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mort de Clovis jufques au milieu du fixiéme fiècle. Nous dirons ailleurs que Thierri flatté par le courage que Childebert avoit montré en vengeant leur fœur Clotilde, s'adoucit; & que quelque tems aprés la conquête de la Turinge Germanique les deux freres fe reconcilierent.

CHAPITRE IV.

Sigifmond fuccede à fon pere Gondebaud Roi des Bourguignons. Lettres de Sigifmond à l'Empereur d'Orient. Premiere guerre des Rois des Francs contre les Bourguignons, dont le Roi eft fait prifonnier. Mort de ce Prince. Clodomire eft tué à la bataille de Véféronce, & Godemar frere de Sigifmond demeure Roi des Bourguignons.

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E fut dans l'intervalle de tems qui s'écoula entre l'expédition que Thierri fit dans le pays des Turingiens vers cinq cens feize, & l'expédition dans laquelle il fubjugua cette Nation en l'année cinq cens trente, que les Rois des Francs, enfans de Clovis firent leur premiere guerre contre les Bourguignons. Avant que de parler de cette guerre-là, qui comme nous l'expoferons, commença en cinq cens vingt-trois, il est à propos de dire quelque chofe concernant l'état où étoient les Bourguignons quand les Rois fucceffeurs de Clovis les attaquerent pour la premiere fois.

Le Roi Gondebaud (a) nonobftant toutes les efperances de converfion qu'il avoit données à Ecdicius Avitus Evêque de Vienne, mourut Arien en cinq cens feize. Son fils Sigifmond lui fucceda. Depuis long-tems Sigifmond faifoit profeffion de la Religion Catholique, & même il avoit fondé un an avant la mort de fon pere, le célébre Monaftere d'Agaune ou de Saint Maurice, fitué fur les confins du Valais & du Chablais. Il faut, comme nous l'avons promis, rapporter encore ici quelques fragmens des lettres que Sigifmond après fon avénement

(4) Florentio & Antemio. His Confulibus, Monafterium Acauno à Rege Sigifmundo conditum eft.

Mar. Av. Chr. ad ann. şısı

Tome II.

Petro. Hoc Confule, Rex Gondobagaudus obiit, & levatus eft filius illius Sigilmundus Rex.

Mar. Aven. Chr. ad ann. 516.
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au Thrône, écrivit à l'Empereur Anastase, qui furvêcut de deux ans le Roi Gondebaud. Rien n'eft plus propre à faire voir que les Rois Barbares, qui regnoient dans les Gaules, reconnoiffoient que les Provinces qu'ils avoient occupées, ne laiffoient pas d'être toujours une portion du territoire de la Monarchie Romaine. Voici donc ce que dit Sigifmond dans une des lettres dont nous parlons, & que les Lecteurs fçavent déja avoir été compofées fous le nom de ce Prince, par Avitus Évêque de

Vienne.

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" (a) II eft à la connoiffance de tout le monde, que Votre "Hauteffe qui connoît les fentimens de fes ferviteurs ne leur impute point les contre-tems dont ils ne font pas la caufe. » Dans cette confiance qui fait notre confolation, nous nous prefentons bien qu'éloignés, aux pieds du thrône de notre très-glorieux Prince; & quoique le refpect pour fa perfonne foit dans la Maison dont nous fortons, un fentiment héréditaire, qu'elle a toujours tâché de vous témoigner par un » fincere attachement, nous confeffons neanmoins de nouveau, que nous fommes vos redevables, tant pour les bienfaits qu'elle a reçus de vous, que pour ceux que nous-mêmes nous en avons reçûs en notre particulier. Ma Nation fait une partie du Peuple qui vous reconnoît pour fon Souverain, & je me tiens plus honoré de fervir fous vos ordres, » que de regner fur elle. C'est un fentiment que j'ai hérité de mes ancêtres, qui ont toujours eu un coeur véritablement Ro» main, & qui toujours ont été attachés fi fincerement à vous » & à vos predeceffeurs, qu'ils ont crû que l'illustration pro(a) Epiftola ab Avito Epifcopo dictata fub Principibus fumerent, quam quod à patrinomine Domini Regis ad Imperatorem. No. 83. bus attuliffent. Cumque Gentem noftram viNotum eft omnibus Celfitudinem veftram deamur regere, non aliud nos quam milinon impedimenta temporum, fed fubjecto- tes veftros credimus ordinari. Impartit vos rum vota metiri. Sub cujus fiduciæ fecuri- gaudiorum munere veftra profperitas, quidtate atque lætitia gloriofiffimo Principi noquid illic pro falute omnium curatis, & noftro, qui corpore abfumus, animo præfen- ftrum eft. Per nos adminiftratis remotarum tamur & quanquam iftud famula veftra fpatia regionum; Patria noftra vefter orbis Profapia mea ex devotione perfolverit, me eft. Tangit Galliam fuam lumen Orientis, tamen gratiæ debitorem non magis parent & radius qui illis partibus oriri creditur & alia debita, quam beneficia mihi impenfa hic refulget. Jubar quidem confpectus vefecerunt. Vefter quidem eft populus meus, ftri contemplatione non capimus, fed lufed me plus fervire vobis, quam illi præeffe cem ferenitatis quam ubique diffunditis dedelectat. Traxit iftud à proavis generis mei fiderio pollidemus... ... Virtute orbi Eoo, apud vos decefforefque veftros femper animo felicitate regnatis Occiduo. Offero igitur, Romana devotio, ut illa nobis magis clari- Principum inclyte, litterarum obfequia, tas putaretur quam veftra per militiæ titu- vota gratiarum præftolor, oraculum ferlos porrigeret celfitudo, cunctifque autori- monis augufti ambio, fi quid fit quod jubus incis femper magis ambitum eft quod à bere dignemini, &c.

