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la date de l'année où elle fe tint, comme nous avons trouvé la Fête de Saint Jufte, la date du mois où elle fut tenuë. Gondebaud dit que le Roi des Francs s'étoit ligué avec fes ennemis, & qu'il lui avoit déclaré la guerre. Cependant comme Gondebaud, lorfqu'il dit cela, eft encore paifible auprès de Lyon, le mois de Septembre où il parle ne fçauroit être celui de l'année cinq cens. Cette année, comme nous l'avons vû, fut fi remplie d'évenemens, qu'il faut que la bataille de Dijon qui en fut le premier ait été donnée long tems avant le mois de Septembre. Ainfi le mois de Septembre dans lequel Gondebaud parle, est celui de l'année quatre cens-quatre-vingt-dix-neuf. Après avoir vû qu'il ne fçauroit avoir été le mois de Septembre de l'année cinq cens, voyons auffi qu'il ne fçauroit avoir été le mois de Septembre des années pofterieures à l'année cinq cens. Depuis cette année-là jufqu'à la mort de Clovis, il n'y a point eu de guerre entre les Francs & les Bourguignons.

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Clovis pouvoit bien avoir fait avec Theodoric fon Traité de ligue contre les Bourguignons dès le mois d'Août de l'année quatre cens quatre-vingt-dix-neuf. Il pouvoit leur avoir déclaré la guerre dès cette année-là, quoiqu'il n'ait mis une armée en campagne contr'eux que l'année fuivante. Quand il la déclara, la faifon fe fera trouvée être trop avancée, pour qu'il lui fût poffible de raffembler fes Milices avant que le tems d'entrer en campagne fût paffé, ou ce qui eft plus probable, il fe fera noué quelque négociation pour rétablir la paix, & cette négociation aura fufpendu les hoftilités, ou du moins la marche des armées Royales. Qui auront été les Médiateurs? Saint Remy & Saint Avitus. En effet, l'Evêque de Vienne; & c'est ma feconde obfervation, auroit-il dit à Gondebaud d'une maniere auffi intelligible qu'il le lui dit: Faites-vous Catholique aujourd'hui, & demain voire paix fera faite avec les Francs? s'il n'eût pas fçû tous les refforts fecrets de cette affaire, s'il n'eût pas été informé que ceux des Romains Sujets de Gondebaud qui avoit promis de favorifer les armes des Francs, ne s'étoient engagés qu'au cas que la derniere tentative qu'on alloit faire pour convertir leur Hôte, demeurât fans effet, & s'il n'eût pas été informé auffi d'un autre côté, que Saint Remy qui étoit, comme on l'a vû, le Promoteur de la Conférence de Lyon, fe faifoit fort d'engager le Roi Clovis fon Profélite, à défarmer, fi Gondebaud prenoit enfin la réfolution de fe convertir. Il fe peut faire que le Traité de ligue offenfive entre le Roi des Francs & le Roi des Ostrogots

ne fût point encore ratifié, & que Saint Remy eût promis pofitivement d'en empêcher la ratification, au cas que Gondebaud fe fît Catholique. Saint Remy auroit alors representé à Clovis que c'étoit agir contre les interêts de la Religion, que de fe liguer avec Theodoric Arien déclaré, contre un Prince qui venoit d'abjurer l'héréfie, & qu'on feroit mal fervi dans la guerre qu'on oferoit entreprendre contre lui.

