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» lui fembloit un droit pour être promû à cet Evêché, lorsqu'il » deviendroit vacant. Mais le cas étant arrivé, on n'eut point d'égard aux prétentions d'Euftrapius, qui fe retira à Selles, où il fut tué d'un coup de lance par les Teifales qui s'étoient foulevés, & aufquels il avoit fait précedemment bien de la peine. Après la mort d'Euftrapius, l'Eglife de Poitiers fe re» mit en poffeffion de la partie de fon Diocèfe, dont il avoit été Chorevêque. (a)

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Le même Historien dit en parlant du bienheureux Sénoch, un de fes contemporains: » (b) Il étoit Teifale de Nation, & » né dans le Bourg du Diocèse de Poitiers, qu'on appelle la Tei» falie. « Il falloit que cette poignée de Teifales ne fut core confondue depuis fept ou huit générations avec les anciens habitans du pays où elle avoit été tranfplantée; car quand Gregoire de Tours écrivoit, il y avoit déja, comme on l'a vû, cent foixante & dix années au moins, que nos Scytes habitoient dans le Diocèfe de Poitiers. Cela montre bien que les hommes avoient alors pour les coutumes & pour les ufages de leurs peres, un attachement qui empêchoit principalement les Nations differentes qui habitoient le même pays, de fe confondre auffi facilement qu'elles fe confondroient aujourd'hui.

On a vu dans le premier Livre de cet Ouvrage, que dès le tems où les Gaules étoient encore foumises aux Empereurs Romains, on appelloit une partie de la côte de la feconde Lyonoise, ou de la Province qui eft aujourd'hui la Normandie, le Rivage Saxonique, à caufe des Saxons à qui l'on y avoit donné des quartiers. On y retrouve cette Peuplade de Saxons fous le regne des petits-fils de Clovis. (c) Vers l'année cinq cens foixante & dixhuit, le Roi Chilpéric fit marcher les Tourangeaux, les Poitevins & les Habitans de plufieurs autres Cités contre Varochius, qui vouloit fe cantonner dans la petite Bretagne. Durant cette guerre, Varochius enleva par furprise le quartier des Saxons Beffins ou des Saxons domiciliés dans la Cité de Bayeux, une des Cités de la feconde Lyonoife, & qui faifoient une partie de l'armée de Chilpéric.

(a) Tempore verò Regis Chlotarii, Eu- | rò fuas Pictava Ecclefia recepit. ftrapius ad Clericatum accedens apud Sellenfe Caftrum quod in Pictava habetur Diocefi........ Euftrapius quoque regreffus ad caftrum fuum mota fuper fe Theifalorum feditione quos fæpe gravaverat, lancea fauciatus crudeliter vitam finivit. Dioceses ve

Greg. Tur. Hift. Lib. 4. cap. 18. (b) Igitur beatus Senoch Theifagenere lus Pictavi Pagi quem Theifaliam vocant, oriundus fuit. Ibid. de Vitis Patrum, cap. 15

(c) Dehinc Turonici, Pictavi cum aliis multis in Britanniam ex juffu Chilperici Re

En 481.

Environ douze ans après, la guerre fe raluma entre les Francs & les Bretons Infulaires, établis dans la troifiéme des Lyonoifes, & de qui nous allons parler. Gregoire de Tours écrit que la Reine (4) Frédégonde, laquelle trahiffoit fon propre parti qui étoit celui des Francs, parce qu'elle haïffoit le Général qui commandoit leur armée, engagea les Saxons Beffins à marcher au fecours des Bretons. Ces Saxons, afin qu'on ne les reconnût point, fe firent couper les cheveux auffi courts que les portoient les Bretons, qui comme les Gaulois, étoient devenus des Romains. Nos Saxons prirent encore des vêtemens semblables à l'habillement des Bretons.

Ceux de nos Ecrivains qui ont prétendu que les Bretons Infulaires fuffent établis dans les Gaules, avant même l'évenement de Clovis à la Couronne, ne font tombés dans cette erreur que avoir confondu les Bretons avec les Armoriques des Gaufes. Ils ont cru que les uns & les autres fuffent le même Peuple, parce qu'on les trouvoit durant le même fiecle, établis dans la même contrée. J'ai affez bien expliqué quels étoient ces Armoriques, pour perfuader que les Auteurs du cinquième & du fixiéme fiécle n'ont jamais voulu défigner par le nom d'Armoriques les Bretons Infulaires. L'on n'a donné quelquefois le nom d'Armoriques à nos Bretons, que dans les âges poftérieurs, & long-tems après qu'ils ont eu établi leur Colonie dans une partie du Gouvernement Armorique ou du Tractus Armoricanus, dont il eft parlé dans la Notice de l'Empire.

