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par les Troupes Romaines, que les Vifigots & les Turingiens propoferent à Theodoric de fe liguer avec lui pour faire la guerre à Clovis. L'Hiftorien ajoute que Theodoric n'écouta point cette propofition, & qu'il aima mieux faire une alliance offenfive avec les Francs contre les Bourguignons. Il raconte enfuite l'hiftoire de la guerre que les Francs & les Oftrogots firent en confequence de cette alliance contre les Bourguignons, & comment il arriva que les Francs combattirent feuls contre l'ennemi commun. (a) Enfin Procope après avoir parlé de la somme d'argent que Theodoric donna aux Francs, conformément aux ftipulations du Traité qu'il avoit fait avec eux, & après avoir écrit: Voilà comment les Francs & les Gots occuperent une partie des Gaules, ajoute immédiatement ce qu'on va lire. » Dans la » fuite les Francs dont les forces avoient été confiderablement » accrues, ne tinrent plus grand compte de Theodoric, & en>> hardis contre la crainte de fes armes qui les retenoit auparails oferent bien attaquer Alaric Roi des Vifigots. Dès qu'Alaric fe vit attaqué, il pria Theodoric de venir à fon fe» cours. « Ce qui fuit ces paroles dans Procope, est le récit de la bataille deVouglé, & des autres évenemens de la guerre que Clovis déclara aux Vifigots en cinq cens fept. Cette date eft certaine, comme nous le verrons dans la fuite. Ainfi l'ordre où Procope range les faits qu'il narre, prouveroit feul, s'il en étoit befoin, que la guerre que les Francs & les Oftrogots ont faite conjointement aux Bourguignons, est un évenement antérieur de quelques années à l'an cinq cens fept.

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(a) Qua in re cognita Theodorici prudentia eft qui fine ulla fuorum jactura modico auro perfoluto hoftium loca fibi paraverit. Hac via Gothi Germanique funt Galliis in partem potiti. Germani deinde ad priftinas vires acceffione facta, Theodorici nul

la habita ratione & priore illa qua teneban tur abjecta formidine, adverfus Alaricum & Vifigothos ductarunt exercitum. Quod ubi Alaricus comperit Theodoricum ad fe celerius evocat, &c.

Procop. de Bell. Goth. lib. 1.

CHAPITRE XII.

De la part qu'eurent les interêts de la Religion aux difgraces & aux profpérités de Gondebaud, durant le cours de la· guerre qu'il foutint contre Clovis & Theodoric.

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N vient de lire dans les Chapitres précedens deux révolutions des plus furprenantes dont l'Hiftoire faffe mention, l'une & l'autre arrivées en moins d'un an. On y voit d'abord un Roi établi fur le trône il y avoit vingt-cinq ans, & dont les Etats s'étendoient depuis les confins du Diocèfe de Troyes jufqu'à la Méditerranée, réduit après avoir perdu une bataille fur l'Ousche, à s'aller jetter dans Avignon. Non - feulement il fe trouve hors d'état de mettre une nouvelle armée sur pied, mais ce Prince que l'Hiftoire ne reprefente point comme un homme timide, n'ofe entreprendre la défense des Villes qui font fur la Saone ; il n'ofe même s'enfermer dans l'ancien Lyon, que fon affiette fur une montagne prefqu'entourée par la Saone, rendoit fi propre pour arrêter une invafion. Enfin Gondebaud n'a point la hardieffe de défendre Vienne qui étoit fa Capitale, ni aucune des Villes qui font au-deffus d'Avignon, où il fe jette, peut être par l'impoffibilité d'aller plus loin, Tout d'un coup la fortune change de face. Celui qui n'avoit ofé défendre Lyon & tant d'autres Villes, défend Avignon avec tant de fuccès, que Clovis eft intimidé à fon tour. Il défefpere de prendre jamais la place, & levant le fiége après un accord dont il ne reçoit d'autre garant que la parole de fon ennemi, il fe retire dans fon propre pays. A peine a-t-il évacué les Etats de Gondebaud, qui fans doute avoit promis de laiffer en paix Godégifile l'Allié de Clovis, que Gondebaud abandonné de tout le monde quelques mois auparavant fe remet en campagne. Tout le monde le rejoint, & bientôt il fe trouve à la tête d'une nombreuse armée. Il affiége fans aucun ménagement pour les Francs, Vienne, où Godégifile que tout le monde abandonnoit à fon tour, avoit été réduit à s'enfermer, La place eft prife, Godégifile eft tué dans l'azile où il s'étoit fauvé, Gondebaud eft rétabli dans tous fes Etats, & même il fe rend maître du Partage de ce frere. Clovis, on fçait fi ce Prince étoit endurant ou timide, ne reprend point

