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riant je croirois prefque Difenteuil le rival de mon frere. La Comteffe rougit à ce difcours; je remarquai fon embarras, & voulant en tirer avantage pour penetrer fes fentimens, j'ajoutai, mon frere fe plaint de n'être point aimé, ce n'eft

point l'indiférence qui lui

ferme le chemin de votre

cœur, c'est l'amour qui fans

doute vous a prévenuë en faveur d'un autre mais parlez ma chere Comteffe mon amitié mérite que vous aïez pour moi cette confiance & l'eftime que vous devez à mon frere exige de vous, de ne point

nourrir chez-lui une paffion que vous n'êtes peutêtre pas en état de récompenfer. La Comteffe après avoir fait un grand foupir me dit? Eh bien ! il faut vous découvrir un secret que mon cœur ne peut plus vous cacher.

Vous fouvient-il, continua-t-elle, des trois jours que nous paflâmes à Saint Maur chez Mademoiselle de Juffi il y aura deux ans cette Autonne ? Vous fouvient-il auffi combien le Comte de Difenteuil fut aimable & le plaisir qu'il fit à tout le monde ? que ce plaifir coûta cher à mon

cœur ! quoi ! m'écriai-je, vous aimeriez Difenteuil ; oui, je l'aime me répliquat-elle, & je l'aime avec

d'autant plus de violence que ma tendresse a toûjours été renfermée dans. mon cœur je n'ai point à rougir du choix que j'ai fait, ma vanité même en eft flâtée, mais je rougis quand je fonge que j'aime fans être aimée, car enfin, Difenteuil n'a point d'amour pour moi; fes yeux fe font accoûtumez à me voir fans me craindre; que dis-je ? peut-être ne m'a-til jamais vûë! vous infultez plus Difenteuil que

vous ne vous infultez vous

même répliquai-je, par ce discours, c'eft vouloir vous tourmenter que de penser qu'il ne peut jamais vous aimer : vous êtes jeune & belle, continuai-je ; & vous ne devez pas defefperer qu'il puiffe prendre de l'amour pour vous: fon jufte difcernement lui a déja fait voir combien vous méritez d'être aimée; aidez à fa penetration pour lui faire deviner que vous recevriez fes foins avec plaifir : fervez-vous du prétexte de la reconnoiffance pour lui montrer des difpofitions favorables...non, s'écria

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la Comteffe, je ne veux point qu'il fçache ma foibleffe, s'il la connoiffoit je concevrois encore moins

d'efperance: les hommes veulent defirer, les fouftraire aux foins, & même aux peines qui leur en doit couter pour vaincre, c'est prefque renoncer à leur plaire. Perfuadée de cette vérité je veux, s'il eft poffible, connoître les fentimens de fon cœur, je veux découvrir fi je n'ai point de rivale. Ma confiance ma chere Comteffe, continua-t-elle, n'exige-t-elle Parlez, le

pas la vôtre

Comte vous voit tous les

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