Quant aux tems où la Peuplade des Bretons Infulaires s'est établie dans les Gaules, je ne crois point qu'elle s'y foit établie avant l'année cinq cens treize, c'est-à-dire, quinze ans après que tout le pays tenu par la Ligue ou la Confédération Armorique fe fût foumis à l'obéiffance de Clovis. Ce tems-là eft celui où les progrès que faifoient journellement dans l'Ile de la Grande Bretagne les Saxons & leurs Alliés, réduifirent une partie de fes anciens Habitans, à paffer la mer pour venir chercher fur les côtes des Gaules une autre Patrie. Voici donc les faits fur lefquels je fonde mon opinion.

Suivant Beda, Ecrivain né dans la grande Bretagne en fix

gis abierunt contra Varochium......
Sed ille dolofe fuper Saxones Baiocaffinos
ruens maximam exinde partem interfecit.

Greg. Tur. Hift. Lib. 5. cap. 27.

(a) Feredegundis enim cum audiffet quod in hoc procinctu Beppolenus abiret, quia

ei jam ex anteriore tempore invifus erat, Baiocaffinos Saxones juxta ritum Britannorum tonfos atque cultu vestimenti compofitos, in folatium Varochi abire præcepit, Ibid. Lib. Hift. decim, cap.nono.

cens foixante & douze, ce fut l'an de l'Incarnation quatre cens quarante-neuf (4), que la Nation des Anglois ou des Saxons fit fa defcente dans la grande Bretagne, où elle étoit appellée pour tenir tête à d'autres Barbares qu'on y avoit fait venir pour les opposer aux Pictes, & où elle fe brouilla bientôt avec les anciens Habitans, c'est-à-dire, avec les Bretons. Dans le Chapitre fuivant, ce même Auteur dit : » Après que la guerre eut » été allumée entre les Saxons & les Bretons, la fortune fe dé» clara tantôt pour les anciens habitans de l'Ifle, tantôt pour » les Saxons. Enfin le fuccès de la guerre parut incertain juf»ques au blocus de Banefdown, qui fe fit environ quarante» quatre ans après la defcente dont j'ai parlé. « Ainfi ce fut vers l'année quatre cens quatre-vingt-treize, que les Saxons bloquerent Banefdown (b) qui eft une montagne au pied de laquelle est Bath, Ville Epifcopale d'Angleterre, & fur laquelle étoient, fuivant les apparences, les principales places d'armes des Bretons, & leurs meilleurs poftes.

Dès qu'on jette les yeux fur la carte, on voit bien que tant que les Bretons tinrent Banefdwon, ils purent à la faveur des rivieres & de quelques poftes retranchés qui s'étendoient jusqu'à la Manche, conferver les pays de l'Angleterre qu'on défigne par le nom de pays de Galles, & ceux qu'on défigne par le nom des Comtés de l'Ouest. Mais dès que les Saxons fe furent rendus Maîtres de Banefdown, nos Bretons fe trouverent relegués audelà du Golfe de Bristol, & réduits à peu près à ce qui s'eft appellé depuis le pays de Galles, ou le pays des Gaulois. Alors plufieurs de ces Bretons qui ne vouloient pas vivre fous l'obéiffance des Saxons, ou qui fe trouvoient trop ferrés dans le auquel ils étoient réduits, auront pris le parti de fe retirer dans les Gaules, & ils l'auront pris d'autant plus volontiers, qu'ils étoient eux-mêmes Gaulois d'origine, & qu'ils parloient encore la Langue de leur ancienne Patrie.

(a) Anno ab Incarnatione Domini quadringentefimo quadragefimo nono. Tunc Anglorum five Saxonum Gens invitata à Rege præfato, Britanniam advehitur.

Bed. Hift. Eccl. Lib. pr. cap. 15. Edit. Combr. pag. 57.

Ex eo tempore nunc hoftes nunc cives vincebant ad annum obfidionis Badonici montis quando non minimas iifdem hoftibus ftrages dabant, quadragefimo & quarto circiter anno adventus eorum in Britanniam,

Ibidem, capite decimo fexto.

pays

(b) Aquæ folis, Aqua calida Ptol. Mons Badonius five Badonicus Bedæ, postea Bathonia, nunc Bath vulgo.

Banodicus Mons, Banefdown Cambdeno. Mons Britanniæ in Anglia ad quem Bathonia eft Urbs Epifcopalis fub Archiepifcopatu Cantuarienfi....

Lexii Ferrarii Edit. Londinenfis, pag. 28. & pag. so.

P. 321.

Si Béda nous apprenoit l'année que les Saxons fe rendirent maîtres du Boulevard de Banefdown, dont la prife fut un évenement décifif, lui qui nous apprend l'année qu'ils en commencerent l'attaque, nous fçaurions en quel tems les premiers Bretons Infulaires feroient venus s'établir dans le Pays connu aujourd'hui fous le nom de Baffe Bretagne. Malheureusement Béda ne le dit point; mais je crois que nous trouvons cette datte dans la Chronique de l'Abbaye du Mont Saint Michel, publiée par le Pere Labbe. On y voit (a) que ce fut l'année cinq cens treize, & par conféquent environ deux ans après la mort de Clovis, que les Bretons d'Outremer vinrent s'établir fur la côte du Gouvernement Armorique, c'est-à-dire, dans le Pays appellé depuis par cette raifon la petite Bretagne. Voilà pourquoi Gregoire de Tours a écrit: Que depuis la mort de Clovis les Bretons ont "toujours (b) été Sujets des Rois Francs. La mort de ce Prince & l'arrivée des Bretons dans les Gaules, auront été deux évenemens fi voifins, qu'on pouvoit dater le moins connu par la date du plus célebre.