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L'audience que Gondebaud donna aux Evêques Catholiques dans Sabiniacum, finit par la propofition d'une difpute de Controverse. (4) » Dès le lendemain le Roi defcendit par la Sao» ne à Lyon, & il envoya chercher Avitus & Stephanus, aufquels il dit: Les Evêques de ma Communion font prêts à en» trer en dispute avec vous, mais il eft à propos que cette dif"pute ne foit pas publique, & qu'elle fe falfe feulement en prefence de perfonnes dont vous & moi nous conviendrons. Auffi-tôt nos deux Prélats vinrent rendre compte des inten» tions du Roi à leurs Confreres, qui réfolurent de se rendre à » cette Conférence, non pas veritablement fans quelque répu» gnance, parce que le jour marqué pour la tenir fe trouvoit » être celui de la Fête de Saint Jufte. (b) Ils y allerent donc après avoir paffé la nuit en prieres aux pieds du tombeau de ce "Saint, & ils furent accompagnés de plufieurs Eccléfiaftiques, " & même de Placidius & de Lucanus, deux des principaux Of»ficiers de Gondebaud. (c) La Conférence fe termina ainfi que toutes les difputes de Controverfe ont coutume de finir. Chacun fe flatta d'avoir répondu folidement aux argumens de fon adverfaire, & la partie fut remife au lendemain. Comme les Evêques Orthodoxes alloient rentrer dans le lieu de la Conférence, (d) Aridius, Miniftre de Gondebaud vint leur dire qu'il ne leur confeilloit point de la tenir, elle fe tint cependant, & même avec quelque fruit; car fi Gondebaud ne fe laiffa point perfuader, il y eut des Ariens que la force de la verité convainSancti Jufti fepulchrum. Proceffio fuerat antelucana.

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(a) Caftrina die factum eft, nam Rex per Sagonam rediens ad Urbem mifit ad Dominos Stephanum & Avitum. Ibidem.

(b) Erat autem vigilia folemnitatis fanAti Jufti..... Sed unanimiter decreverunt apud fancti Jufti fepulchrum pernoctare ut illo intercedente, &c.

Ibidem.

Sancti Jufti folemnitas Lugduni.... celeberrima de qua & Sidonius libro quinto Epi ftola decima feptima. Conveneramus ad

Sirmundus in notis ad Avitum, pag. 44.

(c) Inter quos erant Placidius & Lucanus qui erant de præcipuis militiæ Regis.... Sequenti vero die ad Regiam profecti, &c.

Collat. Ep. coram Gondobaldo, pag. 1324. (d) Sequenti vero die iterum ad Regiam profecti cum his qui in præcedenti aderant, cumque ingrederentur invenerunt Aredium qui eis perfuadere volebat ne regrederentur, &c. Ibid. pag. 1325.

quit, & qui fe déclarerent Catholiques. Suivant les apparences, Gondebaud qui avoit beaucoup de confiance dans la fageffe d'Aridius, ne lui avoit point caché le parti qu'il prenoit, & ce Miniftre qui étoit Romain, cût été bien-aife d'épargner aux Prélats de fa Communion une tentative infructueufe.

On peut peut bien juger que les Evêques Catholiques auront pris

auffi un parti de leur côté, & que peu foigneux après cela d'aider Gondebaud à trouver de l'argent & des Soldats, ils auront du moins laiffé agir Clovis. Ils auront feulement engagé Aridius, qui reftoit auprès de Gondebaud, à profiter des bons mouvemens, que les difgraces que ce Prince alloit effuyer, exciteroient en lui, pour tâcher de l'amener à la véritable Religion. Qu'arrive-t-il dans la fuite Gondebaud abandonné de tout le monde & renfermé dans Avignon, s'y fera repenti du parti qu'il avoit pris à Lyon. Il aura pour ramener les Romains les Sujets, promis deux chofes: l'une de fe faire inftruire, l'autre de publier fa Loi Gombette, ou fon nouveau Code. Là-deffus Aridius aura été trouver Clovis, & après lui avoir expliqué les fuites de la révolution qui alloit arriver dans les efprits, il lui aura fait comprendre que l'armée des Francs étant engagée auffi avant dans le Pays ennemi qu'elle l'étoit, elle alloit fe trouver inceffamment affamée & coupée, parce que ceux qui avoient été jufques-là leurs amis fecrets, alloient devenir deurs ennemis déclarés. Clovis informé de plus d'un endroit qu'Aridius ne lui difoit que la verité, aura pris le parti que nous avons vû qu'il prit, quoiqu'il jugeât bien que Gondebaud ne lui payeroit pas long-tems le tribut annuel qu'il lui faifoit offrir. Mais la promeffe feule de ce tribut mettoit à couvert l'honneur des armes de Clovis. Dans la fuite des tems, Gregoire de Tours, foit parce qu'il ne fçavoit point le fecret de la négociation d'Aridius, foit parce qu'il n'a voulu rapporter que celles des circonftances de la retraite de Clovis, qui pouvoient faire honneur à la mémoire de ce Prince, n'aura parlé que des conditions du Traité, & il n'aura rien dit de fes motifs veritables qui furent la néceffité de le figner, à laquelle le Roi des Francs fe voyoit réduit par le changement des efprits.

