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née-là fous la domination des Bourguignons. Cependant (a), comme le remarque le Pere le Cointe, ces quatre Diocèfes fe trouvoient fous la domination des Oftrogots, fept ans après, c'est-à-dire, en cinq cens vingt-quatre, puifque leurs Evêques foufcrivirent les Actes du quatriéme Concile d'Arles tenu cette annéc-là fous le bon plaifir du Roi Theodoric. On lit parmi les foufcriptions de ce quatrième Concile d'Arles, celle de Philagrius Evêque de Cavaillon, celle de Prétextatus Evêque d'Apt, celle de Julianus Evêque de Carpentras, & enfin celle de Florentius Evêque de Saint-Paul-Trois-Chateaux. Ainfi ces quatre Cités étant paffées certainement de deffous la domination des Bourguignons fous celle des Oftrogots dans le tems écoulé depuis le Concile d'Epaone jufqu'au quatrième Concile d'Arles, c'est-à-dire, depuis l'année cinq cens dix-fept, jusques à l'année cinq cens vingt-quatre, je puis fuppofer que ce fut à la fin de l'année cinq cens vingt-trois, que Godemar les remit au Roi des Oftrogots, pour l'engager à lui donner contre les Francs, au moins des fecours fecrets.

Je crois même que c'eft de l'acquifition dont il s'agit, qu'il eft parlé dans une lettre écrite au Sénat de Rome par Athalaric Roi des Oftrogots après Theodoric, au fujet de la Dignité de Patrice qu'il avoit conferée à un Officier de la Nation des Oftrogots nommé Tulum, le même qui fut un de ceux qui défendirent fi bien Arles, lorfque Clovis en fit le fiége vers l'année cinq cens huit. Auffi avons-nous déja rapporté une partie de cette lettre. Pour en venir à l'autre partie, à celle dont il eft question à prefent; Caffiodore après qu'il a fait dire par Athalaric, au nom de qui elle eft écrite, que Tulum avoit beaucoup contribué par fa bravoure à la confervation de la Province des Gaules tenue par les Oftrogots, fait ajouter à ce Prince, (b) » S'il faut avoir d'autres talens que l'intelligence de l'Art des » combats pour être réputé digne de gouverner les hommes:

(a) In numero Epifcoporum qui Syno- | dum Arelatenfem quartam in regno Gothorum fub Opilionis Confulatu, five anno Chrifti quingentefimo vigefimo quarto, habitam celebrarunt, legitur Philagrius Cabellicus, Pretextatus Aptenfis, Julianus Carpenctoratenfis, Florentius Tricaftinus, qui Concilio Epaonenfi in regno Burgundia ante feptennium habito fubfcripferant.

Le Cointe, Ann. Eccl. Fran. tom. I. (b) Non eft in duce perfecta laus afferere femper anxios labores. Mittitur igitur

Tulum Francis & Burgundionibus decertantibus rurfus ad Gallias tuendas, ne quid adverfa manu præfumeret quod nofter exercitus impenfis laboribus vindicaffet. Adquifivit Reipublicæ Romanæ aliis contendentibus abfque ulla fatigatione Provinciam & factum eft quietum commodum noftrum ubi non habuimus bellica contentione periculum. Triumphus fine pugna, fine labore palma, fine cæde victoria.

Caffiod. variar. lib. 8. Ep. decima.

» voyons auffi ce que Tulum a fait dans la fuite. Il eft envoyé » une feconde fois dans les Gaules pour veiller à leur confer» vation, dans un tems où les Francs & les Bourguignons » étoient en guerre les uns contre les autres. On craignoit alors » avec raifon, que celui des deux Peuples dont le courage se>> roit enflé par la victoire, ne fe jettât fur un Pays que nos "armes avoient cu tant de peine à recouvrer. Tulum fit mieux » que de conferver la partie des Gaules confiée à fes foins, » non-feulement il la garentit de tout dommage, mais il fçut > encore fe conduire avec tant de prudence, que fans s'expo» fer aux périls de la guerre, il acquit à la République Romai»ne une nouvelle Province; il lui fit remporter une victoire qui ne lui coûta point le fang d'aucun de fes enfans, il lur » fit cueillir des palmes fans l'expofer. Enfin il la fit triompher » fans lui avoir fait courir les hazards des combats.