Suivant les apparences, les Saxons auront été obligés de faire la guerre durant plufieurs années, avant que de pouvoir venir à bout de forcer tous les retranchemens & d'emporter les forts & tous les poftes que nos Bretons avoient fur ces montagnes. Il fe fera écoulé près de vingt ans entre le commencement du blocus de Banefdown & la prife de la derniere Retirade des Bretons. D'ailleurs, on peut voir dans les Annales du Pere le Cointe, fur Tom. 1. Ann. l'année cinq cens vingt, plufieurs extraits de la Vie de Saint Gildas & de l'Hiftoire de Béda, qui font foi que cette année-là il paffa encore dans les Gaules un grand nombre de Bretons qui venoient y joindre probablement ceux de leurs compatriotes, qui fept ans auparavant y avoient commencé un établissement. Enfin, Gregoire de Tours ne fait aucune mention de Bretons établis dans les Gaules, il ne nomme jamais les Britones parmi les Peuples qui faifoient leur demeure dans cette grande Province de l'Empire, lorfqu'il écrit l'Hiftoire des tems antérieurs à Clovis, & même celle du regne de Clovis. Il est vrai, comme nous l'avons vû, qu'il fait mention d'un Corps de Bretons infulaires, qui avoient des quartiers dans le Berri fous Anthemius;

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(b) Nam femper Britanni fub Francorum poteftate poft obitum Regis Chlodevechi fuerunt, & Comites non Reges appellaui Lant, Greg. Tur, Hist, Lib. 4. cap. 4.

mais comme nous l'avons vû auffi, c'étoit un Corps de troupes nouvellement levé dans la Grande Bretagne pour le fervice de l'Empire. On a même expliqué que ce Corps étoit compofé d'Habitans de la Grande Bretagne, & non point d'Habitans des Gaules. Gregoire de Tours ne commence à faire mention des Bretons comme d'un Peuple, pour ainfi dire, domicilié dans les Gaules, que lorsqu'il en eft venu à l'Hiftoire des Succeffeurs de Clovis, fous lefquels ils s'étendirent.

Ainfi nos Bretons n'ayant cherché un azile dans la troisième Lyonoife qu'après qu'elle eut paffé fous la domination de ce Prince; ils n'y auront été reçûs qu'à condition de fe foumettre à fon autorité. Quand même il feroit vraisemblable, ce qui n'eft pas, que leur Colonie y eût été fondée avant la réduction des Armoriques à l'obéiffance de Clovis, on devroit fuppofer que cette Colonie auroit eu la même destinée que les anciens Habitans du territoire où elle auroit été reçue, & avec lesquels elle auroit été incorporée. Il n'y a aucune preuve du contraire de tout ce que je viens de dire, & il eft contre toute apparence qu'une poignée de fugitifs eût fait tête à un Prince auffi puiffant que l'étoit alors Clovis, du moins, fans que l'Hiftoire eût fait quelque mention de cette réfiftance. Sur ce point-là, je me refere aux doctes Ecrits publiés en differens tems, pour montrer que toute la petite Bretagne a toujours reconnu les Rois des Francs pour fes Seigneurs. On trouvera dans ces Ecrits une folide réfutation de la preuve la plus plaufible qu'alléguent les Auteurs qui ont foutenu le fentiment oppofé, laquelle eft tirée de ce qu'un Evêque Breton a foufcrit les Actes du Concile tenu à Tours en l'an- de l'Etabl. des. née quatre cens foixante & un.

Hift. Crit.

Bretons dans les Gaules,

Tom. I. pag.

Quelle eft la Loi fuivant laquelle auront vêcu les Bretons Infulaires établis dans les Gaules? Ils auront ainsi que les Romains S1 de leur voifinage, vêcu felon le Droit Romain, jusques à ce que les révolutions dont nous parlerons un jour, y ayent fubftitué les Coutumes. On vient de lire que les Saxons Beffins, pour fe déguiser en Bretons, s'étoient coupé les cheveux très-court, & qu'ils avoient pris des habits differens de ceux que les Peuples Germaniques dont ils étoient un, portoient ordinairement. Or comme il n'y avoit alors que les Romains qui portaffent des cheveux courts, il paroît que nos Saxons pour fe rraveftir en Bretons, s'étoient traveftis en Romains, & par confequent que nos Bretons Infulaires étoient encore vêtus à la Romaine. Voilà de quoi fortifier notre conjecture fur la Loi fuivant laquelle les

Tome II.

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