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par interim l'emploi de Préfet du Prétoire d'Arles, & leur enjoint d'obéir à ce Magiftrat. On verra dans la fuite que Gemel lus, ce qui eft important ici, étoit déja en place dès cinq cens huit, quand les Francs firent le fiege d'Arles fur les Oftrogots, qui s'étoient faifis de cette Ville immédiatement après la mort d'Alaric second, mais pour la conferver au fils de ce Prince.

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"Il faut, dit Theodoric, vous foumettre fans répugnance à » la forme du gouvernement en ufage dans l'Empire Romain » dont, après en avoir été féparés long-tems, vous voilà enfin » redevenus une portion. Puifque la Providence a daigné vous » affranchir du joug que vous portiez, il convient que vous repreniez les mœurs des Citoyens Romains, & que vous vous » défaffiez des mauvaises habitudes que vous avez prises tandis que vous étiez fous les Barbares. Oubliez donc entierement » la ferocité que vous pourriez avoir contractée avec eux, à pre» fent que vous voilà Sujets d'un Prince auffi respectueux envers » les loix que nous le fommes. Pour concourir de notre côté à cet heureux changement autant qu'il nous l'eft poffible, nous » avons jugé à propos de nommer pour régir votre Province » en qualité de Vicaire de la Préfecture des Gaules, Gemellus, perfonnage confiderable,& dont la fidelité & la capacité nous » font fuffifamment connuës. Vous oberez donc fans y faire » faute, à tous les ordres que vous recevrez par fon canal,

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Nous avons plufieurs Lettres adreffés par Theodoric à notre Gemellus, qui, comme on le verra, étoit certainement Vicaire de la Préfecture des Gaules dès l'année cinq cens huit, mais qui peut l'avoir été dès l'année cinq cens. Elles contiennent des ordres, foit à l'occafion du fiege que Clovis mit devant Arles en Caffiod. var. cinq cens huit, foit à l'occafion des befoins de la Ville de Marfib. 3. Ep. 32. feille, foit à l'occafion des incidens arrivés dans les Gaules tandis qu'il y exerçoit la Préfecture du Prétoire par interim, Nous en ferons ufage dans la fuite. Ici nous nous contenterons de rapporter le contenu de la dépêche que ce Prince lui écrivit lorfqu'il lui confera un emploi fi délicat.

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(a) Suivez fi fidellement vos inftructions, c'eft Theodoric qui parle: Que votre Province reconnoiffe que vous êtes le » Lieutenant d'un Prince dont les fentimens font vraiment Ro

دو

(a) Gemello viro Senatorio Theodorieus Rex. Gemellus mittebatur in Gallias of ficio Vicarii Prafectorum funiturus. Age igicur mandata ut talem te feffa Provincia fufcipiat, qualem Romanum Principem tranf

|

mififfe cognofcat. Defiderat viros egregios
coacta cladibus fuis. Eftice ut victam fuiffe
delectet. Nihil tale fentiat quale patieba
tur cum Romam quæreret.
Ibid. Ep. decima fexta,

» mains.

"mains. Après les maux qu'elle a foufferts, elle a befoin d'une » administration également ferme & prudente. Faites donc en » forte qu'elle fe fçache bon gré d'avoir été conquife, & pour » cet effet, qu'elle n'endure plus rien de tout ce qu'elle a fouffert » dans les tems où elle étoit réduite à fouhaiter inutilement de » vivre fous la domination Romaine.

Si Theodoric n'eut commandé dans cette partie des Gaules que comme Tuteur d'Amalaric, fi, comme on l'a cru, il n'eut été le maître dans ce Pays-là, que parce que les Vifigots y auroient reçû fes troupes après la bataille de Vouglé, afin qu'elles le gardaffent contre les Francs, les Vifigots en feroient toujoursdemeurés les veritables proprietaires. Theodoric auroit-il donc pû dire dans cette conjoncture, comme nous venons de voir qu'il le dit dans deux Lettres: Que cette Province avoit changé depuis peu de domination; qu'après avoir gemi long-tems fous le joug des Barbares, elle étoit retournée fous le gouvernail de Rome, en un mot, qu'elle avoit été conquise les armes à la main? Est-il même à croire que ce Prince, s'il n'eut été qu'Administrateur du Pays dont il s'agit, y eût changé la forme du gouvernement établi par Euric, & qu'il y eut deftitué les Officiers Vifigots pour inftaller des Officiers Romains en leur place? Enfin, fi Theodoric n'eut été que l'Adminiftrateur de la Province des Gaules dont il eft ici queftion, fi fon petit-fils Amalaric, le fils & le fucceffeur d'Alaric fecond tué à Vouglé par Clovis en cinq cens fept, en fut toujours demeuré le fouverain Proprietaire, cette Province après la mort de Theodoric feroit retournée fous le gouvernement d'Amalaric, elle auroit fuivi le $26. fort de l'Espagne comme de la partie de la premiere Narbonnoife que les Gots fauverent des mains des Francs après le défaftre de Vouglé. L'administration perpetuelle de ces Pays-là qui avoit été déferée à Theodoric, ayant pris fin à fa mort, ils pafferent immédiatement après cette mort fous le pouvoir d'Amalaric. Nous verrons cependant, qu'à la mort de Theodoric, la Province que ce Prince tenoit dans les Gaules entre les Alpes, la Méditerranée, & le Rhône, ne paffa point fous la domination d'Amalaric, ainfi que l'Espagne & la premiere Narbonnoife y pafferent. Au contraire, la Province que Theodoric tenoit entre les Alpes, la Méditerrannée, & le Rhône, eut à la mort de Theodoric la même deftinée que les autres Etats où Theodoric regnoit de fon chef. Elle paffa ainfi que l'Italie fous la domination d'Athalaric fon petit-fils & l'héritier de fes Etats.

