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notas in Hift.

cunes lumieres d'ailleurs concernant ce Romain. Je rapporterai donc en premier lieu la Lettre écrite par Avitus fous le nom du Comte Sigifmond Fils, & dans la fuite Succeffeur du Roy Gondebaud, & adreffée à Vitalianus un des Sénateurs de l'Empire d'Orient. Suivant les apparences, c'est le même Vitalianus qui joua depuis un fi grand rolle dans cet Empire, & qui après avoir pris les armes contre Anaftafe, & puis fait la paix avec lui, fut anec. Procoaffaffiné fous le regne de Justin par les menées de Juftinien, le pii, pag .2 3. même qui fut dans la fuite Empereur. Juftinien craignoit que notre Vitalianus qui devoit être un homme de mérite & fort ambitieux, ne le traverfât dans le deffein de fuccéder fur le Thrône d'Orient, à l'Empereur Juftin frere de fa mere. Notre Lettre eft une de celles que nous venons de citer, & voici fon con

tenu.

» Pour juger fainement, vous devez tenir pour Romains. » ceux que vous avez revêtus des Dignités de l'Empire, & vous

ne devez point regarder avec l'indifference qu'on a d'ordinai » re pour les abfens, ceux que le fervice de notre commun Maî»tre oblige à faire leur réfidence dans des pays éloignés ( a ). » Aux vifites près que je ne fuis point à portée de vous rendre, je ne manque à rien de tout ce qui peut vous donner des mar» ques de mon amitié. Aujourd'hui il eft question de me ren» dre un bon office auprès de l'Empereur Anaftafe le meilleur de » tous les Princes, celui que vous & moi nous fervons. Vous l'as» furerez donc de mon attachement à fes interêts, que je cher » che fans ceffe l'occafion de lui en donner des preuves, & vous » lui direz que je viens d'être affez heureux pour contenter cette envie, puifque c'eft par mon entremife que mon pere Gondebaud, ce Roi qui vous aime fi tendrement, a obéï'à l'ordre Impérial qui enjoignoit de mettre en liberté le fils de votre client » Laurentius. Nous vous avions déja envoyé un bon Serviteur en vous envoyant le pere, & quand nous vous envoyons auf

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Sirmond, in motis ad Avit. P. 38.

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» fi le fils, nous augmentons encore le nombre de vos créatu» res. Lorfque nous voulons bien vous rendre ce fils-là, vous » pouvez juger fi nous faifons un bon traitement à fon frere » qui refte ici. J'efpere donc que Laurentius votre Soldat, & » que je vous ai recommandé autrefois, voudra bien à fon tour » me recommander à vous quand je vous rends un de fes fils, » afin que vous puiffiez l'avancer. La fatisfaction qu'aura leur » pere en revoyant l'un de fes enfans & en apprenant les bons » traitemens qu'on fait à l'autre dans fa Patrie, & que je me » propofe même de lui mener lorfque j'irai à Conftantinople, » méritera bien qu'il m'accorde la faveur que j'attends de lui. Nous parlerons dans la fuite du voyage de Sigifmond à la Cour de l'Empereur d'Orient.

Il eft fenfible par cette Lettre que Laurentius étoit né dans les Gaules, qu'il y avoit laiffe deux fils lorfque Gondebaud l'avoit envoyé à Conftantinople, où il s'étoit acquis une grande confideration, parce qu'il y étoit apparemment confulté fur les affaires de fa Patrie. Il paroît encore qu'il falloit que Laurentius depuis qu'il étoit en faveur à la Cour d'Anaftafe, ne s'y fût pas toujours conduit au gré de Gondebaud, puifque Gondebaud retenoit les fils de ce Romain malgré leur pere, & qu'ik n'obéïffoit pas même à l'ordre Impérial qui lui enjoignoit d'envoyer à Conftantinople un de ces fils. Quelle intrigue Laurentius y tramoit-il, au préjudice de Gondebaud? Il feroit curieux de le fçavoir pofitivement; mais il paroît par l'interêt que prit Clovis dans les affaires de Laurentius, auquel il fit rendre fon fils par la médiation de Sigifmond, qu'Avitus fçut faire agir à propos, que l'intrigue dont fe mêloit ou s'étoit mêlé Laurentius, fe tramoit, ou s'étoit tramée en faveur de Clovis.