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Si l'on ne connoiffoit pas le langage de Caffiodore, on croiroit que Tulum fe feroit fait céder par les Bourguignons quelque chofe de bien plus grande importance, que les quatre Cités dont nous avons parlé. En effet, Caffiodore dit que Tulum acquit une Province à la République Romaine. Mais on connoît le ftyle plus qu'oratoire de cet Auteur; & comme dans sa Lettre il ofe bien appeller les Gaules abfolument, la petite portion des Gaules que tenoient alors les Oftrogots, il a bien pu qualifier du nom magnifique de Province les quatre Cités que les Bourguignons avoient remises à Tulum.

On ne fçauroit douter que Theodoric, en confequence de la ceffion dont nous venons de parler, n'eût promis aux Bourguignons tous les fecours qu'il pouvoit leur donner fans fe déclarer. On ne fçauroit même douter, qu'il ne les ait donnés, puifqu'il étoit de fon interêt de s'oppofer à l'agrandiffement des Francs, & qu'il n'avoit rien à reprocher fur le meurtre de Sigéric fils de Sigifmond & fon petit-fils, à Godemar qu'il s'agiffoit de favorifer. (4) Ce fut, comme on l'a déja dit, ce Prince frere de Sigifmond, que les Bourguignons proclamerent Roi, quand ils reprirent les armes contre les Francs en l'année cinq cens vingt quatre. Voici le récit que Gregoire de Tours fait de la rébellion des Bourguignons & de fes fuites.

» Dès que Clodomire, Childebert & Clotaire s'en furent re» tournés au lieu de leur féjour ordinaire, Godemar raffem(a) Fuftino fecundam & Opilione. His | Rex Burgundionum ordinatus eft.. Confulibus Godemarus frater Sigifmundi Mar. Av. Chr. ad ann. $24.

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» bla les Bourguignons; (a) & s'étant mis à leur tête, il se fit » reconnoître pour Souverain dans tous les Pays dont ces trois » Princes s'étoient rendus maîtres. Clodomire avant que de >> marcher contre les rebelles, réfolut de fe défaire de Sigif» mond frere de Godemar, & dont apparemment il appré» hendoit les menées. Saint Avitus l'Abbé de Mici, l'un des grands Perfonnages que l'Eglife eût alors, tâcha de détourner Clodomire d'exécuter fon deffein. Si la crainte de Dieu, » dit-il à fon Prince, vous fait renoncer à ce projet fangui» naire, & fi vous épargnez par respect pour lui ceux dont la » vie eft entre vos mains, il fera toujours avec vous durant votre expédition, & il vous donnera la victoire. D'un autre côté, fi vous vous obftinez à répandre le fang de ces infortunés, vous tomberez .dans les pieges de votre ennemi, & comme eux, vous mourrez de mort violente. Dieu permettra même que le traitement que vous aurez fait à Sigifmond, à » fa femme & à fes enfans, foit un jour rendu à vous, à votre » femme & à vos enfans. Clodomire auffi peu touché des remontrances que des prédictions de Saint Avitus, lui répondit : Voudriez-vous que je laiffaffe une partie de mes ennemis dans le fein de mes Etats, quand il faut que j'en forte pour aller "combattre l'autre partie? Ne feroit-ce pas m'expofer à être attaqué où je ferai & où je ne ferai plus? Le moyen fûr de triompher de mes ennemis, c'eft de mettre les uns hors d'état de »nuire, avant que de marcher contre les autres. Quand je ferai » débaraffé de ceux qui font ici, j'en viendrai plus aifément à >> bout de ceux qui font en Bourgogne. Clodomire donna donc » ordre de tuer Sigifmond, la femme de Sigifmond & Gisclade » & Gondebaud leurs enfans, & de jetter leurs corps dans un puits, qui eft auprès de Coulmiers ou de Couloumelle, Tom. 2. Rer. » lieu de la Cité d'Orleans. Dès que ces Princes infortunés eu» rent été traités comme l'avoient été le pere, la mere, & les » freres de Clotilde, fon fils Clodomire partit pour aller com» battre les Bourguignons. Ce Prince avoit prié fon frere Thierri

