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me il n'y avoit point d'apparence que ce Prince eût voulu fe faire baptifer dans l'Eglife de faint Martin de Tours, parce que Tours étoit alors au pouvoir des Vifigots, & n'eft venu au pou voir des Francs qu'environ douze ans après la converfion de Clovis, on a crû qu'il avoit reçû le Baptême dans une Eglife de S. Martin, bâtie dans la Ville de Reims. Mais cela ne s'accorde point avec la narration de Gregoire de Tours, qui dit pofitivement, que Clovis reçût le Baptême dans un Baptiftére, & il n'y avoit que les Eglifes Cathédrales qui en cuffent. Ainfi j'aime mieux croire qu'un Copiste qui vouloit dépêcher fa tâche, aura mis en transcrivant la Lettre de Nicetius un grand D, & une grande M, pour fignifier Diva Maria, & qu'un autre Copiste qui aura voulu mettre ces deux mots tout au long, aura écrit Domini Martini. Je conclus donc que le Roi des Francs doit avoir été baptifé dans le Baptiftére construit auprès de l'Eglife Cathédrale de Reims dédiée à la Vierge, Diva Maria.En effet l'Empereur Louis le Debonnaire dit pofitivement dans fa Chartre octroyée en faveur de l'Eglife Cathédrale de Reims, & qui eft rapportée dans l'Hiftoire de Flodoard; » Que c'étoit dans cette Eglife-là (4), que le Fondateur de notre Monarchic, lequel portoit le » même nom que nous, avoit reçû le Baptême par les mains » de faint Remy. Perfonne n'ignore que Clovis & Louis, font » le même nom. Qu'alleguer contre un pareil témoignage ? Quant à la fainte Ampoule dont on fe fert encore au Sacre de nos Rois: Voici ce qu'en dit Hincmar:

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(b) Dès que Clovis & faint Remy furent entrés dans le » Baptiftére, la foule remplit fi bien toutes les avenues, que l'Eccléfiaftique qui apportoit le faint Crême, & qui n'étoit » point venu en même tems qu'eux, ne put jamais arriver jus

homo aftutiffimus noluit acquiefcere antequam vera agnofceret. Cum ifte quæ fupra dixi probata cognovit, humilis ad Domini Martini limina cecidit & baptifari fe fine mora permifit.

Du Chefne, tom. pr. p. 855. (4) Jan dicte Metropolis urbis fancta Mater noftra Ecclefia, in honore fanctæ femperque Virginis Genitricis Maria confecrata exif. feret, in qua autore Deo & cooperatore fan&o Remigio, Gens noftra Francorum cum æquivoco noftro Rege ejufdem gentis, ablui & feptiformis Spiritus fancti gratia illustrari promeruit.

Flodoard. Hift. Eccl. Rem. lib. 2. pag. 258. (b) Cum vero perveniffent ad Baptifte

rium Clericus qui Chrifma ferebat à l'opulo eft interceptus ut ad fontem venire nequiverit. Sanctificato autem fonte, nutu divino Chrifma defecit. Et quia propter populi preffuram ulli non patebat egreffus vel ingreffus Ecclefiæ, Pontifex oculis & manibus protenfis in Colum cœpit tacite orare cum lacrymis. Erecce fubito Columba nive candidior attulit in roftro Ampullulam Chrif mate Sancto repletam, cujus odore mirifico fuper omnes odores quos ante in Baptifte rio fenferant, omnes qui aderant inæstima bili fuavitate repleti funt. Accipiente autem fancto Pontifice ipfam Ampullulam, fpecies Columbæ evanuit.

Hinem. vita Remigii.

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qu'aux Fonts. Le faint Pontife quand il lui fallut faire les On»ctions, tourna donc les yeux vers le Ciel, comme pour prier de vouloir bien lui fuggerer quelque moyen de fortir de » la peine où il fe trouvoit. Dans l'inftant on vit une Colombe plus blanche que la neige, apporter à Remy une Ampoule pleine d'Huile, & difparoître auffi-tôt qu'elle l'eût remife entre fes mains. Il fe fervit donc de cette Huile pour faire les » Onctions accoutumées, & l'odeur qu'elle repandit étoit fi » fuave, que tous les Affiftans dirent qu'ils n'en avoient jamais » fenti une pareille.

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Il eft vrai que Gregoire de Tours ne parle point de ce miracle, mais nous avons déja remarqué dans la Préface de cet Ouvrage, qu'on ne pouvoit gueres fonder aucun argument négatif fur le filence de cet Hiftorien. D'ailleurs Hincmar s'eft fervi, pour composer la Vie de Saint Remy, de plufieurs Livres anciens que nous n'avons plus, & il fe peut bien faire que ce foit dans un de ces écrits, qu'Hincmar ait trouvé ce qu'il dit concernant la fainte Ampoule.

Nous avons expofé en parlant du nombre des Sujets qu'avoit Clovis à fon avenement à la Couronne, ce qu'il y avoit à remarquer touchant le nombre des Francs qui reçurent le Baptême avec lui.

