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plus chers attributs. Dieu fouvent peut permettre un pareil aveuglement dans un Chrétien, pour le punir du mépris qu'il a fait de fes infpirations; mais que ces pécheurs défefpérés, écoutent un peu, & pefent nos raifons. Il est très-vrai que leurs fautes les rendent indignes de pardon; mais depuis quand font-ce nos mérites qui nous font rentrer en grâce? Dieu ne voit que ceux de fon divin Fils, mort pour nous racheter; c'eft lui feul qui peut nous réconcilier, & faire agréér notre repentir. Si, par nous-mêmes, nous ne méritons rien, ce grand médiateur entre Dieu & les hommes, ce divin Avocat, qui ne ceffe de plaider pour nous, & dont le Sacrifice, fuivant l'Apôtre, fuffiroit pour racheter le monde entier, ne pourra-t-il pas

effacer les péchés d'un feul homme? Jean. Ière. C'est lui (dit fon Disciple chéri) qui C2. Y. 2. nous rend fon Père favorable, non-feu

lement pour nous pardonner nos fautés, mais celles de tout le monde entier. Loin de nous une idée auffi dépravée, ou de nos mérites ou de l'exceffive rigueur de notre Dieu. Tant que la foi nous fera voir fon divin Fils mort pour nous fur la croix, quelque grandes que foient nos fautes, ce fera une folie de douter de la miféricorde de Dieu, fur-tout fi notre repentir eft fincère: auffi, le Prophète Roi avoit beau s'écrier que fes ini- Pf. 38.v. 5quités étoient fi nombreuses, qu'elles

lui couvroient la tête, il favoit que la miféricorde de Dieu n'avoit point de bornes; & comme il n'efpéroit qu'en elle, il faifoit l'aveu de fes fautes avec larmes & foupirs, & enfuite il en attendoit courageusement le pardon.

CHAPITRE IX.

De la charité, ou de l'amour de Dieu & du prochain.

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A FOI & l'efpérance font des vertus de première néceffité pour un Chrétien mais elles lui feroient d'un ;

foible fecours, fi elles n'étoient accompagnées de la charité, vertu, fuivant l'Apôtre, infiniment au-deffus des deux premières. Sous le titre de charité, nous comprenons l'amour de Dieu & du prochain; deux amours qui ne diffèrent que par le nom, mais qui réellement n'en forment qu'un, puifque l'amour du prochain ne mérite réellement le nom de charité, que lorf que nous l'aimons pour l'amour de Dieu. C'eft, à proprement parler, la jouiffance & l'exercice de cette vertu, qui eft un don de Dieu, qui confti

tue toute l'effence du Chriftianifme. On peut fe flatter de pofféder tout lorfqu'on a l'amour de Dieu; donnez-moi quelqu'un qui aime Dieu véritablement, il ne doit dès-lors avoir d'autre but que de lui plaire; &, dès qu'il plaît à Dieu, rien ne lui manquera de ce qui peut lui rendre fon Créateur favorable, & lui procurer une heureufe éternité. Sous le nom d'amour de Dieu, nous entendons celui qu'a toute créature raifonnable pour fon Créateur, le Dieu tout puiffant en trois Perfonnes, & l'Auteur de toute grâce. A Dieu ne plaise qu'on reftreigne cet amour à notre feul Rédempteur, à J. C. qui- certais nement a droit de l'exiger. Avec une pareille conduite, ainfi que nous l'avons obfervé, on manqueroit le but principal de la charité chrétienne. Le Fils de Dieu, en s'incarnant, n'a vous que procurer des adorateurs à fon

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& devons-nous nous exciter, en réflé→ chiffant à un Dieu bienfaiteur, à un Dieu l'amour des hommes, comme dit Saint Paul. Ce fentiment doit nous être d'autant plus facile, que l'amourpropre fuffit pour le faire naître, & qu'en général, il eft notre Moteur le plus puiffant; d'ailleurs, nous recevons à chaque inftant tant de bienfaits, qu'ils ne peuvent manquer d'être apperçus par les efprits les plus bornés. Où trouver un être plus étonnant que l'homme, quant au phyfique & ̈ ́au moral? Et à qui devons-nous notre existence, finon au divin Architecte qui nous a tités du néant, ainfi que tous ces corps innombrables, animés qu inanimés, & qui font également deftinés à notre fervice, notre confer vation ou nos plaifirs. En ouvrant le livre de l'Univers, on ne peut être qu'émerveillé à la vue des ouvrages fortis des mains du Créateur, tang

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