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(a) Difcedentibufque his Regibus, Go- | demarus Burgundiones colligit regnumque recipit contra quem Clodomeris ire difponens Sigifmundum interficere deftinavit, cui à beato Avito Abbate Miciacenfe magno tunc temporis Sacerdote dictum eft. Si, inquit, refpiciens Deum, emendaveris confilium tuum ut hos homines interfici non patiaris, erit Deus tecum & abiens victo

riam obtinebis..... Statimque interfecto
Sigifmundo cum uxore ac filiis apud Co-
lomnam Aurelianenfis urbis vicum in pu-
teum jactari præcipiens, Burgundias petiit,
vocans in folatium Theodoricum Regem..
Ille autem injuriam foceri fui vindicare
nolens, ire promifit.

Greg. Tur. Hift. lib. 3. cap. 6..

Vid Prof

Franc. Valefii.

de venir à fon fecours, & Thierri qui ne fe foucioit pas de venger la mort de Sigifmond fon beau - pere, avoit promis de joindre l'armée; ce qu'il paroît néanmoins qu'il ne fit pas. QuoiValef. Not. qu'il en foit, dès qu'elle fut affemblée, elle marcha droit aux Gall. p. 615. Bourguignons, & la bataille fe donna près de Véféronce, lieu de la Cité de Vienne, & non éloigné de la Ville de Belley.'

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Godemar fut battu (a), Mais Clodomire s'avança fi loin en pourfuivant les fuyards avec trop d'ardeur, qu'il ne fe trouva plus perfonne des fiens auprès de lui. Les Bourguignons, qui le reconnurent pour un des ennemis, fe mirent auffi-tôt la marque à laquelle les Francs devoient s'entrereconnoître dans la mêlée ? Quelle étoit cette marque, & quel figne tenoit lieu pour lors, ou de l'écharpe blanche que les François ont portée long-tems guerre, ou du blanc qu'ils portent aujourd'hui pour cela fur le chapeau, il feroit trèscurieux de le fçavoir, mais où l'apprendre? Reprenons le fil de la narration. » Les Bourguignons déguifés en Francs crierent à » Clodomire: Ralliez-vous à nous, nous fommes de vos gens. (b) Ce Prince qui le crut, les joignit, & il fut enveloppé. » Auffi-tôt les Bourguignons lui couperent la tête, qu'ils mi» rent au bout d'une lance. Les Francs qui la reconnurent, au » lieu de perdre courage, continuerent à pouffer les ennemis, qu'ils diffiperent; & tout le Pays fe foumit aux Vainqueurs. » Mais bientôt Godemar qui s'étoit fauvé de la déroute, mit » fur pied une nouvelle armée, avec laquelle il recouvra le Royaume de fes peres. Quant à la famille de Clodomire, Gon. » tuca fa veuve époufa le Roi Clotaire, & les trois fils orphelins qu'il avoit laiffés, dont l'aîné s'appelloit Theobald, le puîné Gonthier, & le troifiéme Clodoaldus ou Cloud, trouverent un " pere dans la Reine Clotilde leur ayeule. Elle les prit auprès d'elle, dès qu'ils eurent achevé de rendre les derniers devoirs au » Roi leur pere. Godemar fe remit en poffeflion de fon Roïaume. (a) Cumque pariter apud Virontiam, locum Urbis Viennenfis conjuncti fuiffent, cum Gondemaro confligunt. Cumque Gondemarus cum exercitu terga vertiffet, & Chlo. domeris infequeretur, & de fuis non modico fpatio elongatus effet, affimulantes illi fignum ejus, dant ad eum voces, dicentes : Huc, huc convertere, tui enim fumus. Ibidem.

