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crioient le plus haut contre lui, vouloient livrer la Ville aux Affiégeans. Voyons comment les Auteurs de la vie de Saint Céfaire racontent le fait. (a) » Un Juif qui étoit en faction fur » l'endroit des murailles dont la garde pour ce jour-là étoit » échûe par le fort à ceux de fa Nation, attacha une lettre à » une pierre qu'il lança enfuite dans les approches des ennemis, comme s'il avoit le deffein de la jetter à quelqu'un. » Cette lettre fignée de lui, & dans laquelle il avoit même mar » qué de quelle Religion il étoit, exhortoit les Affiegeans à ef» calader fur l'heure la partie de la muraille que la Nation Juive » avoit alors à garder; & de plus elle affuroit nos Barbares, » que rien ne les empêcheroit d'emporter la place d'emblée. Ce >> traître demandoit pour toute recompenfe du fervice qu'il >> rendoit aux ennemis, qu'aucun Juif ne fût fait captif lorf>> que la Ville auroit été prife, & qu'il ne fût rien ôté à ceux » de fa Nation. La lettre ne fut point vûc par les Affiégeans, » & il arriva même que le lendemain ils abandonnerent les ap» proches qu'ils avoient commencées à l'endroit où elle étoit » tombée. Quelques-uns des Affiégés que la curiofité fit fortir » d'un des ouvrages de la Ville pour examiner le terrein, trou» verent donc cette lettre, la ramafferent, l'ouvrirent & la lu"rent. Ils ne manquerent pas de l'apporter auffi-tôt dans le Pa» lais où elle fut vûe de tout le monde. Incontinent on fit ve»nir le Juif qui l'avoit fignée, on le convainquit de l'avoir écri» te, & on l'envoya au fupplice. « La trahifon des Juifs qui avoient été les délateurs les plus échauffés de saint Céfaire, fit pour l'heure fa juftification.

On voit néanmoins par la Vie de Saint Céfaire & par une lettre qu'Ennodius qui pour lors étoit fujet de Theodoric auffibien que l'Evêque d'Arles, écrivit à notre Prélat, que notre Saint fut obligé quelque tems après la levée du fiege d'aller trouver fon Souverain pour fe juftifier du crime qu'on lui avoit imputé. (b) Les ennemis que les Démons fufcitoient à Saint Cé

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(a) Nocte quadam unus ex Judæis ex eo loco quem ad agendas in muro excubias fortibus acceperat, ligatam faxo epiftolam tanquam in hoftes illud vibrans, in caftra illorum conjicere conatus eft, in qua nomen fuum religionemque exprimens hortabatur, ut noctu co loco quo ipfi excubarent fcalas admoverent urbem ingreffuri. Ea conditione ut pro tanto beneficio id redderent Judæis, ne quifquam eorum aut caperetur

aut rerum fuarum jacturam faceret. Mane vero digreffis non nihil à muro hoftibus, quidam e propugnaculo egreffi epiftolam illam confpiciunt, tollunt, fecum in urbem afportant, cunctifque in foro publicitus of fendunt. Mox autor epiftola producitur, convictufque punitur.

Vit. Cafar. Duch. tom. pr. pag. 232. (b) Sub hoc quoque nomine in Beatum virum invidiæ facibus inflammatus Satan

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faire, difent les Auteurs de fa Vie, répandirent tant de ca» lomnies contre lui, que ceux qui commandoient dans Arles, l'envoyerent fous une bonne escorte & fûre garde à la Cour de Theodoric qui faifoit fon féjour à Ravenne. Ce Prince l'ac» cueillit néanmoins avec bonté, & même il fe découvrit la tête en lui rendant le falut. Enfin Theodoric dit devant toute fa » Cour, après qu'il eut entretenu le Serviteur du Très-Haut fur ce qui s'étoit paffé dans Arles: Dieu ne pardonnera jamais à » ceux qui ont obligé une perfonne auffi fainte & aussi inno» cente, à faire un fi long voyage pour venir ici se justifier.

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Ennodius écrit à S. Céfaire. » Votre lettre m'apprend que tout » ce que j'avois prévû eft arrivé, quand elle m'informe de ce » que Dieu, qui eft aujourd'hui notre veritable Empereur, a obligé le Roi de faire à votre égard. Je connois trop bien vos » talens, pour avoir douté un moment que foutenus comme » ils le font par la dignité Epifcopale, ils ne fiffent fléchir les » Puiffances du fiécle, & que vous ne vinffiez à bout de con» vaincre fi bien le Roi de votre innocence, qu'il cefferoit de » faire des menaces contre vous.

Enfin l'approche de l'armée que Theodoric envoyoit au fecours d'Arles obligea les Francs & les Bourguignons à lever le fiege qu'ils avoient mis devant cette place. On voit par la Vie de Saint Céfaire qu'ils perdirent beaucoup de monde dans la retraite, durant laquelle ils furent fuivis par Oftrogots. (4) » Au

denuo in eum, accufatione conficta id effe-
cit ut Ravennam ufque fub cuftodia pertra-
heretur. Cernens Rex eum nihil formidan-
tem & afpectu venerabilem, reverenter ei
adfurgit, eumque pofitis capitis ornamen-
tis, clementer refalutat. Deinde placide fcif-
citatur ab eodem de labore itineris, de Go-
this fuis & de Arelatenfibus. Poftea egreffo
fancto Pontifice Rex ait ad fuos. Non par-
cat illi Deus qui tantæ fanctitatis & inno-
centiæ virum, &c.

