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nouvelles conquêtes afin de pouvoir recommencer la guerre dès le printems. On croit fans peine auffitôt qu'on a connu le caractere de Clovis, que tant que la guerre aura duré il ne fe fera guéres éloigné des lieux où elle fe faifoit. Malheureufement tout ce que nous fçavons de pofitif touchant les évenemens de l'année cinq cens neuf, c'est que la guerre duroit encore cette annéelà. Marius Aventicenfis rend ce fait certain. Il eft dit dans fa Cronique fur le Confulat d'Importunus qui remplit cette dignité en cinq cens neuf. » (a) Mammo l'un des Generaux des Gots faccagea une partie des Gaules.

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Ce n'eft donc que par conjecture que nous rapportons à l'année cinq cens neuf ce qui va fuivre, & qu'on lit dans l'endroit de l'Hiftoire de Jornandès, où il fait l'éloge de Theodoric Roi des Oftrogots. (b) " Ce Prince remporta encore un avantage » confidérable fur les Francs. Hibba l'un de fes Généraux, ga» gna contre ces ennemis une bataille mémorable. Trente mille » hommes de l'armée des Francs furent tués dans cette action. Și la bataille dont il eft ici parlé fe fut donnée l'année précedente à la levée du fiege d'Arles, il eft fans apparence que Jornandès n'eût point rapporté quelque circonftance, qu'il n'eût dit quelque chofe qui nous l'enfeigneroit. Ce fut apparemment la perte de cette bataille dont nous ignorons le lieu, qui obligea Clovis à entrer en traité. La paix ne fut concluë néanmoins l'année fuivante, puifqu'il eft certain que la guerre qu'elle termina, fe continuoit encore en l'année cinq cens dix.

que

En effet, & comme on l'a déja expofé dans le Chapitre précedent, Géfalic proclamé Roi des Vifigots en cinq cens fept ne fut déposé qu'après avoir commencé la quatrième année de fon regne, c'est-à-dire, en cinq cens dix. Or Ifidore, de qui nous tenons cette date, nous apprend une circonftance de la dépofition de Géfalic, qui feule nous détermineroit à croire que la guerre duroit encore quand ce Prince fut détrôné. Notre Hiftorien écrit dans le paffage qui a été rapporté, que ce fut le peu de courage que Géfalic montra lorfque les Bourguignons firent une courfe jufques dans le territoire de Narbonne, qui fut la caufe prochaine de fa dépofition arrivée peu de tems après qu'il eut donné ces marques de lâcheté.

(a) Importuno vel Opportuno Confule. Mammo Dux Gothorum partem Galliæ deprædavit.

Mar. Av. Chr. ad ann. 509.
(b) Non minus trophæum de Francis
Tome II.

Theodoricus per Hibbam fuum Comitem in Galliis acquifivit, plus triginta millibus Francorum in prælio cæfis. | Jornandes de rebus Get.

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par

Il eft fenfible d'un autre côté, en lifant le paffage de Procope que nous allons tranfcrire, que ce fut Theodoric qui fit entre la Nation des Gots & celle des Francs la paix dont nous parlons, & par laquelle les Pays nouvellement conquis fur les Visigots les Francs demeurerent aux Francs. Or Theodoric, comme nous l'avons déja remarqué, n'a pû faire un pareil Traité dans lequel il ftipuloit pour les Vifigots des conditions qui leur devoient être bien douloureufes, qu'après la dépofition de Géfalic, & l'installation d'Amalaric fils d'Alaric II. & de la fille de Theodoric qui étoit grand-pere d'Amalaric, & qui fut toujours fon Tuteur defpotique. Ainfi la paix dont il est question ne sçauroit avoir été faite avant l'année cinq cens dix.

J'ajouterai même une nouvelle raifon pour confirmer ce qui vient d'être avancé. La matiere eft importante pour l'intelligence des anciens Auteurs, & d'un autre côté les Auteurs modernes en avançant de quelques années la date de la paix dont il est queftion, fe font mis dans l'impoflibilité de bien expliquer les Anciens, & ils ont embrouillé l'Hiftoire des dernieres années du regne de Clovis. Voici ma nouvelle preuve.