CHAPITRE VI I.

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De la joye que les Catholiques témoignerent en apprenant la converfion de Clovis,& de la Lettre que Saint Avitus lui écrivit pour l'en feliciter. Négociations des Barbares établis dans les Gaules, à Conftantinople. Guerre des Bourguignons contre les Oftrogots d'Italie.

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INCMAR nous donne en peu de mots l'idée de la joye que la converfion de Clovis caufa parmi tous les Catholiques. Les Anges, dit-il, s'en réjoüirent dans le Ciel, & toutes les perfonnes qui aimoient Dieu (4) veritablement, s'en réjouirent fur la Terre.

(a) Et factum eft gaudium magnum in illa die Angelis fanctis in Colo, & homi

nibus devotis in terra.

Hincm. vit. Remigii,

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On n'a point de peine à le croire, dès qu'on fait reflexion à l'état où se trouvoit alors la Religion Catholique. La foi d'Anaftafe Empereur des Romains d'Orient étoit déja plus que fufpecte. Quant à l'Empire d'Occident, il n'y avoit dans fon territoire aucun Roi puillant qui fût Catholique le jour que Clovis fe convertit. Theodoric Roi des Oftrogots qui regnoit en Italie, & Alaric Roi des Vifigots qui tenoit prefque toute l'Espagne & le tiers des Gaules, étoient Ariens. Les Rois des Bourguignons & le Roi des Vandales d'Afrique étoient de la même Communion. Enfin les Rois des Francs établis dans les Gaules, profeffoient encore la Religion Payenne. Il n'y avoit donc dans le Monde Romain, le lendemain de la converfion de Clovis, d'autre Souverain que lui, qui fût orthodoxe, & de qui les Catholiques duffent efperer une protection capable d'empêcher les Princes Ariens de les perfécuter. Non-feulement les Evêques de la partie des Gaules qui reconnoiffoit le pouvoir de Clovis, mais auffi les Evêques qui avoient leurs Diocèfes dans les Provinces occupées par les Viligots ou par les Bourguignons; en un mot, tous les Evêques du Partage d'Occident auront regardé ce Prince comme un nouveau Machabée fufcité par la Providence pour être leur confolation, & même pour être leur liberateur. Enfin, bien que le tems ait détruit la plus grande partie des monumens litteraires du cinquième fiecle, il en refte encore affez pour montrer que Clovis devint après fon Baptême, le Héros de tous les Catholiques d'Occident.

Le premier de ces monumens, eft la Lettre que le Pape Anaftase II. qui avoit été élevé fur la Chaire de Saint Pierre, peu de tems avant la converfion de Clovis, lui adreffa pour l'en féliciter. Elle lui devoit être rendue par Eumenius, Prêtre de l'Eglise de Rome. Anastase dit dans cette Lettre :`» J'efpere que vous remplirez nos efperances (4), que vous deviendrez la plus précieufe des pierreries de notre Tiare, & que vous ferez la plus grande confolation de l'Eglife qui vient de vous enfanter » à Jesus-Christ. Notre cher, notre glorieux Fils, continuez à » donner des sujets de joye à votre Mere; foyez pour elle un

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(a) Gloriofo & illuftri filio Chlodovecho | Anaftafius Epifcopus. Quod Serenitati tux infinuare volumus per Eumenium Prefbyterum, ut cum audieris lætitiam Patris crefcas in bonis operibus, impleas gaudium noftrum & fis corona noftra, gaudeatque mater Ecclefia de tanti Regis quem nuper Deo Tome 11.

peperit profectu. Latifica ergo, gloriofe & illuftri Fili, matrem tuam & fis illi in columnam ferrcam ut cuftodiat te in viis tuis & det tibi in circuitu de inimicis tuis victoriam.

Le Cointe, ann. Eccl. Fr. tom. pr. pag. 194. L

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» foutien auffi folide qu'une colomne de fer, afin que

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res obtiennent du Ciel que vous cheminiez toujours dans la >> voye du falut, & qu'il faffe tomber à vos pieds les ennemis qui font autour de vous. « On voit bien que les ennemis dont parle ici Anaftafe, font principalement les Vifigots & les Bourguignons les uns & les autres étoient Ariens.

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C'est même des circonstances du tems où Clovis fe convertit, que fes Succeffeurs tiennent le glorieux nom de Fils aîné de l'Eglife qu'ils portent encore aujourd'hui comme un titre d'honneur qui leur eft particulier. Quand le Roi des Saliens fe fit baprifer, il n'y avoit alors en Occident, & nous venons de le dire d'autre Roi qui fût Catholique que lui. Il étoit alors parmi les Rois, non pas le Fils aîné, mais le Fils unique de l'Eglife. Quand la Providence a eu donné dans la fuite aux Succeffeurs de Clovis des Têtes Couronnées pour Freres en Jefus-Christ, ces Succeffeurs ont toujours confervé leur droit de primogeniture, & l'Eglife a toujours continué de les reconnoître pour ses Fils aînés.