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» venante des grades & des emplois où Vos Hauteffes les éle» voient, faifoit leur plus grande gloire. Oui, mes ayeux ont toujours fait moins de cas des Dignités qu'ils devoient au fang dont ils fortoient, que de celles qu'ils ont tenues de la » collation des Empereurs. Quand les Princes de ma Maison » deviennent Rois de leur Nation, ce qu'ils s'imaginent de plus flateur, c'eft que par-là ils deviennent vos Officiers. Comme »tels nous goûtons aujourd'hui les fruits de vos profpérités, » dont le bruit rend notre administration plus aifée. En effet, nos mains ne font que tenir le timon par lequel vous gou» vernez les Contrées où nous habitons, toutes éloignées qu'el» les font de votre Capitale : A quelque diftance qu'elles foient » de votre thrône, elles n'en font pas moins une partie du » monde foumis à cet augufte thrône.

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» de l'Orient éclaire les Gaules. Elles profitent des rayons de » l'aftre qui paroît fe lever pour lui: vous gouvernez par vous» même l'Empire d'Orient, & l'Empire d'Occident est » verné sous vos aufpices. J'offre donc par cette lettre mes fer»vices au plus grand des Princes; d'un autre côté je me flatte » qu'il daignera faire quelques voeux pour moi, & j'attends » avec foumiffion fes ordres auguftes. «Toute la lettre dont ces deux fragmens font tirés, eft écrite dans le même efprit.

Voici encore quelques fragmens d'une autre Epitre du Roi Sigifmond à l'Empereur Anaftafe; elle eft en réponse à une lettre qu'Anaftafe avoit écrite avant qu'il eût encore reçû la dépêche précedente, & avant qu'il eût été informé qu'il eût été informé que Sigifmond demandoit le Patriciat dont Gondebaud étoit mort revêtu. Mais l'Empereur avoit adreffé déja au nouveau Roi cette lettre pour le feliciter fur fon avenement à la Couronne, & pour lui conferer la Dignité de l'Empire dont il fouhaitoit d'être pourvû. La feconde Epitre de Sigifmond rend auffi comdes obftacles qui avoient empêché celui qu'il avoit chargé porter à Conftantinople fa premiere dépêche, d'y arriver avant que l'Empereur lui eût écrit & l'eût ainfi prévenu.

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» Votre Serénité ne pouvoit pas mieux donner à connoître qu'elle rendoit juftice aux fentimens de fes ferviteurs, & qu'elle » ne leur imputoit pas les contre-tems, qu'elle vient de le faire » voir en nous prévenant par une lettre dont les caracteres facrés » fatisfont des voeux qui ne lui étoient pas encore connus, quand la main a tracé ces caracteres. Quoique vous m'ayez prévenu en m'écrivant quand vous n'aviez pas encore reçû

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» la lettre où je vous rends les hommages qui vous font dûs, (4) » Je ne fuis point coupable pour cela, ni de manque d'atta» chement, ni de négligence. Si les obftacles qui font sur la » route d'ici à Conftantinople, n'euffent point traversé mon deffein, ces caracteres refpectables au monde entier, auroient été employés à écrire une réponse à ma lettre, & » non point à écrire un oracle dicté par votre feule bonté, & qui fatisfait à tout ce que vous avez deviné que je fouhaitois. » La jaloufie de mon rival ne m'a point fait autant de mal qu'elle fe promettoit de m'en faire. Si je n'ai point eu le plai» fir d'obtenir une demande, j'ai eu le bonheur d'être pré» venu auffi agreablement que je l'ai été, quand de votre pro» pre mouvement vous m'avez conferé la Dignité qui faisoit l'objet de mon ambition. Qu'importe que l'Empereur pré» vienne nos demandes, ou qu'il nous les accorde: Eft-il plus glorieux d'avoir obtenu une grace de lui, que d'avoir attiré » fon attention? Pour en venir à ce qui s'eft paffé, dès que mon >> pere, l'un de vos principaux Officiers, & dont vous avez » connu le dévouement & la fidelité, fut expiré, avec la confo»lation d'avoir vû avant que de mourir l'accompliffement de » fes défirs les plus ardens, je veux dire la République heu>> reuse fous le regne d'Anaftafe, & cet Empereur reconnu & » obéi par les Nations Confederées, mon premier foin fut alors » de vous donner part de cette mort & de fes circonftances. Je

