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Sigéric en l'année cinq cens vingt-deux. Ainfi lorfque Théodoric mourut, il ne reftoit point de garçon defcendant de cette Princeffe. Quant aux deux autres filles de Theodoric, Théodegote qui étoit l'aînée, avoit été mariée avec Alaric fecond Roi des Vifigots, tué à la bataille donnée à Vouglé en cinq cens fept. Comme l'Hiftoire ne fait aucune mention d'elle après la mort de fon mari, on peut juger qu'elle étoit décédée avant lui. Mais elle avoit laiffé un fils, Amalaric Roi des Vifigots, celui dont Théodoric avoit jufques à fa mort gouverné les Etats. La troifiéme des Princeffes filles du Roi des Oftrogots, étoit la célébre Amalafonthe, qui devoit être la cadette de fa fœur Théodegote, puifqu'elle ne fut mariée avec (4) Eutharic Cillica de la Maifon des Amales, qu'en l'année cinq cens quinze. Eutharic mourut avant Théodoric, mais il laiffa de fon mariage avec Amalafonthe une fille nommée Mathafonthe, & un fils nommé Athalaric, qui avoit environ dix ans lorfque fon grand - pere Théodoric mourut en cinq cens vingt-fix. Ainfi lorfque le Fondateur de la Monarchie des Oftrogots ceffa de vivre, il avoit pour héritiers naturels deux petits-fils, Amalaric Roi des Visigots, & Athalaric fils d'Amalafonthe.

Amalaric étoit bien fils de l'aînée des filles de Théodoric, mais il n'étoit pas, du côté de fon pere Alaric fecond, de la Nation des Oftrogots; &, comme on l'a déja vû, & ainsi qu'on va le voir encore, ces deux Nations quoiqu'elles fuffent originairement deux effains du même Peuple, fe regardoient néanmoins comme des Nations étrangeres. Le fils de Théodegote ne devoit donc pas prétendre fuivant les coutumes & les ufages obfervés alors parmi les Barbares, jouir en fon nom de la Couronne des Oftrogots. D'ailleurs Amalaric avoit recueilli en vertu de fa naissance, un affez bel héritage. Il étoit Roi des Visigots. Le Roi des Oftrogots nomma donc pour fucceffeur de fes Etats, le fils d'Amalafonthe; & il fe contenta de remettre au fils de Théodegote les Etats qui compofoient la Monarchie des Vifigots, & dont il avoit toujours gardé l'administration depuis la mort d'Alaric fecond. (b) Théodoric, dit Jornandès, le voyant avancé

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(a) Florentius. Anthemius. His Confulibus, Dominus nofter Rex Theodoricus filiam fuam Dominam Amalazuntam gloriofi viri Domini noftri Eutharici matrimonio, Deo aufpice, copulavit. Faft. Caf. ad ann. 515.

nium perveniffet, & fe in brevi ab hac luce egreffurum cognofceret, convocans Gothos fuos Comités, & Gentis fuæ Primates, Athalaricum infantulum adhuc vix decennem, filium Amalafuentha, qui patre Eutharico orbatus erat, Regem conftituit, eifque in (b) Sed poftquam Theodericus ad se- | mandatis dedit, ac fi teftamentali voce de

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» en âge, & près de fa fin, il fit affembler ceux des Oftrogors qui avoient des emplois, & les principaux Citoyens de cette Nation, & il déclara devant eux Athalaric, qui n'avoit encore que dix ans, fon fucceffeur dans ceux des differens Etats qu'il gouvernoit, defquels il étoit Proprietaire. Il ajouta que cette déclaration auroit la même force qu'un teftament fait » dans toutes les formes, qu'il enjoignoit au furplus à ceux qui l'écoutoient, de bien fervir leur jeune Roi, d'aimer le Sénat » & le Peuple Romain, & d'entretenir toujours une bonne correfpondance avec l'Empereur d'Orient.