s'entrereconnoître dans les actions de

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(b) At ille credens, abiit inruitque in medium inimicorum fuorum, cujus amputatum caput, & conto defixum elevant in

fublime. Quod Franci cernentes atque cognofcentes Chlodomerem interfectum, reparatis viribus, Gondomarum fugant, Burgundiones opprimunt, patriamque in fuam redigunt poteftatem. Nec mora Chlorocharius uxorem germani fui Geuntheucam nomine fibi in matrimonium fociavit. Filios quoque ejus Chrotechildis Regina exactis diebus luctus, fecum recepit ac tenuit, quorum unus Theodoualdus,alter Guntharius, tertius Chlodoualdus vocabatur. Godemaruş iterum regnum recepit. Ibidem.

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Agathias qui a écrit fon Hiftoire dans le fiecle même que la bataille de Véféronce fe donna, rapporte des particularités de la mort de Clodomire, qui méritent de trouver place ici. Notre Auteur ayant dit, qu'après la mort de Clovis, fes fils partagerent entr'eux fon Royaume, il ajoute: » A quelque tems de-là (4) » Clodomire fut tué d'un coup de javelot dans la poitrine, qu'il reçut en combattant contre les Bourguignons, une des » Nations Barbares, qui avoient envahi le territoire de l'Empire, & qui eft auffi connue par fon inclination au travail, qualité rare parmi ces Peuples, que par fes faits d'armes. Les >> ennemis reconnurent d'abord aux cheveux de Clodomire qui >> lui flottoient fur les épaules, que c'étoit un Chef des Francs qui venoit d'être tué. Les Princes de la Maifon Royale de » cette Nation-là ne fe font point couper les Cheveux au for» tir de l'enfance, ainfi que les Romains le pratiquent. Au » contraire ces Princes portent toute leur vie une chevelure longue, qu'ils partagent fur le haut du front, & qu'ils laiffent >> tomber enfuite fur les épaules, ce qui leur donne bonne gra»ce, d'autant plus que leurs cheveux ne font point craffeux ni mal peignés comme le font ceux des Turcomans & de quelques autres Barbares, ni treffés en forme de petites nat»tes, comme le font ceux des Gots. Au contraire les Princes » Francs ont grand foin de leur tête, & même ils frifent leurs » cheveux par boucles. Au refte cette longue chevelure eft par»mi les Francs la marque à laquelle on reconnoît les Princes » de la Maison Royale, & l'on ne permet point à ceux qui n'en » font pas iffus, d'en porter une femblable. L'ufage eft, que les Sujets portent tous les cheveux coupés en rond, & il ne leur

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(4) Non multo poft tempore Chloto- | bent, diligenterque curant, idque velut merus adverfus Burgufiones exercitum du infigne quoddam, eximiaque honoris præcens. Natio autem hæc Gothica eft per fe rogativa regio generi apud cos tribuitur. laboriofa & bellica laude clara, in ipfo Subditi enim orbiculatim tondentur, neque prælio pectus jaculo ictus interiit. Quo hu- eis prolixiorem comam alere facile permitmi jacente, Burgufiones promiffam illius titur. Burgufiones itaque præcifo Chlotolaxamque comam, & ad fcapulos ufque per- meris capite, cum illud copiis quæ circum tingentem confpicati, confeftim intellexe- eum erant, oftentaflet magnam ftatim trerunt fe Ducem hoftium interfecifle. Solemne pidationem confufionemque injecerunt, enim eft Francorum Regibus nunquam conadeoque eis animi metu ceciderunt, ut in deri, fed à pueris intonfi manent. Cæfaries pofterum bellum detractarent, & victores tota eis in humeros decenter propendit. An- quidem ex animi fui fententia, & quibus terior coma è fronte discriminata in utrumoportere videbatur conditionibus & pactis que latus deflexa. Neque vero quemadmo- bello fe fe exfolverunt. E Francico exercitu dum Turcis & Barbaris impexa eis fordida- qui fupererant, in fua fe receperunt. que eft coma vel complicatione indecenter Agathias de rebus Juft. lib. pr. cirrata; fed finigmata varia ipfi sibi adhi

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