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tous les troubles dont l'Eglife d'Orient étoit agitée, font » calmés, & qu'elle eft enfin d'accord avec le Saint Siége. » Le refte roule fur la néceffité où eft un Patriarche de Constantinople, d'être en communion avec le Pape.

Je dois avertir ici que la nouvelle écrite à l'Evêque de Vienne par Laurentius étoit fauffe, c'est-à-dire, qu'elle étoit prématurée. Il arrive tous les jours dans les affaires de cette nature, d'en écrire de pareilles. L'accommodement dont il s'agit, ne fut terminé que plufieurs années après le tems où le Perfonnage illuftre avoit crû que tout étoit ajusté. La preuve de ce que je viens de dire, eft que la Lettre d'Avitus fut écrite avant l'avénement de Sigifmond à la Couronne des Bourguignons, & l'accommodement en question ne fut entierement achevé que fous Sirm in no le regne de Juftin, qui parvint à l'Empire en cinq cens dix-huit, & un an après que Sigifmond eut fuccédé à son Pere.

tis ad Av. p. 14.

On ne fçauroit douter que la Lettre d'Avitus rapportée en dernier lieu, ne foit écrite dans le tems que Gondebaud vivoit encore. En premier lieu, Avitus n'y traite Sigifmond que de Patrice, & il l'auroit traité probablement de Patrice & de Roi, fi quand il écrivoit, ce Prince eût été actuellement Roi des Bourguignons. Cette raifon pourroit, je le fçais bien, recevoir quelque difficulté, mais celle dont je vais l'appuyer me paroît fans réplique. C'eft qu'il eft contre toute vraifemblance que Sigifmond ait fait un voyage auffi long que celui de Conftantinople, depuis qu'il eut monté fur le Trône, & dans un tems où il devoit craindre déja la guerre que les Francs lui firent quelques années après fon avenement à la Couronne.

Enfin nous voyons par la Lettre même d'Avitus qu'il eft plus plaufible que Laurentius lui avoit mandé feulement que Paccommodement s'alloit conclure, qu'il n'eft plaufible qu'il lui eût écrit pofitivement que l'accommodement étoit entierement terminé. Si Laurentius eût écrit en termes clairs & précis, l'accommodement eft confommé, Avitus n'auroit pas dit dans fa Lettre au Patriarche de Conftantinople: (4) Confirmez-nous par » un mot de votre main la nouvelle qui nous a été mandée par » un Correspondant, qui certainement n'a point envie de nous » tromper. >> Mais, ce qui arrive tous les jours, quelque nouvel incident aura fait traîner en longueur la négociation qu'on avoit crue terminée heureusement. La paix n'eft pas moins diffinoftram tranfiniflum, firmate refcripto. Ibid.

(a) Profperrimum quem fupra dixi nuntium per fideliffimum virum ad notitiam

cile à moyenner entre les Puiffances Eccléfiaftiques, qu'entre les Puiffances temporelles.

Ce font les Relations que Gondebaud eut avec Clovis immédiatement après le Baptême du dernier, qui nous ont engagé à parler de celles que les Bourguignons entretenoient avec la Cour de Conftantinople, & nous l'avons fait d'autant plus volontiers, qu'il eft impoffible de bien éclaircir l'Hiftoire de France, fans dire plufieurs chofes qui ne font pas de l'Histoire de France. Il est très-probable d'ailleurs, à en juger par les évenemens, que les Francs avoient de pareilles liaisons avec cette même Cour. C'est ce que nous fçaurions avec détail fi nous avions autant de Lettres de Saint Remy ou d'Aurelien, que nous en avons d'Alcimus Avitus.

Je reviens aux Rélations que Gondebaud eut avec Clovis, dès que ce dernier fut converti. Si le Roi des Bourguignons affecta de témoigner pour lors, comme nous l'avons vû, toute forte de déference pour Clovis, s'il lui fit mander qu'il étoit fon Soldat, ce n'eft point qu'il eût fincérement aucune amitié pour le Roi des Francs, fon neveu, puifqu'il devoit le regarder comme fon rival de grandeur, & comme un rival très - dangereux. C'eft que Gondebaud craignoit Clovis.

En premier lieu, Clovis, comme nous l'avons déja dit, & comme nous aurons encore plufieurs occafions de le faire voir, étoit devenu depuis fon Baptême, le Héros des Romains des Gaules. En fecond lieu, Gondebaud avoit alors la guerre avec Théodoric Roi d'Italie, & il pouvoit craindre que les Francs, s'il les mécontentoit ne s'alliaffent contre lui avec les Oftrogots, & que les Vifigots mêmes n'entraffent auffi dans la ligue qui fe formeroit alors. Les Visigots devoient chercher à rentrer dans la Province Marseilloife, dont après la mort d'Euric leur Roi, ils avoient éte dépouillés par les Bourguignons.