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On voit

par la lettre qu'Athalaric, dès qu'il fut monté fur le Trône, écrivit à Juftinien, que le nouveau Roi des Oftrogots accomplit exactement les dernieres volontés de fon ayeul. Ent voici (a) un extrait: » Vous avez autrefois élevé au Confulat » mon ayeul Théodoric. Vous avez daigné envoyer à mon pere jufques dans l'Italic, la robe triomphale; & pour vous l'atta» cher encore plus étroitement, vous l'avez déclaré votre fils d'armes, & vous avez bien voulu ainfi adopter un Prince qui » étoit prefque de votre âge. Etant auffi jeune que je le fuis, vous m'adopterez avec encore plus de convenance. Daignez donc acquérir par vos bienfaits quelque fupériorité fur mes Etats. » Mareconnoiffance vous y rendra maître encore, plus que vous » ne l'êtes dans les vôtres. Voilà pourquoi j'ai nommé tel & tel "mes Ambaffadeurs auprès de votre Sérénité, & je les charge par » leur inftruction de vous prier de m'accorder votre amitié aux » mêmes conditions que les Princes vos prédéceffeurs ont ac"cordé la leur à mon ayeul de glorieuse mémoire.

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Il eft clair par cette lettre, & c'eft une obfervation qu'on ne fçauroit s'empêcher de faire plus d'une fois, que les Rois Oftrogots vouloient bien reconnoître dans les Empereurs d'Orient une fupériorité de rang, mais non pas une fupériorité de jurifdiction; & qu'ils fe croyoient en droit de traiter avec ces Empereurs de couronne à couronne. C'est ce qui peut confirmer dans l'opinion que Zénon avoit cédé purement & fimplement tous les droits de

nuntians ut Regem colerent, Senatum, Populumque Romanum amarent, Principemque Orientalem placatum femper & amicum haberet. Jornandes de rebus Get.

(a) Juftiniano Imperatori Athalaricus Rex...... Vos avum noftrum in veftra Civitate celfis Curulibus extuliftis, vos patrem meum in Italia Palmatæ claritate decoraftis. Defiderio quoque concordiæ factus

eft per arma filius, quamvis pæne vobis videbatur æquævus. Hoc nomen adolefcenti convenentius dabitis....... Quapropter Hunc & illum Legatos noftros æftimaviinus effe dirigendos, ut amicitiam nobis illis pactis, illis conditionibus concedatis, quas

cum divæ memoriæ Domno avo noftro inclitos deceffores veftros conftat habuifle. Caffiod. variar. lib. 8. Ep. prima.

l'Empire d'Orient fur l'Italie à Théodoric, & qu'il n'y avoit point envoyé ce Prince en qualité de fon Lieutenant, lorfqu'il l'y envoya pour délivrer Rome de la tyrannie d'Odoacer. C'eft de quoi nous avons parlé affez au long fur l'année quatre cens quatre-vingt-neuf. Je reviens à l'avenement d'Athalaric à la Cou

ronne.