Tome II.

T

Arrivée en

Je conclus donc que la Province des Gaules que nous venons de défigner, étoit, comme le dit Gregoire de Tours, au pouvoir des Bourguignons, lorfque Theodoric & Clovis leur firent la guerre l'année cinq cens, & qu'elle fut l'acquifition que le Roi des Oftrogots fit alors fans effufion de fang, & de la maniere le raconte Procope.

que

Quelques Historiens ont cru que Clovis avoit fait deux fois la guerre aux Bourguignons, & que la narration de Gregoire de Tours & la narration de Procope, lefquelles nous venons de rapporter, ne font pas le récit de la même guerre, mais bien les récits de deux guerres differentes. Suivant ces Auteurs modernes, Clovis eut pour Allié dans la premiere de ces deux guerres, qui eft celle dont parle Gregoire de Tours, le Roi Godégifile, frere de Gondebaud; & dans la feconde qui eft celle, dont parle Procope, il eut pour Allié Theodoric Roi des Oftrogots. Les Auteurs dont je parle, placent, mais fans marquer précisément en quelle année, la guerre où Clovis eut Theodoric pour Allié, après celle où ce Prince avoit eu Godégifile pour Allié, & qui fe fit conftamment en l'année cinq cens. C'eit déja une espece de préjugé contre la verité de cette feconde guerre, qu'on ne puiffe point en trouver l'année. D'ailleurs leur fuppofition eft démentie par le témoignage de l'Evêque d'Avanches, dont on ne fçauroit contefter la validité, attendu le tems & le lieu où a vêcu celui qui le rend. (a) » L'année même, dit cet Auteur » que Gondebaud avoit été défait auprès de Dijon, c'est-à-dire, » l'année cinq cens, il remit une armée fur pied, & vint affieger » Vienne où fon frere Godégifile fe tenoit. Gondebaud après » avoir pris la Place, fit tuer fon frere, & il fit mourir dans les fupplices les plus cruels, un grand nombre de Senateurs & de Bourguignons qui s'étoient déclarés contre lui. Il recouvra » donc les Etats qu'il avoit perdus, & il fe mit encore en pof» feffion de ceux qui avoient appartenu à Godégifile. Gonde» baud regna enfuite heureufement jufques à fa mort. L'Evêque d'Avanches ne fe feroit point expliqué de cette maniere, fi Gondebaud eût effuyé après fon rétablissement arrivé l'année cinq cens, une guerre auffi défavantageufe que celle dont parle Procopc.

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(a) Patritio & Hypatio Confulibus.... Eo anno Gondobagaudus refumptis viribus Viennam cum exercitu circumdedit., captaque civitate fratrem fuum interfecit, plurefque Seniores ac Burgundiones qui cum ipfo fenferant multis exquifitifque tormen

tis morte damnavit, regnumque quod perdiderat cum eo quod Godegefelus habuerat receptum ufque in diem mortis fuæ feliciter gubernavit.

Marius Aventicenfis Chron. ad annum 500..

Il eft vrai qu'il paroît étrange dès que Procope & Gregoire de Tours ont voulu parler tous deux de la guerre faite en cinq cens aux Bourguignons, que d'un côté Procope n'ait rien dit des liaifons des Francs avec Godégifile, & que d'un autre côté Gregoire de Tours n'ait pas fait mention de l'alliance des Francs. avec Theodoric. Mais fans redire ici les raifons que ces Hiftoriens auront eues d'en ufer comme ils ont fait, & que nous avons touchées ci-deffus, ne leur fait-on point commettre une omiffion bien plus blâmable, quand on veut fuppofer qu'ils ont entendu parler de deux guerres differentes? Procope feroit-il excufable de n'avoir rien dit de la premiere guerre des Francs contre les Bourguignons ? & Gregoire de Tours le feroit-il de n'avoir rien dit de la feconde ?

