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chant la prérogative des Aleuds. (a) » Nous avons une Vie de » faint Amant Evêque de Rodez écrite il y a plus de cinq. cens ans en langue Romance & en vers mefurés & rimés, & » l'on y trouve plufieurs particularités concernant Quintianus, un des predéceffeurs de faint Amant. L'Auteur de cette Vie » dit entr'autres chofes : Que Clovis dès qu'il eut appris la difgrace de Quintianus, monta à cheval

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pour venir attaquer les » Vifigots. L'importance du fait que ces Vers nous apprennent, ajoute M. Dominici, me fait prendre la hardieffe de les rapporter ici, bien qu'ils foient compofés dans l'ancien patois de »notre pays. En effet, ces Vers qu'on peut lire au bas de la page, font voir que Clovis commença fon expédition contre les Vifigots avant le tems où il avoit réfolu de la commencer, mais qu'il fe preffa, & qu'il la commença prématurément, parce qu'il apprit que le projet de fes amis étoit découvert, & qu'ils étoient en danger. Voici, fuivant Gregoire de Tours, ce que fit Clovis avant que de partir.

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Cet Auteur après avoir employé tout le trente-fixiéme Chapitre du fecond Livre de fon Histoire, à raconter la retraite forcée de Quintianus, & l'accueil qui lui fut fait en Auvergne, commence ainfi le Chapitre fuivant. (b) » Le Roi Clovis dit >> donc aux fiens: Je ne puis fouffrir que ces Ariens tiennent plus long-tems une fi grande partie des Gaules. Marchons » contr'eux, & réduifons à l'aide du Ciel fous notre obéiffance, » le beau Pays qu'ils occupent. Tout le monde applaudit à la propofition de ce Prince, qui mit auffi-tôt en mouvement fes (a) Vetus vita fancti Amantii Rutheno- | brevi expeditionem fufcepiffe. Ita enim harum Epifcopi ante quingentos annos verfi- bet, nec pudebit ufualem & antiquum habus rithmicis lingua Romana confcripta qua rum regionum fermonem licet Barbarum decefforum ejus quædam acta continentur, proferre, dum tam nobile fuppeditat arguafferit Clodoveum cum ejectionem Quintiani accepto nuntio exploratam habuiffet,

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mentum.

E fo mandat al Rey per meflaige coren
Que Quintia l'Evefque de Rodez veramen
Era fugit fu oltro per paura Gaudimen
D'al poblo de Rodez que van far perfeguen
Difent que fubjuguar los vol certanamen
Al noble Re de Franca, no los era placan
E por aquella caufa lo Re ven bravainen.

Dominici de Prarog. Allodiorum, cap. 7. Ed. an. 1645. pag. 54.

(b) Igitur Chlodovechus Rex ait fuis: Valde molefte fero quod hi Ariani partem teneant Galliarum. Eamus cum Dei adjutorio, & fuperatis, redigamus terram in di

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tionem noftram. Cumque placuiffet omnibus hic fermo, cominoto exercitu, Pictavo dirigit. Ibi tunc Alaricus commorabatur. Greg. Tur. Hift. lib. 2. cap. 37.

» troupes, à la tête defquelles il s'achemina vers Poitiers où fe trouvoit pour lors Alaric.

Avant que de continuer à rapporter la narration de Gregoire de Tours, il convient de dire ici une chofe qu'il a oublié d'écrire. Comme il a omis de dire que Clovis avoit pour allié Theodoric dans la guerre faite en l'année cinq cens contre les Bourguignons, il omet auffi de dire que Clovis dans la guerre qu'il fit en cinq cens fept aux Vifigots, avoit Gondebaud pour fon Allié. Mais la chofe n'en eft pas moins certaine, puifque nous la tenons d'Auteurs, dont le témoignage ne fçauroit être rejetté ni reproché.

Le premier de ces témoignages eft celui des trois Difciples de faint Céfaire Evêque d'Arles, qui ont écrit fa Vie en commun peu de tems après la mort, & qui l'ont adreffée à sa fœur l'Abbeffe Céfaria. On y lit que faint Céfaire fe trouva enfermé dans Arles, lorfque Clovis en fit le fiege, & nos Auteurs difent, en parlant de cet évenement. » (a) Après que (4) Après que le Roi Alaric eût » été tué dans la bataille qu'il perdit contre le Roi Clovis, les » Francs & les Bourguignons vinrent affiéger la Ville d'Arles. >> Theodoric avoit pris parti dans cette querelle. Il avoit envoyé quelques-uns de fes Generaux au fecours des Vifigots; & lui» même il s'étoit rendu en perfonne dans la Province Viennoife. Nous renvoyons à un autre endroit la fuite de ce paffage.