Voici encore une feconde Lettre écrite comme la premiere, au nom de Sigifmond par Avitus, & qui concerne le fils de Laurentius. Elle eft adreffée à Celer qui étoit comme Vitalianus,. un des Senateurs de Conftantinople, & qui remplit dans la fuite les dignités les plus importantes de l'Empire d'Orient. » (a) Mon devoir & mon inclination ne me permettent pas

(a) Conftat non minus defiderii mei effe quam debiti ut officia quæ merito inclitæ magnitudini orbis devotus impendit, à me qui jam dudum gratiæ ejus videor obligatus, fpecialius excolantur. ... Quapropter cultoris veftri Viri illuftris Laurentii filium quem ad mundum fuum dirigi juffio reve

renda præcepit, magnificentia veftræ præfato largiffimæ folpitatis honore commendo. Augete ftudio defenfionis quod voluifti animo pietatis. In regione expetiit patrem, in vobis reperiat paternitatem. Tuimini etiam cum prole fufceptum... ... De cetero autem quantum ad fideles veftros pertiner,

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» de laiffer paffer, fans m'en prévaloir, aucune occafion de » donner des marques de mon dévouement au Prince que le » monde entier refpecte. Je profite donc de celle qui s'offre pour lui témoigner mon attachement comme ma reconnoiffance, & il ne me reste plus qu'à vous recommander ce fils » de Laurentius qu'un ordre refpectable appelle dans l'Empire » d'Orient. Que ce fils qui va chercher fon Pere dans des Pays fr éloignés, retrouve fa Patrie dans votre maifon ? Quant à vos Sujets fideles qui font dans nos quartiers, nous attendons toujours la commiffion que vous devez nous envoyer & que nous fouhaitons de recevoir, dans le deffein où nous fommes » de la bien faire valoir. Dieu veuille qu'un mot forti de la bou» che augufte de notre Empereur, & dont nous aurions la » preuve dans une Lettre écrite par une perfonne conftituée en une Dignité auffi éminente que l'eft la vôtre, puiffe faire jouir » la famille dont je fuis le Fils aîné, de la gloire attachée à l'éxer»cice des grands emplois de l'Empire Romain.

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Quelle étoit cette Dignité dont la famille Royale parmi les Bourguignons, attendoit le Diplome de Conftantinople? Y avoit on fait efperer à Gondebaud le Confulat d'Occident que l'accommodement de Theodoric & d'Anaftafe, dont nous parlerons dans la fuite, aura empêché Gondebaud d'obtenir? S'agitil feulement dans cette Lettre du Patriciat que Sigifmond obtint pour lui à quelque tems de-là, & qu'il pouvoit demander dès-lors? Qui peut le dire?

Il me vient une idée dans l'efprit, c'est qu'après avoir fait voir comment Sigifmond le fils aîné & le fucceffeur de Gondebaud, parloit dans les Lettres qu'il écrivoit à Conftantinople aux Miniftres de l'Empereur d'Orient, il convient de faire voir auffi en quels termes s'énonçoit ce Prince Bourguignon, lorsqu'il écrivoit à l'Empereur même. Voici donc le contenu d'une Lettre que Sigifmond écrivit après qu'il eût été fait (a) Patrice, à expectatam femper cupimus juffionem; optamus obedientiæ facultatem. Vos propitia divinitate præftate ut Romanam fub gloriofiffimo Principe noftro profperitatem in cujus apice digna honoris arce fulgemus, tam fermonis augufti, quam dignitatis veftræ refcripto, mereamur agnofcere.

Avit. Ep. 43.

(a) Epiftola ab Avito Viennenfi Epifcopo dictata fub nomine Sigifmundi ad Imperatorem. Si devotionem noftram qua vobis animo militamus etiam corporaliter præfentari,

obex temporum regionumque non patitur, quod nunc tamen habemus, quod unum tamen in votis, exercere tentamus officiis. Credimus enim toties coram facræ gloriæ veftræ obtutibus intromitti, quoties follicitudinis debitum ftudio paginæ famulantis offerimus. Nam licet mundum latere ne

queat veftra profperitas & orbem fuum radiis perfpicua claritatis illuftret, dulce tamen eft fi hi quos Militiæ fafcibus & peculiaris gratiæ pietate fuftollitis, quos in extremis terrarum partibus aulæ pollentis con

l'Empereur Anaftafe, & qui fut compofée ainsi que les prèce

dentes par Avitus.

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» Si la distance des lieux & les circonstances prefentes ne » nous permettent point encore d'aller en perfonne vous affu>> rer du dévouement que nous avons pour vous & comme votre » Soldat, & par inclination, nous tâchons au moins de montrer » par des effets que nous fommes penétrés des fentimens qu'il ne nous eft pas poffible de vous exprimer de bouche. Nous nous imaginons d'ailleurs que toutes les fois que nous vous >> faifons rendre une Lettre, nous avons le bonheur d'être ad» mis à votre audience & de vous feliciter fur la profpérité de » votre regne. Quoique votre gloire éclate de l'un à l'autre bout » du monde Romain, & qu'elle faffe par-tout l'entretien des Peuples & le motif de leur confolation, vous devez voir néanmoins avec quelque contentement que les perfonnes entre les mains de qui vous avez déposé une portion de votre pou» voir en leur conferant des Dignités qui leur communiquent le droit de faire porter les faifceaux devant elles, qui leur » donnent, tout éloignées qu'elles font de Conftantinople, un rang dans votre Cour & le glorieux avantage de pouvoir fe dire Romains, que ces perfonnes-là, dis-je, ayent encore plus » de joye que les autres des profperités de votre regne, dont vos vertus femblent mériter que la durée foit éternelle. Rien ne fait mieux connoître la grandeur de votre Empire que » la distance où font de votre Capitale, les lieux dans lefquels commandent vos Officiers. Il ne me refte plus qu'une » grace à vous demander, c'est de ne point oublier ceux que >>. vous avez comblés de vos bienfaits, & de n'en point perdre » le fouvenir, parce qu'ils habitent très-loin de votre Cour. Je » me flatte donc que vous m'accorderez cette priere, qu'en confequence vous recevrez avec bonté le Porteur de cette dépêche, & que vous daignerez même y faire une prompte ré ponse.