- Vita Cafar. lib. prim. in Surio ad diem 27.
Augufti.

Cafario Epifcopo Arelatenfi. Quod fpe præ-
ceperam, litteris indicaftis. Nam veneran-
di promulgatione colloquii quid Cœleftis
Imperator Dominum Regem circa vos face-
re compuliffet agnovi. Ego fum qui poft-
quam meritum veftrum patuit, nequaquam
felicitas actionis abfcondit. Quis hominum
nobiliffimo in Chrifti fervitute l'ontifici,
terrenas dominationes nesciat effe subje tas

& minacem Regis potentiam innocentiæ objectione fuperari.

Ennod. lib. 12. Epift. 14. p. 304.

(a) Porro Arelatum Gothis cum innumera captivorum turba redeuntibus, replentur facræ Bafilicæ, repletur Ecclefiæ domus infidelium multitudine & cum multa inopia laborarent, quæ ad victum veftitumque pertinerent affatim eis præbuit vir beatus donec omnes effent ab ipfo redempti eo argento quod venerabilis Eonius anteceffor ejus, Ecclefiæ menfæ reliquerat..... Nos quidem credimus & confidimus in Domino, mifericordia, fide & precibus beati Confefforis id effectum effe, ut ipfius temporibus obfeffa fit ab hoftibus Civitas Arelatenfis ut tamen nec capi potuerit, nec prædæ patere. Atque fic deinde à Vifegothis in Oftrogothorum ditionem pervenit hodie in Christi nomine Regi paret Childeberto ut poffit de ea quoque dici, &c.

Vita fancti Cafarii.

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رو

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» refte, difent les Auteurs de cette Vie, lorfquè les Gots fu>> rent de retour à Arles amenant avec eux une multitude inom» brable de prifonniers de guerre, ils les renfermerent dans les Eglifes & dans la maison ou le cloître de la Cathédrale, qui » fe trouverent ainfi remplies d'Infideles. Saint Céfaire employa l'argent qu'Eonius fon prédéceffeur avoit laiffé dans la caiffe » de fon Eglife & le prix des ornemens dont il vendit la plus grande partie, à fournir à ces Captifs des habits & des vivres >> dont ils avoient un extrême befoin. Il ne difcontinua point » fes charités jufqu'à ce qu'il les eût enfin rachetés tous. Auffi » fommes-nous perfuadés que ce fut par une volonté particuliere de la Providence qui vouloit mettre en un plus grand jour les vertus de ce faint Perfonnage de Dieu, que durant fon Epifcopat, Arles fut affiegé, & qu'il fut garanti d'être pris & faccagé. Voilà encore, afin de finir ce qui nous refte à dire, pourquoi cette Ville avoit paffé des mains des Vifigots à qui » elle appartenoit auparavant dans celle des Oftrogots, pour » venir dans la fuite au pouvoir des Francs, où elle eft encore aujourd'hui, reconnoiffant pour fon Roi Childebert fils » de Clovis. Le Seigneur a voulu qu'on pût dire : Elle a paffé » de deffous le pouvoir d'une Nation fous le pouvoir d'une au» tre; elle a fucceffivement appartenu à differens Peuples, fans » que Dieu ait permis qu'aucune Puiffance humaine l'ait faccagée, tant qu'elle a été foumise à la conduite d'un Pasteur tel »que Saint Céfaire.

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Si Theodoric ne fut point trop fatisfait de la conduite que Saint Céfaire avoit tenue durant le fiege d'Arles, il fut du moins très-content de celle que tinrent dans cette occafion les autres Citoyens de cette Ville. Les deux lettres que nous allons porter en font foi. (a) Nous avons déja obfervé que les Sçavans étoient convaincus que les Epîtres de Caffiodore, ainfi que celles de Sidonius & celles d'Avitus n'étoient point rangées suivant l'ordre des tems où elles avoient été écrites.

Celle de ces deux Lettres que je crois avoir été écrite (b) la

(a) Ut appareat Senatorem in fuis varrarum libris non femper rerum ordinem fequi. Nam exempli caufa, &c.

Valef. Rerum Franc. lib. 7. pag. 335.

(b) Arelatenfes itaque qui noftris partibus perdurantes gloriofæ obfidionis penuriam pertulerunt, per Indictionem quartam

Fifcalia tributa noftra relaxat humanitas. Ita ut futuro tempore ad folitam redeant functionem.

Caffiod. variar. lib. 3. Ep. 22.