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Ifidore de Seville qui eft un autre de nos Témoins, dit pofitivement, que dès le commencement de la guerre dont il cft ici queftion, & avant que la bataille de Vougle fe donnât, les Bourguignons étoient les Alliés des Francs. Je rapporterai d'autant plus volontiers cet endroit de fon Hiftoire des Gots, qu'il aide à conftater la date de la bataille qui fe donna près de Vouglé, la premiere campagne de la guerre de Clovis contre Alaric. (b) L'an de Jefus-Chrift quatre cens quatre-vingt-quatre, & » la dixième année du regne de Zenon, parvenu à Empire en » quatre cens foixante & quatorze : Euric étant mort, fon fils

(4) Francis & Burgundionibus Urbem | Arelatenfem obfidentibus Alarico Rege à fortiffimo Clodovco Rege in conflictu perempto, Theodoricus Rex miffis ducibus fuis, in cam Provinciam ingreffus erat.

Vita Cafar. Du Chefne, tom. pr. p. 231. (b) Aera quingentefima vigefima prima anno decimo imperii Zenonis, Eurico mortuo, Alaricus filius ejus apud urbem Tholofenfem Princeps Gothorum conftituitur.

Regnavit annis viginti & tribus. Adverfus quem Hludoicus Francorum Princeps Galliæ regnum affectans, Burgundionibus fibi auxiliantibus bellum movit, fufifque Gothorum copiis poftremo Regem apud PiEtavos fuperatum interfecit. Theudericus vero Italiæ Rex cum interitum generis comperiffet confeftim ab Italia proficifcitur, &c.

Hift. Goth. Grotii, pag. 720. Ifidor. Hift. Goth. pag. 66.

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Alaric fecond fut proclamé dans Touloufe Roi des Vifigots. *Alaric mourut la vingt-troifiéme année de fon regne. Ce fut à >> lui que Clovis Roi des Francs, qui vouloit fe rendre maître » de toutes les Gaules, & qui avoit les Bourguignons pour Alliés, déclara la guerre. Alaric fut donc tué dans une bataille qu'il perdit en Poitou. Theodoric Roi d'Italie ayant appris » la malheureufe deftinée de ce Prince qui étoit fon Gendre, paffa les Alpes incontinent & vint dans les Gaules. Nous renvoyons à un autre endroit la fuite du paffage d'Ifidore.

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Dès qu'Alaric qui étoit monté fur le Trône en quatre cens quatre-vingt-quatre, a regné vingt-trois ans, il s'enfuit que ç'a été en cinq cens fept qu'il eft mort à la bataille de Vouglé. Il eft vrai que Grégoire de Tours, (4) lui donne une année de regne de moins qu'Ifidore de Seville, mais on voit bien que cette difference vient de ce que l'on a compté les années révolues, & l'autre les années courantes. Quand Gregoire de Tours dit qu'Alaric avoit regné vingt-deux ans, lorfqu'il fut tué à Vouglé, il entend dire que ce Prince avoit fini la vingt-deuxième année de fon regne. D'un autre côté, quand Ifidore écrit qu'Alaric a regné vingt-trois ans, il entend dire qu'Alaric a commencé la vingt-troifiéme année de fon regne. Du moins cette fuppofition ne fçauroit être contredite, parce que nous ne fçavons point précisément ni le jour de l'avenement d'Alaric à la Couronne, ni le jour où fe donna la bataille de Vouglé dans laquelle il fut tué.

J'ajouterai encore ici un autre paffage d'Ifidore de Séville trèspropre à confirmer que ce fut en cinq cens fept que fe donna la bataille de Vouglé. Ifidore ayant dit tout ce qu'il avoit à dire concernant Alaric fecond, il écrit: " (b) Après la mort d'A laric, dont nous venons de parler, Géfalic qu'il avoit eu » d'une Concubine, fut proclamé dans Narbonne Roi des Vifigots la dix-feptième année de l'Empire d'Anastase. Comme Anaftafe avoit été fait Empereur en quatre cens quatre-vingtonze, la dix-feptième année de fon regne a dû fe rencontrer avec l'année cinq cens fept. Enfin l'Auteur du fupplément à la Chronique de Victor Tununenfis, dit pofitivement que la bataille de Vouglé fe donna en cinq cens fept fous le troifiéme Confu

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(a) Regnavit autem Alaricus viginti duos annos.

Greg. Tur. Hift. lib. 2. cap. 37.
(b) Anno decimo feptimo Imperii Ana-

| ftafii Gefalicus fuperioris Regis filius ex concubina creatus Narbone Princeps effi

citur.

Ifid. Hift. Goth. pag. 66.

lat d'Anastase, & fous le premier de Venantius.

Nous verrons que les Bourguignons ne furent pas les feuls Alliés qu'eut Clovis, lorfqu'il marcha cette année-là contre les Vifigots, & qu'il avoit encore dans fon armée un corps de Ripuaires commandé par Clodéric fils aîné de Sigebert Roi de cette Tribu. Reprenons la narration de Gregoire de Tours, où nous l'avons quittée pour faire les digreffions qu'on vient de lire, & qui m'ont paru propres à la faire mieux entendre.