les armes pour tirer raison du manquement de parole de Gondebaud. Il fouffre tranquillement cette injure, & autant qu'on en peut juger par fon caractere qui nous eft affez connu, uniquement par l'impoffibilité d'en tirer raison. Quel tort ne devoit pas faire à fa réputation l'impunité de Gondebaud ? Il y a plus: Il femble que ces deux Princes foient devenus amis bientôt après. Ce qui eft de certain, c'est que comme nous le verrons, ils étoient ligués enfemble contre les Vifigots en l'année cinq cens fept, c'eft-à-dire fix ans après les évenemens dont il s'agit ici. Deux pareilles révolutions ne fçauroient être arrivées en Bourgogne dans le cours d'une année, comme Marius Aventicenfis dit pofitivement qu'elles arriverent, fans qu'il fût arrivé de grandes révolutions dans les efprits des Sujets de Gondebaud. Il faut que la premiere de ces révolutions ait été l'effet de l'envie qu'avoient alors les Romains de fon Royaume de changer de Maître, & que la feconde révolution ait été l'effet du changement fubit de ces mêmes Romains dont Gondebaud ayoit rcgagné pour lors l'inclination, en donnant des affurances pofitives de faire inceffamment tout ce qu'ils pouvoient fouhaiter de lui, & de remédier incontinent à tous les défordres qui lui avoient attiré leur averfion.

Quoique nous n'ayons l'Hiftoire du cinquième fiecle que trèsimparfaitement, elle ne laiffe pas néanmoins de fournir plufieurs faits très-propres à bien appuyer les conjectures que nous faifons pour expliquer les caufes des malheurs furprenans & des fuccès inefperés de Gondebaud durant le cours de l'année cinq cens.

Deux chofes donnoient envie aux Romains, Sujets du Roi Gondebaud, de changer de maître. La premiere, étoit la reli gion de ce Prince qui faifoit profeffion publique de l'Arianifme, La feconde, le mauvais traitement que les Bourguignons fai, foient aux Romains dont ils étoient les Hôtes. Or nous allons raporter deux faits qui font ajouter foi à ces deux motifs. Le premier fera voir que quelques mois avant la bataille de Dijon, ce Prince avoit ôté à fes fujets Catholiques l'efperance de fa converfion, qui jufques-là, pour ufer de la phrafe vulgaire, leur avoit fait prendre patience, & les avoit retenus fous l'obéiffance d'un Prince hérétique. Nous ferons voir auffi que lorfque Gondebaud fut rétabli, il donnoit, corrigé qu'il avoit été par les dif graces, toute l'efperance d'une converfion très-prochaine. Le fecond fait que nous rapporterons, c'eft que Gondebaud dès qu'il fût rentré en poffeffion de fes Etats, publia un nouveau

Code qui mettoit les Romains fes Sujets à couvert de la vexation des Bourguignons. N'eft-il pas très-probable qu'il avoit promis ce nouveau Code aux Romains, afin de les faire rentrer dans fes interêts. Expofons ces faits-là plus au long.

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Vers le mois de Septembre de l'année quatre cens quatrevingt-dix-neuf, c'eft-à-dire, fept ou huit mois avant la bataille de Dijon, il se tint à Lyon en prefence du Roi Gondebaud, une Conference entre les Catholiques & les Ariens. Nous en avons encore les actes, que Dom Luc d'Achéri a publiés dans fon Spicilége, & que Dom Thierry Ruinart a inferés comme une pièce également autentique & curieufe, dans fon Edition des Oeuvres de Gregoire de Tours. Voici le commencement de ces actes dans le livre de l'Editeur. (4) » Il eft arrivé par un effet de la Providence, qu'à la follicitation de Remy Evêque de Reims, Apô» tre des Francs, & fous le bon plaifir du Roi Gondebaud, plu» fieurs Evêques fe font affemblés pour avifer aux moyens de » faire ceffer la divifion de l'Eglife univerfelle, en y ramenant » les Ariens. Afin qu'il parût, continuent nos actes, que ces »Prélats fe feroient trouvés enfemble comme par hazard, Stephanus écrivit à plufieurs d'entr'eux, pour les inviter de ve»nir à la Fête de Saint Jufte, qui attire toujours un grand mon» de. Cette circonftance nous apprend le lieu & nous donne la date du mois où fe tint la Conférence en queftion, parce que dire la Fête d'un Saint abfolument, c'eft dire la Fête qui fe fait le jour de fon paffage à la vie éternelle. Or Saint Jufte, Evêque de Lyon dans le quatrième fiecle, étoit mort au mois de Septembre, en vifitant les Saints Lieux, & fon corps avoit été dans la fuite rapporté & inhumé dans cette Ville, ainfi que nous avons eu occafion de le dire, en parlant de la famille dont étoit Egidius. On verra encore par un incident rapporté ci-après, que la Conférence fe tint dans la Ville même où Saint Jufte étoit enterré, & fur laquelle regnoit Gondebaud au commencement du fixiéme fiecle. D'autres circonstances rapportées dans les actes dont il s'agit, montreront que cette Conférence fut tenue, comme je l'ai dit, en l'année quatre cens quatre-vingt-dix-neuf. (6) » Sur l'invitation de Stephanus, Evêque de Vienne, le