Enfin je répondrai, que le filence de Gregoire de Tours fur le Traité de Ligue offenfive conclu entre Clovis & Theodoric contre Gondebaud vers l'année cinq cens, ne doit pas plus faire douter de la verité de cette alliance, que ce filence de cet Hifto rien fur un pareil Traité conclu entre Clovis & Gondebaud l'annéc cinq cens fix contre les Vifigots, doit faire douter de la ve- Voyez ci-de rité de ce fecond Traité. Or l'on verra quand il fera queftion de fous. la guerre de Clovis contre Alaric, qu'il y eut certainement dans ce tems-là un Traité de Ligue offenfive, conclu entre Clovis & Gondebaud contre les Vifigots, quoique Gregoire de Tours ne dise rien de cette alliance.

par

Nous obferverons encore qu'en conferant la narration de Procope avec celle de Gregoire de Tours, on ne laiffe pas, nonobftant leurs omiffions, de voir que l'un & l'autre ils ont voulu ler de la même guerre. Procope & Gregoire de Tours s'accordent à dire que dès le commencement de la dont ils parguerre lent, il fe donna une bataille décifive, dans laquelle les Francs défirent à platte-couture les Bourguignons. Si Gregoire de Tours raconte que Gondebaud après la perte de la bataille de Dijon, ne put faire mieux que de fe jetter dans Avignon, qui étoit à l'autre bout de fon Royaume, & que Clovis ayant mis le fiege devant cete place, il fut obligé à le lever; Procope rapporte auffi que les Bourguignons fe fauverent dans les places qui étoient à l'extrêmité de leur pays, après qu'ils eurent perdu la bataille, & que ces places furent leur falut.

Enfin nous fçavons par les Actes d'une Conference tenue à Lyon fur les matieres de Religion en quatre cens quatre-vingtdix-neuf, & dont nous allons parler, que Clovis qui pour lors

se difpofoit actuellement à faire fa premiere guerre contre les Se cum ini- Bourguignons, s'étoit joint publiquement à un Allié qui étoit micis meis fo- déja en guerre avec eux. Gondebaud le dit pofitivement en par

eiavit.

Ann. Ecclef. Fran. Tom. I.

P. 331.

En. 497.

lant aux Evêques qui étoient de la Conference: Certainement
l'Allié qu'il reprochoit à Clovis, n'étoit point Godégifile. Il pou-
voit bien veritablement être dès-lors ligué avec Clovis, mais
leur union étoit fi fecrette que Gondebaud qui parle lui-même
dans les Actes de notre Conference-de cet Allié, déclaré qu'a-
voit Clovis, ne fçut les liaisons de fon frere avec le Roi des
Francs, qu'après le commencement de la bataille de Dijon.
D'ailleurs, quand on fait réflexion à la fituation où les Gaules
étoient en l'année cinq cens, on voit bien que cet Allié de Clo-
vis déclaré dès l'année quatre cens quatre-vingt-dix-neuf, ne
pouvoit être autre que Theodoric qui depuis quelques années
étoit déja en guerre contre Gondebaud. En effet, Alaric Roi
des Vifigots entroit fi peu dans cette querelle, que Gondebaud
mit comme en dépôt entre les mains de ce Prince, les Francs
que les Bourguignons firent prifonniers de guerre à la prife de
Vienne. Dès qu'il paroît que Theodoric a été l'Allié de Clo-
vis dans la guerre que celui-ci fit aux Bourguignons l'année
cinq cens,
,il eft inutile d'imaginer une feconde guerre des Francs
contre ces Barbares, pour appliquer à cette guerre, l'endroit de
Procope que nous expliquons.

Le Pere le Cointre embarraffé par les difficultés que nous avons tâché d'éclaircir, a cru que Procope avoit voulu parler dans cet endroit-là, de la guerre que les fils de Clovis firent aux Bourguignons en cinq cens vingt-trois & quand Theodoric vivoit encore. Mais les circonftances de la guerre que les Francs firent aux Bourguinons en cinq cens vingt-trois, & que nous rapporterons quand il en fera tems, ne quadrent point avec celles qu'on lit dans le paffage de Procope dont il eft ici queftion. D'ailleurs, il eft fenfible par le tiffu de la narration de cet Hiftorien, que dans le paffage qui vient d'être rapporté, il veut parler d'un évenement antérieur à la guerre que Clovis fit contre les Vifigots en cinq cens fept, & non pas d'un évement qui n'eft arrivé qu'en cinq cens vingt-trois; & feize ans après la guerre de cinq cens fept.

En effet, Procope dans la digreffion qu'il fait pour inftruire fon Lecteur de la maniere dont la Monarchie des Francs avoit été établie dans les Gaules, dit immédiatement après avoir parlé de leur afsociation avec les Armoriques, & du ferment prêté

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