Ce Prince eut donc l'Italie, & Amalaric l'Espagne. Quant aux Provinces des Gaules qui obéiffoient à la Nation Gothique, voici comment elles furent partagées en fuivant la difpofition de Théodoric. (4) » Les Gots, on fçait bien que dans le style de Procope, les Gots dits abfolument, font les Oftrogots, >> eu»rent la partie de ces Provinces, qui par rapport à l'Italie, eft » en-deçà du Rhône; & les Viligots eurent la partie qui eft au» delà de ce Fleuve. » Le Lecteur fe fouviendra bien que la partie des Gaules qui échut à Athalaric, étoit celle que Théodoric avoit poffedée de fon chef, l'ayant conquise en differens tems fur les Bourguignons, & que le lot d'Amalaric fut précifément la partie des Gaules, qui avoit été de la Monarchie des Vifigots. Ils l'avoient confervée après la mort d'Alaric fecond, comme on l'a vû, & Théodoric y avoit été le maître à titre de Tuteur & d'Administrateur des biens de fon petit-fils encore pupille. Il est vrai qu'Athalaric garda la Ville d'Arles, quoiqu'elle eût été du Royaume d'Alaric fecond, & qu'elle dût par cette raison être du Royaume d'Amalaric. Mais les convenances demandoient abfolument que les Oftrogots gardaffent cette Ville dont ils étoient actuellement en poffellion. En premier lieu, elle étoit affise à leur égard en-deçà du Rhône, qui étoit une féparation naturelle des Contrées qu'eux & les Vifigots tiendroient dans les Gaules. En fecond lieu, elle étoit dès le tems des Empereurs le Siége de la Préfecture des Gaules, qu'il importoit tant au Roi des Oftrogots de maintenir en crédit. Nous en avons dit ci-deffus les raifons. Athalaric donna-t'il ou non.à fon coufin une compenfation pour Arles? Quel fut cet équivalent? J'ignore tout cela.

(4) Amalaricus Rex Vifigothorum Gallias cum Gothis & Athalarico confobrino fuo ita divifit ut Gothis cefferit quidquid eft cis Rhodanum fluvium, partes vero trans illum pofitæ in Vifigothorum ditione manferunt. Convenit etiam inter ipfos, ut vectigal quod conftituerat Theodoricus, non penderent amplius Gothis. Quidquid opum ex urbe Carcaffiane idem abftulerat, Atha

laricus bona fide Amalarico reftituit. Quoniam vero hæ duæ Gentes connubiis affinitates junxerant, unicuique viro qui uxorem è Gente altera excepiffet, permiffa eft optio utrum mallet uxorem fequi, an ad Gentem ex qua ipfe effet, eam traducere. Uxores multi abduxerunt arbitratu fuo, multi fecuti funt.

Procop. de bello Got. lib. pr. cap. 13.

Procope

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Procope reprend la parole: Du confentement d'Athalaric, » les Viligots furent difpenfés de lui payer les redevances an»nuelles, que Théodoric leur avoit impofées. Il fut même convenu qu'Athalaric reftitueroit à fon coufin Amalaric, le tre» for des Rois Viligots, que Théodoric avoit autrefois empor»té de Carcaffonne, pour le porter à Ravenne. Enfin il fut ftipulé que ceux des Oftrogots qui s'étoient mariés dans les Pays qui devoient demeurér aux Vifigots, & réciproquement que » ceux des Viligots qui s'étoient mariés dans les Pays qui de» voient demeurer aux Oftrogots, auroient les uns & les au» tres, à leur choix, la faculté de demeurer dans le Pays où ils » s'étoient domiciliés, ou celle d'emmener leur famille avec » eux, s'ils jugeoient à propos d'en fortir, pour fe retirer » dans les Pays de l'obéiffance du Roi de la Nation dont ils » étoient. On voit par-là que, comme nous venons de le dire, les Visigots & les Oftrogots, qui n'étoient originairement que deux Tribus ou deux Effains d'une même Nation, n'avoient pas été confondus les uns avec les autres, quoiqu'ils habitafTent pêle-mêle dans les mêmes Contrées depuis vingt ans. Il faut une convention spéciale, afin que les Vifigots qui s'étoient mariés dans le Pays des Oftrogots, & que les Oftrogots qui s'étoient mariés dans le Pays des Vifigots, puiffent être Citoyens de la Tribu dont ils n'étoient pas iffus, au cas qu'ils veuillent refter dans la Patrie de leurs femmes. Qu'on juge après cela combien les ufages & les mœurs de ces tems-là s'oppofoient à ce que les Nations, qui étoient étrangeres en quelque forte les unes à l'égard des autres, ne vinffent à s'incorporer & à fe confondre.