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༢༢

Il ne faut point dire qu'on ne doit pas fe faire fur cette Lettre une idée du refpect & de la déference, du moins apparen

tubernio & veneranda nominis Romani | participatione ditatis, fpecialiter gaudia vetræ perennitatis agnofcant, quæ generaliter cunctis fama concelebrat. Ornat quippe Imperii veftri amplitudinem longinquitas fubditorum & diffufionem Reipublicæ veftræ afferit quod remotius poffidemur. Unde fuf

cipite propitii, cum obfequio portitorem.... Illud fuper omnia deprecantes ut quia dig natio celfitudinis veftræ oblivifci non poteft beneficia fua, pro gratiarum actione qua fungimur, quain primum fereniffimi oris refponfa mereamur.

Avii Epift. fexagefima nena.

te, que les Rois Barbares établis dans les Gaules avoient pour l'Empereur d'Orient, parce qu'elle eft écrite par Sigifmond, quand il n'étoit pas encore Roi des Bourguignons, mais feulement le fils de leur Roi. Je rapporterai dans la fuite de cet Ou- Avit. Ep. 83. vrage deux Lettres écrites au même Anaftafe en cinq cens dix- & 84. fept, par le même Sigifmond après qu'il fut devenu par la mort de fon pere Gondebaud, le feul Roy des Bourguignons, & l'on verra dans ces deux Lettres autant de refpect & de foumiffion pour l'Empereur des Romains d'Orient, qu'on en a vû dans celle qui vient d'être traduite.

J'ajouterai ici pour finir ce que j'ai à dire concernant la relation que les Bourguignons entretenoient avec la Cour de Conftantinople, dans le tems de la converfion de Clovis, que Sigifmond y fit le voyage qu'il avoit déja projetté d'y faire, lorfqu'il écrivoit au Senateur Celer, la lettre dont nous avons donné la fubftance. C'est ce que nous apprenons de la feptiéme Lettre d'Avitus, écrite au Patriarche de Conftantinople. On pourroit trouver étrange que cette Lettre où il eft parlé du voyage dont la Lettre à Celer marque feulement le projet, fut la feptiéme dans l'ordre où font rangées les Epîtres d'Avitus, quand celle qui eft écrite à Celer ne s'y trouve que quarante-troisiéme (4) ; files Sçavans n'avoient déja remarqué que nous n'avons point ces Epîtres non plus que celles de Sidonius, arrangées fuivant leur date.

Avitus dit dans fa Lettre au Patriarche de Conftantinople. » (b) Je profite pour vous affurer de mon refpect, du voyage de "mon Patron & de votre fils le Patrice Sigifmond, qui, chargé » d'une commiffion importante, fe rend auprès de notre glo»rieux Empereur. Il y a déja longtems que j'avois l'envie de ren» dre ce devoir à l'un des plus grands Prélats de la Chrétienté, » & j'y ai été confirmé encore par une Lettre que m'écrit Lau» rentius, perfonne illuftre, & dans laquelle il me mande que

(a) Confirmat in digerendis Aviti Epiftolis ordinem temporum obfervatum non fuiffe.

Sirmond. in notis ad Avitum. pag. 56. (b) Avitus Epifcopus Viennenfis Papa Confantinopolitano. Dum Dominus meus filius vefter Patricius Sigifmundus gloriofiffimum Principem officio legationis expetiit, nobis quoque deferendi ad vos famulatus aditum, duplicitet fancta opportunitate profpexit. Cum enim ut præcipuum facerdotem, jufto

vos defiderio fitiremus, adjecit vir illuftris
Laurentius, honorem veftri animis noftris
indicans apicibus fuis, omne nubilum quod
quietem Orientalium populorum ambiguo
caligante fufcaverat, redintegratæ pacis fe-
renitate deterfum & eam cum Romano An-
tiftite vos habere concordiam, quam velut
geminos Apoftolorum Principes mundo af-
fignare conveniat.

Aviti Ep. feptima.

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