CHAPITRE XV.

Clovis entre dans le Pays tenu par les Vifigots. Bataille
de Vouglé.

Lovis informé que les Vifigots fe mettoient en mouve

Ce

ment, & qu'ils marchoient vers celles de leurs Provinces qui étoient frontieres de fon territoire, prit le parti le plus ufité dans ce tems-là, celui d'aller droit au lieu où l'armée ennemie devoit s'affembler, afin de la combattre avant qu'elle eût encore reçû toutes les troupes qui la devoient joindre. On fçavoit que c'étoit dans le Poitou qu'Alaric avoit donné le rendez-vous à fes troupes, ainfi Clovis y marcha. Comme il étoit le maître d'Orleans, on ne doit pas être en peine du lieu où il paffa la Loire. Il prit enfuite fa route par la Touraine qui étoit alors fous la domination des Vifigots, & par confequent un Pays enGreg. Tur. nemi. Clovis ne laiffa pas néanmoins de faire publier

Hift. lib. 2. cap. 37.

en y en

trant, un ban par lequel il étoit défendu fous peine de la vie, d'y prendre aucune autre chofe que de l'herbe & de l'eau. Il crut devoir cette marque de respect à la mémoire de Saint Martin Evêque de Tours, & l'Apôtre des Gaules. Il arriva cependant qu'un Soldat eut la hardieffe d'enlever quelques bottes de foin appartenantes à une pauvre femme. » Le Roi, dit-il, comme » pour s'excufer, nous a du moins permis de prendre ici de l'her» be. Qu'est-ce que du foin? une herbe coupée, fanée & mise en bottes. Sa plaifanterie ne lui réuffit point: Clovis informé du fait, condamna à mort le Soldat qui avoit enfreint le ban, & il » le fit exécuter. Quel fuccès pouvons nous attendre de notre entreprise, dit alors ce Prince, fi nous manquons au respect » dû à faint Martin « Cet exemple contint les Troupes,

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Durant la marche, Clovis qui paffoit à une petite distance de la ville de Tours, eut la curiofité de confulter le Dieu des Armées, dans l'Eglife bâtie fur le Tombeau de Saint Martin, pour apprendre, s'il étoit poffible, quel feroit l'évenement de l'expédition que les Francs avoient entreprise. Dans ce deffein, il envoya fecretement des hommes de confiance porter fes offrandes au Tombeau de l'Apôtre des Gaules, & il leur enjoignit de lui rendre à leur retour un compte exact, de tout ce qu'ils auroient vû ou entendu de plus propre à fervir de préfage, & à pronoftiquer le fuccès de la campagne. Il s'adreffa enfuite à Dieu, & il lui dit : >> Seigneur, s'il eft vrai que vous daigniez me pro» teger, & fi vous avez réfolu de vous fervir d'un bras auffi foi» ble que le mien pour renverfer le Trône élevé

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par une Na» tion hérétique, & toujours oppofée aux interêts de la Religion que vous-même vous avez enseignée, daignez manife>> ter votre volonté à mes Serviteurs, & qu'ils en puissent appercevoir quelque figne fenfible, lorfqu'ils entreront dans » l' l'Eglife de Saint Martin.

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Les perfonnes chargées de la commiffion de Clovis, s'en acquittérent fans fe découvrir, & en mettant le pied dans l'Eglife de Saint Martin, qui n'étoit point encore renfermée dans l'enceinte de Tours, elles entendirent le Chantre entonner le quarantiéme Verfet du Pfeaume dix-feptiéme : Seigneur, vous m'avez armé de courage dans les combats, & vous avez fait tomber fous mes coups ceux qui s'étoient levés fur leurs pieds pour me frapper. Vous avez contraint mes ennemis à tourner le dos devant moi, & vous avez confondu ceux qui me haïffoient. Cette confultation faite par Clovis, étoit-elle une action religieufe, ou bien un effet blâmable de la curiosité effrenée de pénétrer dans l'avenir, que les hommes ont toujours eue, & qui fit fouvent chercher aux premiers Chrétiens dans les Livres facrés, & fur les Tombeaux des Saints, des préfages pareils à ceux que leurs Peres avoient cherchés, quand ils étoient encore Payens, dans les Ouvrages de Virgile, & dans les antres d'Apollon? Que ceux aufquels il appartient de prononcer fur cette queftion, la dé

cident.

Il est vrai que le Concile qui s'étoit tenu dans Agde une année avant que Clovis confultât le Ciel dans l'Eglife de S. Martin, (a) défend fous peine d'excommunication, aux Clercs &

(a) At ne id fortaffe videatur omiffum infeftat, quod aliquanti Clerici five Laici quod maxime fidem Religionis Catholicæ ftudent auguriis ut fub nomine fictæ Reli

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