(a) Providente Domino Ecclefiæ fuæ & infpirante pro falute totius gentis cor Domini Remigii qui ubique altaria deftruebat idolorum, factum eft ut Epifcopi plures non contradicente Rege congregarentur, fi fieri poffet ut Ariani qui religionem Catho

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licam fcindebant, ad unitatem poffent reverti.

Collatio Epifc. coram Rege Gondobado in in oper. Greg. Tur. pag. 1322.

(b) Venerunt itaque de Vienna Avitus, de Arelate Aeonius, de Valentia.. . . . . . .

même

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pour

» même dont on a vû ci-deffus une Lettre écrite à Clovis » le féliciter sur son Baptême, Æonius Evêque d'Arles, l'Evê» que de Valence, celui de Marfeille, & plufieurs autres Prélats Catholiques fe rendirent à Lyon, d'où Stephanus les mena fa» luer le Roi-Gondebaud qui étoit à Sabiniacum avec la Cour. » Ecdicius Avitus, Evêque de Vienne, pour qui fes Confreres » avoient une grande déference, bien qu'il ne fût pas plus âgé » ni plus ancien qu'eux dans l'Epifcopat, dit à Gondebaud: » Vous avez ici auprès de vous vos Docteurs les plus éclairés; » fi vous voulez bien le permettre, nous allons les convaincre » devant vous par le témoignage de l'Ecriture Sainte, que les » Ariens font dans l'erreur. Voici quelle fut la réponse de Gondebaud. (4) » Si votre Communion eft la bonne, pourquoi les Evêques qui en font, ne défarment-ils pas le Roi des Francs qui m'a déclaré la guerre, & qui pour me perdre, s'eft allié » à mes ennemiş? La veritable foi peut-elle fe trouver avec » la convoitife du bien d'autrui & la foif du fang des Nations? Que Clovis juftific par fes œuvres la croyance qu'il profeffe. » Avitus répliqua doucement avec l'air & l'éloquence d'un Ange: Nous ignorons, grand Prince, à quel deffein & par quel " motif le Roi des Francs fait tout ce que vous venez de dire; mais l'Ecriture nous enfeigne que l'abandon de la Loi de Dieu » eft fouvent caufe de la fubverfion des Etats. Soumettez-vous, » vous & votre Peuple à cette Loi, & le Tout-Puiffant vous ac» cordera des jours tranquilles. Dès que vous ferez en paix avec lui, vous aurez bien-tôt la paix avec les hommes, & vos en» nemis ne prévaudront point contre vous,

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Nous obferverons deux chofes fur cet endroit des actes de la Conférence de Lyon. La premiere, c'eft que nous y trouverons

de Maffilia......, ius & plures alii omnes Catholica profeflionis & laudabilis vitæ in Domino. Qui omnes ad falutationem Regis cum Domino Stephano ad Sarbaniacum ubi tunc erat profecti funt. Erant quidem ibi de potentioribus Arianis cum co..... Post falutationem factam Dominus Avitus cui licet non effet fenior nec dignitate nec ætate, plurimum deferebant, dixit ad Regem, &c. Ibidem.

(a) Ad quæ Rex refpondit. Si veftra fides eft vera quare Epifcopi veftri non impediunt Regem Francorum qui mihi bellum indixit, & le cum inimicis meis fociavit ut me deftruerent: Nam non eft fides ubi eft appetentia alieni & fitis fanguinis populo. Tome II.

rum. Oftendat filem per opera fua. Tunc humiliter refpondit Dominus Avitus faciem habens angelicam ut & fermonem. Ignoramus, ô Rex! quo confilio & qua de caufa Rex Francorum facit quod dicitis, fed fcriptura nos docet quod propter derelictionem legis Dei fæpe fubvertuntur regna & fufcitantur inimici omni ex parte illis qui fe inimiços adverfus Deum conftituunt. Sed redite cum populo veftro ad legem Dei & ipfe dabit pacem in finibus veftris. Nam fi habetis pacem cum ipfo, habebitis & cum ceteris & non prævalebunt inimici `vestri. Cui Rex.

Ibidem.

V

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