Il eft vrai que je n'ai pas trouvé dans aucun Ecrivain ancien que Gondebaud eût promis dans le tems qu'il étoit enfermé dans Avignon, de publier fon nouveau Code, & de fe faire inftruire; mais je me fonde fur deux raifons pour le fuppofer. La premiere est que Gondebaud fe conduifit, auffi-tôt qu'il eût été rétabli,

comme un Prince qui auroit pris dans fa difgrace les deux engagemens dont nous venons de parler. Il fe fit inftruire & il publia la Loi Gombette. La feconde, c'eft qu'il lui eft très-utile de promettre durant fon infortune, tout ce qu'il executa fi-tôt qu'elle fut ceffée. Il est donc question feulement de bien prouver les deux faits qui viennent d'être avancés.

Gregoire de Tours immédiatement après avoir raconté le rétabliffement de Gondebaud, rapporte la publication de la Loi Gombette, & la demande que fit ce Prince d'être réconcilié fecretement à l'Eglife Catholique, comme les deux premieres choses qu'il avoit faites dés qu'il fût rentré en poffeffion de fes Etats. (4) » Gondebaud, dit notre Hiftorien, recouvra toute » la Bourgogne, & il publia une nouvelle rédaction des Loix

des Bourguignons, faite afin de garantir les Romains fes Su»jets, des vexations de ces Barbares. Ce Prince ayant auffi reconnu que les dogmes des Ariens étoient faux, il voulut les abjurer fecretement entre les mains de Saint Avitus, Evêque » de Vienne.

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Cet Evêque dont le crédit étoit fi grand dans les Gaules & même en Orient, (b) devint donc le Catéchiste de Gondebaud, & nous avons encore les Lettres (c) qu'il écrivit à ce Prince pour le convaincre de la verité, mais ce Saint Evêque (d) ne voulut point réconcilier le Roi des Bourguignons à l'Eglife à moins que ce Prince ne fît une abjuration publique de fes erreurs. Il eut beau alleguer qu'il lui convenoit de garder des ménagemens avec la Nation, Avitus traita tous les égards que

(a) Ipfe vero regionem omnem quæ nunc Burgundia dicitur, in fuo dominio reftauravit. Burgundionibus Leges mitiores inftituit ne Romanos opprimerent. Cum autem agnoviffet affertiones Hæreticorum, nihil effe à fancto Avito Epifcopo Viennenfi, ut clam chrifmaretur expetiit.

Greg. Tur. Hift. libro fecundo, capite trigefimo tertio.

(b) Magna enim erat facundiæ tunc temporis Avitus. Namque infurgente Hærefi apud Urbem Conftantinopolitanam : tam illa quam Eutyches quam illa quam Sabellus docuit, rogante Gondobado Rege ipfe contra eas fcripfit. Extant exinde nunc apud nos Epiftolæ admirabiles quæ ficut tunc hærefim opprefferunt ita nunc Ecclefiam Dei

ædificant.

Ibid. cap. 34.