Nous avons déja dir quelle fur la destinée d'Amalaric, comment il fut tué à Barcelonne vers l'année cinq cens trente & un, & à qui fes Etats pafferent après lui. Pour Athalaric, il resta jusques à fa mort arrivée en cinq cens trente-quatre, fous la conduite de fa mere Amalafonthe. Quoique la coutume obfervéc parmi les Ostrogots ne permît point qu'une femme regnât en fon nom, elle permettoit néanmoins qu'une femme regnât fous le nom d'autrui. Athalaric avoit à peine atteint l'âge de dix-huit ans qu'il mourut. Dès qu'il fut mort, Amalafonthe devint auffi célébre par fes malheurs, qu'elle l'avoit été jufques-là par son élévation & par fes vertus. La coutume des Oftrogots ne lui permettant pas de regner fous fon regner fous fon nom, elle crut qu'elle devoit affocier un homme à fon trône, & qu'elle pourroit regner auffi gloricufement fous le nom d'un mari, qu'elle avoit regné jufques-là sous le

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'nom d'un fils. Dans cette idée elle affocia à fon trône & probablement à fon lit Théodat, un de fes coufins, & celui des Grands de la Nation des Oftrogots, qu'elle crut le plus propre à bien obferver les conditions aufquelles cette Princeffe vouloit affujettir son époux ou fon collegue, & qu'elle exigea de lui. On fe doute bien qu'une des premieres conditions étoit, que Théodat ne fe prévaudroit point de fon titre, quel qu'il fût, pour lui ôter l'adminiftration de l'Etat, & pour lui ravir une autorité, plus chere que la vie à celles qui l'ont exercée durant un tems. En effet, l'Hiftoire eft remplie de Princes qui ont abdiqué la Couronne, mais on y trouve un très-petit nombre de Princeffes qui fe foient dépouillées volontairement du pouvoir fouverain.

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On va voir par un fragment de la lettre qu'Amalafonthe écrivit au fujet de fon choix à Juftinien (4), qu'elle ne vouloit point trop avouer que fon fexe la rendît incapable de porter feule la Couronne, & qu'elle prétendoit tenir de fa naissance, du moins, le droit d'affocier au pouvoir fuprême la perfonne qu'il lui plairoit de choifir. » Nous avons, dit-elle, fait mon»ter fur le Trône un Prince notre coufin, afin qu'il nous aide » par la fermeté de ses confeils, à foutenir le poids du Sceptre. Amalafonthe ajoute à quelques lignes de-là: » Rien ne fait » tant d'honneur aux Princes, que de vivre en bonne intelli"gence les uns avec les autres, mais l'union qui regnera entre l'Empereur d'Orient & nous, me fera toujours un honneur fingulier, puifqu'il n'y a point de Souverain, fi grand qu'il puiffe être, dont la fplendeur ne foit encore augmentée par » l'établissement de l'unanimité entre Juftinien & lui.

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Nous obferverons encore, à l'occafion de ces dernieres paroles, qu'elles font voir auffi-bien que le contenu de la lettre d'Athalaric à Juftinien, laquelle nous venons de rapporter, que les Rois des Oftrogots fe prétendoient abfolument indépendans de l'Empire d'Orient. Ces Princes prétendoient être à cet égard dans tous les droits des Empereurs d'Occident prédéceffeurs d'Auguftule. En effet le terme d'unanimité, dont Amalafonthe fe fert ici, étoit, comme je l'ai déja remarqué à l'occasion de l'avenement d'Avitus à l'Empire d'Occident en quatre cens cinquante-cinq, le terme confacré, dont les Empereurs d'Occicordia Principum deceat, veftra tamen abfolute me nobilitat, quoniam ille redditur amplius excelfus, qui veftræ gloriæ fuerit unanimitate conjunctus. Caff. var. lib. 10. Ep. 1.

(a) Juftiniano Imperatori, Amalafontha Regina. Perduximus ad fceptrum virum nobis paterna affinitate conjunctum, qui Regiam dignitatem communis confili robore nobifcum fuftineret... ... Nam licet con

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