte, font dignes d'une grande attention, d'autant plus que c'eft lui feul qui peut nous inftruire aujourd'hui de ce point de l'Hiftoire de l'établissement du Royaume des Francs, dans laquelle il n'y en a pas de plus important. Ces évenemens arriverent, comme on le va voir, en

l'année quatre cens quatre-vingt-dix-fept, & quand Clovis avoit déja regné feize ans.

Procope ne dit point, il eft vrai, en quelle année les Armoriques & les troupes Romaines qui gardoient les frontieres des Gaules contre les Ariens, c'est-à-dire, contre les Vifigots & contre les Bourguignons, fe foumirent au Roi des Francs. Il fe contente de nous apprendre que les Francs étoient déja Chrétiens lorfque cet évenement arriva. Heureufement il nous cft resté une Chartre de Clovis qui nous inftruit de deux choses. La premiere, est que Clovis comptoit en même-tems la feizième année de fon regne, & la premiere année d'après fon Baptême. La feconde, c'eft que Clovis comptoit auffi en même-tems & la premiere année d'après fon Baptême & la premiere année d'après la foumiffion des Gaulois: Ainfi cette Chartre précieuse nous enfeigne que la foumiffion des Gaules à ce Prince, eft un évenement qui appartient à l'année quatre cens quatre-vingt-dix-fept. Entrons en preuve & commençons par rapporter les endroits de cette Chartre qui font foi fans avoir befoin d'aucun commentaire, que la premiere année du Chriftianifme de Clovis, le rencontroit avec la feizième année de fon regne.

J'ai déja parlé de l'autenticité de la Vie de S. Jean de Reomay, écrite par Jonas, & que le Pere Rouyer Jefuite nous a donnée 18. dans fon Histoire de l'Abbaye du Mouftier-Saint-Jean. Or nous lifons dans cette vie : » (a) On ne fçauroit douter de l'extrême. » confidération que les Rois des Francs contemporains de faint » Jean de Reomay avoient pour lui, quand on jette feulement >> les yeux fur leurs Chartres qui fe gardent dans le Tréfor de "fon Abbaye, & par lefquelles ces Princes accordent tant de » bienfaits au Serviteur de Dieu. « Cela difpofe à croire fans peine que parmi ces Chartres il y en ayoit une octroyée par vis, qui, comme on l'a vû, fut un des Rois Francs contempo-. rains du faint Perfonnage Jean. Auffi le Pere Rouyer en raportet-il une qu'il dit être tirée du Cartulaire de l'Abbaye du Mouftier-Saint-Jean (b), & qui eft intitulée Ordonnance de Clovis. On peut voir cette Chartre dans fon Livre imprimé en mil fix cens

(a) Quanto jam honore ac veneratione Regum Francorum ac nobilium fulciretur virorum Joannes, ambigit nemo, qui beneficia à prædictis Regibus præftita per beneficia Chartarum quæ ufque nunc in publicis archivis prædicti condita funt Monafterii, relegere cupit.

Clo

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Liv. 3. Ch.

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