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(c) Solebat Avitus, & Agobardus teftatur & hoc exemplo manifeftum eft, cum Rege Gondobaldo frequenter de fide non fo. lum coram differere, fed abfenti quoque per Epiftolas refpondere.

Sirmond. in notis ad Epift. Aviti 19. & 20. pag. 21. Not.

(d) Cui ait facerdos, fi vere credis hoc quod nos ipfe Dominus docuit, exequere. Ait autem, fi quis me confeffus fuerit coram hominibus, &c. ..... Tu vero cum fis Rex feditionem pavefcis Populi ne creatorem omnium in publico fatearis. Relinque hanc ftultitiam & quod corde te dicis credere, ore profer in plebe... .... Ifta ille ratione confufus, ufque ad exitum vitæ fuæ in hac infania perduravit, nec publice æqualitatem Trinitatis voluit confiteri.

Greg. Tur. Hift. lib. 2. cap. 34.

debaud vouloit avoir pour les hommes au préjudice de ce qu'il devoit à Dieu, de foibleffe, & de foibleffe dont un Roi devroit être incapable. » C'est à vous, lui difoit-il, à faire » la loi à vos Bourguignons & non pas à la recevoir d'eux. Ces raifons terraffoient bien Gondebaud, mais elles ne le gagnoient pas, & il mourut enfin fans avoir pû fe réfoudre à faire une abjuration de l'Arianifme telle qu'on l'exigeoit de lui, avant que de le réconcilier à l'Eglife.

»

Si les Romains Sujets du Roi des Bourguignons n'étoient rentrés dans fes interêts que par l'efperance de le voir bien-tôt Catholique; comment, dira-t'on, ne s'en féparerent-ils point de nouveau quand ils fe virent fruftrés de leur attente? Comment ne rappellerent-ils point les Francs? Je réponds que jufqu'à la mort de Gondebaud, nos Romains n'auront point délefperé de fa converfion. L'Evêque de Vienne qui fe faifoit un merite d'être l'Apôtre des Bourguignons, comme l'Evêque de Reims étoit celui des Francs, fe fera toujours flatté qu'avec l'aide du Ciel il ameneroit enfin fon Profélite à faire une profeffion publique de la veritable Religion, & il aura fait efperer la même chose aux Romains durant un grand nombre d'années. D'ailleurs & cela devoit leur faire fouffrir avec patience les délais & les incertitudes de Gondebaud; Sigifmond le fils & le fucceffeur néceffaite de ce Prince avoit fait publiquement profeffion de la Religion Catholique. Il paroît par plufieurs Lettres écrites à Sigifmond du vivant de fon pere par Avitus, que dès-lors Sigifmond s'étoit réuni publiquement à l'Eglife. Nous avons même parmi les Lettres de ce Prélat, celle qu'il écrivit au nom de Sigifmond au Pape (4) Symmaque mort plufieurs années avant Gondebaud, & dans cette Lettre Sigifmond après avoir rendu l'obédience à Sa Sainteté & l'avoir remerciée des reliques qu'elle lui avoit envoyées, lui en demande encore de nouvelles. Ainfi les Romains Sujets de Gondebaud étant contens de fon administration, Clovis qui fans eux ne pouvoit rien contre lui, aura diffimulé l'infraction du Traité d'Avignon. Il l'aura foufferte d'autant plus patiemment que ces mêmes Romains lui auront dèslors propofé peut-être, la ligue qu'il fit en cinq cens fix avec Gondebaud contre Alaric Hérétique endurci & fils d'Euric le fécuteur.

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per

(a) Epiftola ab Avito Epifcopo dictata fub plectitur, fed deftinato ad vos Diacono pornomine Domini Sigifmundi Regis ad Symma- titore viro Venerabili Juliano ad univerfachum Papam..... Nec nunc paginæ prælis Ecclefiæ Præfulem fpiritu repræfentante fentis obfequium, reperta oportunitas com-concurrimus. Aviti Epift. vigefima feptima.

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