Theodoric, comme on vient de le voir, ne fçauroit avoir fait cette paix, avant qu'il eût été reconnu par les Vifigots pour Tuteur d'Amalaric & pour Adminiftrateur des Etats de ce Prince fon petit-fils. Cependant ce ne fut qu'en cinq cens dix que les Vifigots reconnurent Theodoric en cette qualité. Com. me nous aurons occafion de le dire plus au long dans la fuite, la Regence de Theodoric étant un véritable regne, plûtôt qu'une administration, tant qu'il vêcut, Amalaric jufques-là ne fut Roi des Vifigots que de nom. Theodoric regnoit fibien fur eux réellement, qu'on datoit alors en Espagne, Du regne de Theodoric, & non pas, Du regne d'Amalaric. C'étoit Théodoric qu'on y regardoit comme le fucceffeur de Géfalic. Or l'époque du regne de Théodoric ne commençoit en Espagne qu'à l'année cinq cens dix. Il eft dit dans les Actes du Concile de Terragone; Qu'il fut tenu (a) fous le Confulat de Petrus, Conful en cinq cens feize, & la fixiéme année du regne de Théodoric. Dans les Actes du Concile de Gironne, nous lifons qu'il fut tenu fous le Confulat d'Agapetus Conful en cinq cens dix-fept, & la fep

(a) In nomine Chrifti habita Synodus Terragonæ anno fexto Theodorici Regis, Confule Petro.

Concil. Agripp. tom. pr. pag. 963.

|

Concilium Gerundenfe anno feptimo Theodorici Regis. Id. Junii Agapeto Confule.

Ibidem. pag. 1048.

tiéme année du Regne de Theodoric. Il eft clair que, ces deux dates fuppofent que le regne de Theodoric, en Espagne n'ait commencé qu'en cinq cens dix. Voyons maintenant ce qu'on trouve dans Procope concernant tous les évenemens dont il est ici queftion, & particulierement concernant la paix que Theodoric fit en fon nom & au nom des Vifigots avec Clovis.

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Cet Hiftorien après avoir parlé de la bataille de Vouglé & du fiege mis par Clovis devant Carcaffone, continue ainsi: (4) » Les Vifigots qui s'étoient fauvés de la bataille de Vouglé proclamerent Roi Géfalic, fils d'Alaric II. & d'une Concubine, » parce qu'Amalaric fils légitime de ce Prince qui l'avoit eu de » la fille de Théodoric, n'étoit encore qu'un enfant. Cepen» dant les Francs intimidés par l'approche de Theodoric qui s'avançoit pour les combattre à la tête de l'armée des Oftro» gots, leverent le fiege de Carcaffone. Nonobftant cet échec » les Francs ne laifferent pas de fe rendre maîtres de la plus grande partie des Cités de la Gaule qui font entre le Rhône te & l'Ocean. Theodoric après avoir enfin reconnu qu'il n'étoit "pas poffible de les en chaffer, traita avec eux à condition de » les leur laiffer, & il fe fit reconnoître pour maître dans celles » des Cités de la Gaule qui étoient demeurées aux Visigots. En » effet Theodoric après avoir engagé les Vifigots à dépofer Géfalic, & à mettre Amalaric en fa place, obtint encore d'eux, » que lui Théodoric il auroit en qualité de Tuteur d'Amalaric » fon petit-fils, l'administration fouveraine de tous les Etats de »ce Prince encore enfant. Dès que cet arrangement eut été fait, » Theodoric reprit le chemin de Ravenne emportant avec lui »le Tréfor des Rois Vifigots qui fe gardoit à Carcaffone, mais quoiqu'il eût repaffé les Alpes, fon éloignement ne l'empê

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(a) Qui fuperfuerunt à prælio Vifigothi.Gifelicum Alarici ex concubina filium Regem appellarunt,quod Amalaricus qui matrem habuit filiam Theoderici tunc admodum puer effet. Deinde Theoderico cum Gothorum copiis adventante, correpti metu Gerniani Carcaffonæ obfidionem folverunt. Illinc digreffi regiones Galliæ quæ ultra Rhodanum ad Oceanum vergunt, fubegere. Unde cum cos exigere non poffet Theodericus ut partes illas retinerent conceffit; reliquam ille recepit Galliam, fublatoque è medio Gifelico regnum Vifigothorum tranftulit ad fuum ex filia nepotem Amalaricum cujus adhuc puesi tutelam fufcepit. Thefauro omni qui Car

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cha point de continuer à nommer les Officiers civils & les Of» ficiers militaires, qui devoient commander en Espagne & » dans la partie des Gaules demeurée aux Vifigots, de maniere » que tant qu'il vêcut, fon autorité fut toujours reconnue dans » tous ces pays-là. Il obligeoit même les Officiers civils à lui en» voyer chaque année ce qui reftoit des revenus publics, les charges acquittées. Véritablemeut, afin qu'on ne l'accufât point de s'approprier le bien du Roi fon petit fils, il employoit ce fonds en entier, à donner chaque année aux Gots qui fer>> voient des gratifications. Il arriva, dans la fuite du tems même les Vifigots & les Oftrogots s'accoutumerent par l'habitu» de où ils étoient de vivre dans les mêmes pays, & d'obéir au » même Maître, à fe regarder comme étant redevenus une feule » Nation, de forte que les uns & les autres ils marioient leurs » enfans ensemble. « On vient de voir que les Pays que Theodoric cedoit aux Francs par la paix, étoient du Royaume des Vifigots, tel que l'avoit tenu Alaric fecond.