Il eft vrai que plufieurs de nos Hiftoriens modernes prétendent qu'il n'y ait point eu de guerre entre les Ostrogots & les Bourguignons, jufques à celle qu'ils fe firent en l'année cinq cens, & dans laquelle Théodoric fut allié avec Clovis contre Gondebaud. Mais je vais prouver le contraire, & faire voir qu'avant l'année cinq cens, les Bourguignons avoient été déja en guerre avec les Oftrogots. Ce qui rend très-probable que ces deux Nations fuffent actuellement ennemies en l'année quatre cens quatre-vingt-dix-fept.

Not. Sirm.

in Enn. Baillet, Vie des

On peut voir dans les Vies des Saints par Monfieur Baillet, Saints.

comme dans les Commentaires publiés fur les Ouvrages d'Ennodius Evêque de Pavie, dans le fixiéme fiecle, & qui a écrit la Vie de Saint Epiphane un de fes prédeceffeurs, que Saint Epiphane fait Evêque de Pavie en quatre cens foixante & fix, mourut après trente ans d'Epifcopat, c'eft-à-dire, en quatre cens quatre-vingt-dix - fept. Cependant Ennodius rapporte que ce Saint avant que de mourir fit dans les Gaules, la rédemption génerale des Captifs Sujets de Théodoric, & que les Bourguignons avoient faits efclaves dans le cours d'une guerre qui duroit encore quand ce rachat fut fait. Donc il y avoit eu une guerre entre Théodoric & Gondebaud avant celle qui commença l'année cinq cens. En fecond lieu, une des circonstances de cette rédemption qu'Ennodius rapporte, c'eft, comme on va le lire, que Godégifile frere de Gondebaud & l'un des Rois des Bourguignons vivoit encore quand elle fe fit, & que même ces deux Princes étoient alors en bonne intelligence. Or dans la guerre commencée en cinq cens, entre les Francs & les Oftrogots d'une part, & les Bourguignons de l'autre, & qui fe termina en une campagne, Godégifile fut jufques à la mort, l'Allié des ennemis de fon frere. Voyons à prefent ce que dit Ennodius concernant la rédemption dont il s'agit.

Théo

"Saint Epiphane ayant été envoyé dans les Gaules par »doric pour y traiter du rachat des Prifonniers de guerre que » les Bourguignons avoient faits en Italie, il demanda une au"dience au Roi Gondebaud, & il lui dit : Voici grand Prince, » une conjoncture bien finguliere. Un ennemi ne peut être » victorieux que fon ennemi ne foit vaincu (4), cependant » vous pouvez aujourd'hui, vous & Théodoric, être vainqueurs » également. Il veut racheter les Captifs que vous avez faits. » Mettez-les en liberté fans rançon, Gondebaud & Théodo»ric triompheront ainfi fur le même Char. Le Roi des Bour

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guignons répondit d'abord à Saint Epiphane. (6) Vous par» lez bien comme un Pacificateur qui voudroit que les droits acquis par les armes fuffent comptés pour rien, & qu'on regardât comme des loix injuftes, les loix de la guerre qui con>> damnent celui qui s'eft rendu à être l'efclave du vainqueur qui » lui a laiffé la vie. « Cependant le refpect de Gondebaud pour

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(a) Sequimini confilium meum & ambo fuperiores & ambo pares extabitis. Redimere cupit ille captivos. Tu fine pretio redde genialibus glebis.

Enn. pag. 366. ed. ann. 1611.

(b) Belli jura pacis fuafor ignoras & conditiones gladio decifas, concordiæ autor evifceras. Lex eft certaminum quam pu

tas errorem.

Ibidem. pag. 368.