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(a) Epiftola ab Avito Epifcopo dictata fub nomine Domini Regis Sigifmundi ad Imperatorem Anaftafium. No. 84. Quam præ Majeftatis judicio ferenitas veftra vel parum pendat impedimenta temporum, vel cenfeat corda famulorum, nullo indicio meliore cognofcitur quam quod in facris apicibus fonginquius porrigendis implet defiderantium vota, & fupplicum non expectat officia.... Quod autem nunc Augufta compellationis affatus debitæ vobis pagina prevenit obfequium, nihil indevotioni pius arbiter, nihił imputet tarditati. Nifi aditum conatibus noftris obex interjecta fufpenderet, jam nunc profecto verbum mundo defiderabile, refponfa potiufquam oracula deftinaffet...... Igitur poft obitum devotiffimi, fideliffimique patris mei proceris veftri cui ad feliciffimos integra profperitate fucceffus id quoque contigit divino favore votivum, ut latam florentemque Rempublicam vobis orbem regentibus fciret, vofque Dominos Na-l

tionum placido receptus fine derelinqueret. Ad hæc intimanda, vobifque commendan da meæ militiæ rudimenta quæ genitore quidem meo fuperftite nutriftis, fed magis, magifque poft eum cumulo facræ dignationis augetis, ficut debebam vel optare fas fuerat unum de Confiliariis meis, qui quantum ad ignorantiam Gallicanam, cæteros præire litteris æftimatur venerandi comitatus veftri auribus offerebam, fpecialius fecuritate concepta quod Rector Italia de pace veftra publice plauderet, & redditam fibi Orientis gratiam coloraret. Interclufum eft ergo atque prohibitum relationibus deftinatis iter arreptum....... Certe ipfe viderit quid hinc apud auguftam lætitiam fpecter feries veritatis: Parvum tamen amicitiæ videtur indicium, eum quem te colere afteras, nolle à cæteris honorari, cum omnes qui vos digne cultu fufpicimus, idipfum à cunctis fieri velle debeamus.

Ibidem.

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» voulus auffi faire valoir auprès de vous mes fervices dans les emplois que vous m'aviez confiés du vivant de mon pere, & vous porter à m'en donner, comme vous l'avez fait, de plus importans. Dans ce deffein je jettai les yeux fur un de mes Confeillers, qui eft une perfonne fort intelligente, du moins » à ce qu'on croit dans les Gaules, & je l'adreffai à vos Mini» ftres. Comme celui qui gouverne aujourd'hui l'Italie fe van» toit d'avoir fait fa paix avec vous, & qu'il affectoit de publier » que l'Orient lui avoit rendu fes bonnes graces, je crus que » la perfonne que je vous envoyois n'avoit pas befoin d'autre » paffeport que de fa miffion même, pour traverfer avec fureté cette Province du monde Romain. Néanmoins celui qui vous portoit ma lettre, & qui devoit me rapporter votre réponse, » n'a pû achever fon voyage, parce que Theodoric lui a fermé les paffages. Jugez, grand Prince, de ce procedé. Il me femble, que c'eft avoir bien peu d'égards pour un Souverain, que de ne vouloir pas que les autres lui rendent les mêmes » devoirs que nous lui rendons. Ces fentimens font bien éloignés des nôtres & de ceux de tout bon Serviteur. « Le reste de la réponse de Sigifmond, qui eft affez longue, ne fait que repéter en phrases differentes les affurances d'un dévouement parfait. Je ne crois pas que les Prefets du Prétoire des Gaules, & les Maîtres de la Milice dans ce département, ayent jamais écrit aux Succeffeurs de Conftantin le Grand en des termes plus foumis, & qui fiffent mieux fentir que les lettres de ceux qui s'en fervoient, étoient des lettres d'un Sujet à fon Souverain. Au refte il eft facile de deviner les motifs qui avoient engagé Theodoric, dès qu'il eut pénétré le fujet du voyage de l'Envoyé de Sigifmond, à fermer à ce Miniftre les paffages de Conftantinople. Théodoric croyoit qu'il étoit contre fes droits que l'Empereur d'Orient conferât de fon propre mouvement les Dignités de l'Empire d'Occident, & comme la guerre pouvoit fe ralumer d'un jour à l'autre entre les Bourguignons & les Oftrogots, il ne voyoit qu'avec peine tout ce qui contribuoit à former une liaison étroite entre les Bourguignons & les Romains d'O

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rient.

La protection qu'Anaftafe pouvoit donner à Sigifmond auroit peut-être empêché les Francs de lui faire la guerre, mais cet Empereur qui ne furvécut Gondebaud que de deux ans mourut en cinq cens dix-huit, & Juftin fon Succeffeur, ou fe foucia peu des Bourguignons, ou bien il n'eut pas dans les

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