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Quel parti Theodoric aura-t-il fait aux Bourguignons ? Les Auteurs anciens n'en difent rien. On fçait un peu mieux ce que la Nation Gothique garda dans les Gaules en confequence de la paix faite entre Theodoric & Clovis. La fuite de l'Histoire nous apprend donc, que les Oftrogots conferverent alors, c'est-àdire en cinq cens dix, la Province qu'ils avoient dans les Gaules entre les Alpes, la Méditerranée & le bas Rhône, laquelle étoit bornée du côté du Nord au moins en partie, par la Durance, & qu'ils s'approprierent Arles, foit à titre d'indemnité des frais de la guerre, foit par échange. Quant aux Vifigots, ils conferverent Narbonne, & cinq ou fix autres Cités du District qu'avoit en cinq cens dix cette Métropole. C'est de quoi nous parlerons plus amplement dans la fuite.

Ce fut fuivant les apparences immédiatement après la conclufion de la paix, dont nous venons de parler, que Clovis écrivit aux Evêques des Gaules la Lettre fuivante, qui s'eft fauvée du naufrage où tant d'autres monumens de nos antiquités ont péri. Voici le contenu de cette Lettre circulaire.

"Le Roi Clovis, aux Saints Evêques les dignes fucceffeurs » des Apôtres. Vous aurez appris du moins par la Renommée, »quels ont été les ordres que nous avons donnés à nos troupes "quand elles étoient fur le point (a) d'entrer dans les Provin

(a) Dominis fanctis & Apoftolica fede digniffimis Epifcopis, Chlodovechus Rex, Enun

tiante fama quod actum fuerit vel præceptum omni exercitui noftro priufquam in patriam

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»ces détenues par les Vifigots, & avec quelle exactitude nous » les avons fait obferver. Vous ne fauriez donc ignorer que nous » défendîmes alors à ces troupes de prendre rien de tout ce qui appartenoit aux Eglifes, ou aux Communautés des Vierges, Epoufes de Jefus-Chrift, & de toucher aux biens des Veuves » & des Clercs qui fe font voués au fervice des Autels, ni même aux biens de ceux de leurs enfans qui fe font retirés avec » eux. Nous ordonnâmes auffi dès-lors qu'il ne fut fait aucune violence ou aucun tort aux perfonnes attachées au service de quelque Eglife, & que ces perfonnes fuffent remises en liber» té fi elles étoient en captivité, dès que l'Evêque Diocésain » voudroit bien affirmer qu'elles auroient été tirées par force » de l'enceinte des Temples du Seigneur, & nous avons même octroyé dans la fuite aux perfonnes qualifiées, ainsi qu'il vient » de l'être expofé, d'être remifes en liberté, quand bien même » ce feroit hors de l'enceinte de ces Temples, qu'elles auroient » été faites prifonnieres de guerre. Pour ce qui regarde les Cap» tifs laïques qui auroient été pris portant les armes contre » nous, & qui pour cela auroient été déclarés être de bonne prife, nous avons confenti que vous accordaffiez à ceux d'en» tr'eux à qui vous trouveriez bon d'en accorder, des lettres de protection, afin qu'à votre confidération les maîtres de ces Ef» claves les traitent avec plus de douceur. Car pour ce qui regarde les Captifs laïques qui ne font pas de bonne prife, notre intention a toujours été qu'ils fuffent mis au plûtôt en liberté, & de la même maniere que nous avons réglé que les » gens appartenans aux Eglifes y feroient mis. Ainfi vous avez pû, & vous pouvez reclamer tous les Captifs laïques faits pri"fonniers de guerre contre le Droit des Gens, & nous promettons de déferer aux lettres que vous nous écrirez pour nous demander la liberté des Esclaves qui feront dans ce caslà, dès que ces lettres nous feront remifes, & que nous y au» rons reconnu l'impreffion du cachet de votre anneau Pafto» ral. Au refte, mes Officiers & mes Soldats (4)vous fupplient

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Gothorum ingrederetur, Beatitudinem veftram præterire non potuit.... De cæteris autem Laicis qui extra pacem funt captivati & fuerint approbati, Apoftolia cui volueritis arbitrii veftri eft non negandum. Nam de his qui in pace noftra tam Clerici quam Laici fubrepti fuerint, fi veraciter agnofcitis, veftras Epiftolas de annulo veftro infra

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fignatas fic ad nos dirigatis & à parte noftra præceptionem latam noveritis effe firmandam.

Du Chefne, tom. pr. p. 836.

(a) Sic tamen populus nofter petit ut cuicumque Epiftolas veftras præftare fueritis dignati, cum Sacramento per Deum & benedictionem veftram dicere non tardetis rem

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