Saint Epiphane, & peut etre la crainte que ce Prince avoit de Clovis, l'engagerent à tomber d'accord peu de tems après, de deux chofes; la premiere, de faire mettre gratuitement en liberté tous les habitans de l'Italie que la famine, d'autres malheurs, ou la crainte des évenemens avoient engagés à venir fe rendre Prifonniers de guerre, & même ceux de ces habitans qui se trouveroient avoir été vendus aux Bourguignons pendant le Gouvernement tyrannique d'Odoacer. La feconde, étoit de faire relâcher moyennant une rançon modique ceux des Sujets de Théodoric qui avoient été pris les armes à la main dans les actions de guerre, où les Bourguignons avoient eu de l'avantage. "Je ne veux point, ajouta Gondebaud, dégouter mon Peuple » de la profeilion de Soldat en lui ôtant fon butin. « (a) Ce Prince fit enfuite expédier en bonne forme un acte de ce qu'il venoit d'octroyer, & il fe fervit pour cela du ministere de Laconius, un Romain forti d'une famille dans laquelle il y avoit eu plufieurs dignités Curules, & qui faifoit auprès de ce Prince les fonctions d'un Chancelier. L'Acte fut remis à Saint Epiphane qui le fit encore foufcrire à Généve par Godégifile, l'autre Roi des Bourguignons, & il fut enfuite exécuté fuivant fa teneur. Une pareille convention eft un grand acheininement à un Traité de Paix, mais comme Ennodius ne dit point précisement que Saint Epiphane eût terminé pour lors la guerre des Bourguignons contre les Oftrogots, il eft à croire qu'il ne la termina point. Si S. Epiphane eût moyenné cette Paix, fon Panegyrifte n'auroit point manqué de l'en louer avec autant d'emphafe, qu'il l'avoit loué à l'occafion du Traité conclu vingt ans auparavant, entre Euric Roi des Vifigots & l'Empereur Julius Népos. Ainfi je crois que la guerre entre les Bourguignons & les Oftrogots duroit encore lorfque, comme nous le verrons, les Oftrogots fe liguerent avec les Francs contre les Bourguignons, en l'année quatre cens quatre-vingt-dix-neuf.

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Liceat

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(a) At Gondobadus vocato Laconio cui nofter confenfus abfolvat. At paucos quos & rerum & verborum fides ab illo femper ardore præliandi tunc ab adverfariorum douito mandata eft, quem & prærogativa na- minatione rapuerunt, pro illis pretium talium & avorum Curulis per magiftræ pro quantulumcumque percipiant ne deteftabibitatis infignia fublimarunt.. les apud illos fiant certaminum cafùs..... omnibus Italis quofcumque Burgundionum Fuit Gennabe Epiphanius ubi Godigifclus noftrorum metus captivitatis fecit effe capti-germanus Regis larem ftatuerat, qui forvos, quos famis, neceffitas, quos periculo- mam fraternæ deliberationis fecutus, bonis rum metus advexit, poftremo quofcumque operibus ejus fe focium dedit. conceffit aut addixit confenfus Principis fui. Ibid. pag. 369.

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CHAPITRE VIII.

Reduction des Armoriques à l'obéiffance de Clovis, & Capitulation des Troupes Romaines avec lui. Epoque tirée du Baptême de Clovis. Qu'il faut lire Armoriques, & non pas Arboriques, dans l'endroit de l'Hiftoire de Procope, où il eft fait mention de ces évenemens.

I

Left tems de reprendre le fil de l'Histoire de Clovis, & de rapporter ce que nous pouvons fçavoir encore concernant les progrès qu'il fit dans les Gaules, immédiatement après fon Baptême. Ce fut durant l'année qui le fuivit que les Provinces Confédérees fe foumirent à la domination de ce Prince.

Ce fut auffi dans cette même année que les troupes reglées qui restoient à l'Empire dans les Gaules, pafferent au fervice du Roi des Saliens, & qu'elles remirent à ce Prince en lui prêtant le ferment de fidelité, les pays qu'elles avoient jufques là gardés au nom de Rome, c'est-à-dire les pays qui font entre la Loire & le Loir, ainfi que quelques contrées adjacentes, & peut-être le Berry; je dis peut-être le Berry, parce qu'il paroît qu'en l'année cinq cens fix le Berry, ou du moins une partie de cette Cité, étoit fous la domination des Vifigots. Tétradius fon EvêSirm. Conc. que eft un de ceux qui ont foufcrit les Actes du Concile tenu ques Gall. tom. pr. dans Agde cette année - là, fous le bon plaifir d'Alaric fecond. Il fe peut faire auffi que le Berry ayant été remis aux Francs dès l'année quatre cens quatre-vingt-dix-fept, Alaric leur en cût enlevé du moins une partie au commencement du fixième fiecle, & avant l'année cinq cens fix. Cette occupation aura peut-être été l'une des caufes qui fit prendre les armes à Clovis en l'année cinq cens fept contre les Vifigots.

174.

Nous avons vu que c'étoit dans tous ces païs-là que les troupes Romaines s'étoient comme concentrées, parce qu'ils étoient la frontiere des Provinces Obéiffantes & des Provinces Confédérées du côté des Vifigots & du côté des Bourguignons. Mais avant que de faire lire ce que Procope a écrit des deux grands évenemens dont je parle, je crois qu'il eft à propos de faire fouvenir le Lecteur de la maniere dont eft amenée la digreffion dans

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