Un autre monument du nombre de ceux dont nous avons à parler, eft la Lettre qu'Alcimus Ecdicius Avitus Evêque de Vienne & Sujet de Gondebaud, l'un des Rois des Bourguignons, écrivit à Clovis pour le féliciter fur fon Baptême. A en juger par la conduite que tinrent dans la fuite les Evêques des Gaules, y eut bien d'autres qu'Avitus qui écrivirent alors à Clovis, mais leurs Lettres fe feront perdues. Quoiqu'il en ait été, Avitus qui eut lui-même tant de part, comme nous le verrons, dans les événemens de la guerre que Clovis, trois ans après fon Baptême, fit aux Bourguignons, ne fe ménage point en écrivant à Clovis aa fujet de fa converfion. Avitus parle à Clovis non pas comme à un Prince Etranger, mais comme à fon Souverain. On voit d'un autre côté dans la Lettre d'Avitus que Clovis lorfqu'il eut enfin pris le parti de fe faire Chrétien, avoit donné part de fa réfolution à l'Evêque de Vienne, quoique ce Prélat ne fut pas fon Sujet, & qu'il l'avoit même informé du jour qu'il feroit baptifé. Nous rapporterons donc le contenu de cette Lettre & nous l'inférerons ici d'autant plus volontiers qu'elle met encore au fait de ce qui fe paffoit alors dans les Gaules, & qu'elle montre évidemment que les Rois Barbares qui s'y étoient établis, entretenoient des relations fuivies avec l'Empereur d'Orient; enfin qu'ils témoignoient une entiere déference pour la Cour de Conf tantinople.

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» (4) Il femble que la Providence vienne d'envoyer un ar» bitre pour décider lés queftions qui s'agitent entre les Com"munions Chétiennes. Un Prince auffi éclairé que vous, apprend aux autres hommes en choififfant un parti, quel eft » celui qu'ils doivent prendre. Votre converfion à la foi Catholique fera donc triompher l'Eglife de ses adversaires, d'autant plus certainement que cette converfion enfeigne encore qu'il » ne faut point avoir de répugnance à abjurer les erreurs de fes » Peres. Si vous avez l'obligation à vos ancêtres de vous avoir » laissé un Etat périffable & une Puiffance paffagere, vos def»cendans vous auront une obligation bien plus grande, puifque vous leur transmettez un tréfor tout autrement précieux, » je veux dire, l'avantage de naître dans le fein de l'Eglife: Que l'Empire d'Orient continue, j'y confens, à se yanter d'avoir » un Souverain Catholique ; mais cet Empire ne joüira plus feul » d'un pareil bonheur. L'Empire d'Occident le partage main» tenant. Un Roi qui regne depuis long-tems, eft devenu un >> nouvel aftre, dont les rayons vont éclairer auffi ce dernier Empire. Quel heureux augure que cet aftre fe foit levé le pro» pre jour de la Naiffance du Sauveur du monde, & que vous » ayez été régéneré dans les eaux du Baptême, au tems même » où l'Eglife celebroit la Nativité de Jefus - Christ. Le jour de » Noël déja fi cher aux Fideles, va leur devenir encore plus précieux, parce qu'il a été celui où vous vous êtes donné à Dieu » & à vos Freres! Quel fujet pour exercer l'éloquence de nos » Orateurs, que l'augufte cérémonie dans laquelle on vous ad» miniftra le Baptême! Si je n'y ai point été prefent corporel lement, j'y ai du moins affifté en efprit, quand le jour auquel » vous aviez eu la bonté de m'avertir d'avance qu'elle devoit fe faire, a été arrivé; ainfi dans le moment qu'on répandoit fur

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(4) Avitus Viennenfis Epifcopus Chlodoveco Regi...... Gaudeat ergo quidem Gracia habere fe principem legis noftræ fed non jam quæ tanti muneris dono fola mereatur illuftrari, quod non defit & reliquo orbi claritas fua. Si quidem & occiduis partibus in Rege non novo novi jubaris lumen effulgurat, cujus fplendorem congrue Domini Nativitas inchoavit, ut confequenter eo die ad falutem regenerari ex unda vos pareat, quo natum redemptioni fuæ cœli Dominum, mundus accepit. Igitur qui celeber eft natalis Domini fit & veftri; quo vos fcilicet Chrifto, quo Chriftus ortus est

| mundo, in quo vos animam Deo, vitam præfentibus, famam pofteris confecraftis. Quid jam de ipfa gloriofiffima regenerationis veftræ folemnitate dicatur, cujus minifteriis & fi corporaliter non accelli, gaudiorum tamen communione non defui. Quando quidem hoc quoque regionibus noftris divina pietas gratulationis adjecerit, ut ante Baptifmum veftrum ad nos fublimiffimæ humilitatis nuntius adveniret. Unde nos poft hanc expectationem, jam fecuros veftri facra nox reperit.

Epift. Aviti quadragefima prima Edit. Sirmondi, pag. 94.

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