Univerfis poffefforibus Arelatenfibus Theodoricus Rex. Quamvis primum fit læfos Incolas refovere & in hominibus magis fignum

premiere, bien qu'elle ne vienne qu'après l'autre dans l'ordre où les Epîtres de Caffiodore font rangées aujourd'hui, eft la Lettre de Theodoric aux Habitans de la Cité d'Arles. Il y eft dit: » Comme le premier objet d'un Souverain doit être celui de re>> medier avant toutes chofes, aux maux que les hommes fouffrent, ceux d'entre vous qui fe font trouvés dans la mifere ont » été le premier objet de nos foins. Nous croyons donc aujour» d'hui pouvoir partager notre attention. Ainfi dans le tems "même que nous faifons fentir encore les effets de notre libe» ralité à vos Citoyens qui font dans le befoin, nous envoyons » les fommes neceffaires pour la réparation des murailles de vo»tre Ville.

>>

L'autre Lettre de Theodoric eft adreffée à Gemellus Préfet des Gaules par interim, & dont nous avons déja parlé plus d'une fois.» Nous remettons, y dit le Roi des Oftrogots, aux Habi» tans d'Arles qui par attachement à notre fervice ont fouffert » la famine durant un fiege fi glorieux pour eux, la fomme qu'ils devroient porter dans nos caiffes pour la quatrième In» diction ou pour le quatrième terme des impofitions faites au profit du Filc, mais à condition qu'ils acquitteront ponctuel» Ïement les termes fuivans.

כל

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Cette quatriéme Indiction n'écheoit qu'en l'année de JesusChrift cinq cens onze. Ainfi l'on pourroit dire que Theodoric auroit attendu bien tard à foulager les Habitans d'Arles fi le fiége de leur Ville cût été fait dès l'année cinq cens huit. Il feroit aifé de répondre que la remife dont il s'agit n'eft point apparemment la premiere que Theodoric leur eut faite, quoique nous n'ayons point aucun monument de ces remifes précedentes, foit parce que les Lettres écrites par Caffiodore au nom de ce Prince à ce fujet-là, font perdues, foit parce que ce même Prince fe fera peut-être fervi d'un autre Miniftre que Caffiodore pour

donner à Gemellus fes ordres concernant les remifes antérieu

peut

res. D'ailleurs la guerre entre les Francs & les Oftrogots ne finit,
comme nous le verrons, qu'en l'année cinq cens dix, & il fe
bien faire que tant qu'elle aura duré, l'état des finances de Theo-
doric ne lui ait point permis de fe priver d'une partie confidera-
ble du revenu qu'il avoit dans les Gaules où il tenoit beaucoup
de troupes qu'il falloit faire fubfifter, & qu'il ait été obligé par

pietatis oftendere, tamen utrumque huma- ducere antiqua monia feftinemus.
nitas noftra conjungit, ut & largitatis re-
medio Civibus confulamus & ad cultum re-

Ibid. Epiftola 44.

ces raifons d'attendre la paix pour foulager les Habitans d'Arles en general. Jufques-là il fe fera contenté de faire quelques largeffes aux plus malheureux.

Il eft apparent que Théodoric a crû, à la faveur du défordre où la levée du siege d'Arles devoit avoir mis les affaires des Bourguignons, agrandir la Province qu'il tenoit dans les Gaules. Ce fut donc alors qu'il fe rendit maître d'Avignon que les Bourguignons avoient confervé dans la guerre précédente, & de quelques autres Places dont nous trouverons dans la fuite de notre Hiftoire, les Ostrogots en poffeffion. Ce Prince, dans une Lettre qui fe trouve parmi les Épîtres de Caffiodore, & dans le même Livre que les deux qu'on vient de lire, mande à Uvendil un de fes Officiers. » (a) Nous vous enjoignons par ces préfentes d'empêcher que dans Avignon où vous faites votre féjour, "foit commis aucun défordre. Que nos troupes y vivent con» formément aux Ordonnances, & que les Romains qu'elles » font chargées de défendre n'ayent point à fouffrir d'elles au» cune des violences contre lefquelles ces troupes doivent les » proteger.

>>

il

CHAPITRE X VI I.

Campagne de cinq cens neuf. Géfalic eft déposé, & Amalaric eft proclamé Roi des Vifigots en cinq cens dix. Theodoric Roi des Oftrogots fait la paix tant en fon nom, qu'au nom d'Amalaric avec Clovis, qui demeure maître de la plus grande partie du Pays que les Vifigots tenoient dans les Gaules. Clovis écrit une Lettre circulaire aux Evêques de fes Etats. En quelle année il vint à Tours, & des offrandes qu'il y fit à

Saint Martin.

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UIVANT les apparences Clovis aura paffé l'hyver de cinq cens huit à cinq cens neuf, foit dans Bordeaux où il avoit déja paffé l'hyver précedent, foit dans quelqu'autre Ville de fes

(a) Atque id præfenti autoritate delegamus ut in Avenione in qua refides, nihil fieri violentia patiaris. Vivat fimiliter nofter exercitus cum Romanis. Profit eis defti

nata defenfio, nec aliquid illos à noftris finatis pati, quos ab hoftili nitimur oppreffione liberare.

Caff, variar. lib. 3. Ep. 38.

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