XV CONTEMPORAINS DE MOLIÈRE. DE 1650 A 1673. SAINT-ÉVREMOND.-Sa comédie des Académies (1643). — DE CHAPUISEAU Pythias et Damon (1656). L'Académie des femmes (1661). – Son analogie avec les Précieuses ridicules. Le Colin-Maillard et le Riche mécontent (1642). — Citation. La Dame d'Intrigue (1663). de Molière. MONTFLEURY (ou ZACHARIE JACOB). Ses défauts. Plagiat Son genre de mérite. L'Impromptu de l'hôtel de Condé (1664). Anecdotes. La Femme juge et partie. - Les Amours de Didon, tragi comédie héroïque. Le Comédien poète (1673). Le Mariage de rien. Bon mot à propos de cette petite comédie. — L'École des jaloux (1664). La Fille capitaine (1669). — Autres comédies de Montfleury, toutes plus licencieuses les unes que les autres. Les Bétes raisonnables. DORIMOND. Ses pièces en 1661 et 1663. vers de la femme de Dorimond à son mari. L'École des cocus. Comédies médiocres. - une dizaine de comédies médiocres, de 1660 à 1666. Compose L'Intrigue des Jugement qu'il porte - Donne quatorze comédies de 1668 à 1680.- Qualités et défauts de ces pièces. Citations puisées dans Crispin médecin, le Cocher supposé, le Deuil. -L'acteur PoISSON. - Il crée les Crispins. Les Nouvellistes (1678). Anecdotes. Sa singulière existence. Ses aventures. La Feinte mort de - tourd. - Anecdote. Le Gentilhomme Guespin (1670). Sa tragédie des Amours de Vénus et d'Adonis. BOULANGER DE CHALUSSAY.- Ses deux comédies de l'Abjuration du marquisat (1670) et Elomire hypocondre (1661). — Boursault. CHAMPMESLÉ (ou Charles CHEVILLET). Ses comédies. Un mot sur cet auteur. Son genre de talent. Sa femme, élève de Racine. -Epigramme de Boileau. Quatrain. La pastorale de Delie (1667). Acteurs-auteurs de cette époque. Les deux POISSON (père et fils). — Arrêt de Louis XIV, en 1672. Les auteurs comiques contemporains de Molière (nous n'entendons parler ici que de ceux qui ont commencé à travailler pour le théâtre alors que Molière était dans la plénitude de son talent), ces auteurs dramatiques, disons-nous, sont rares. Le génie dont l'ex-tapissier de Louis XIV faisait journellement preuve, éloignait-il de la scène les hommes médiocres, effrayait-il les concurrents? ou bien se montrait-on plus difficile pour admettre des ouvrages qui semblaient pâles à côté des chefsd'œuvre sortant de la plume de Molière, c'est ce que nous ne pourrions dire, toujours est-il que de 1650 à 1673, époque de la mort du grand écrivain qui fonda en France la saine et bonne comédie, on ne compte pas plus de huit à dix auteurs dont les compositions aient été acceptées et jouées; encore, l'un d'eux, DE SAINT-ÉVREMONT, n'a-t-il fait que composer les quatre pièces de son théâtre sans les faire représenter pendant qu'il était en exil hors du royaume. L'une d'elles intitulée les Académiciens, en trois actes et en vers, est une comédie satirique qui, après avoir couru longtemps manuscrite sous le nom de: Comé die des académistes pour la réformation de la langue française avec le rôle des représentations faites aux grands jours de ladite académie, l'an de la réforme 1643, fut refondue complétement par Saint-Évremont. Les personnages sont presque tous des académiciens. DE CHAPUISEAU, qui vivait à la même époque, après avoir longtemps voyagé comme médecin dans les diverses cours de l'Allemagne, poursuivant la fortune qui le fuyait sans cesse, s'étant décidé à tenter le sort d'une autre façon, se métamorphosa en auteur comique. En 1656, il donna Pythias et Damon ou le Triomphe de l'amitié, comédie en cinq actes qui réussit. Quelques années plus tard, en 1661, il fit représenter l'Académie des Femmes, en trois actes et en vers. Cette comédie, malheureusement pour son auteur, arrivait à la scène deux années après les Précieuses Ridicules, et elle avait, avec la charmante critique de l'hôtel de Rambouillet, un air de parenté qui lui fit du tort. En effet, on y voit, comme dans la pièce de Molière, une femme affectant une instruction exagérée, rejetant l'amour d'un gentilhomme, et dupée par le domestique de ce même gentilhomme, envoyé par ce dernier pour le venger des dédains de la belle. Le dénouement est le retour d'un mari qu'on a cru mort, ficelle dont les auteurs du dix-septième siècle usaient et abusaient, et qui de nos jours serait difficilement admise. En 1662, Chapuiseau donna deux comédies, le Colin-Maillard et le Riche Mécontent. Dans cette dernière, en vers et en cinq actes, l'intrigue est assez habilement menée. On y trouve, en outre, une fort jolie peinture des embarras attachés à l'état de financier, embarras que l'homme d'argent nous détaille lui-même avec une grande complaisance. Toujours, jusqu'à midi, mille gens m'assassinent; Mais ces chercheurs d'emplois, harangueurs incommodes, Qui viennent nous tuer de leurs sots compliments, De l'humeur dont je suis, sont mes plus grands tourments. Il faut répondre à tout; il faut se rendre esclave, En 1663, Chapuiseau fit paraître la Dame d'intrigue, comédie en trois actes et en vers, dans laquelle on trouve la plaisanterie que Molière met dans la bouche de son avare. L'avare de Molière dit à La Flèche de lui faire voir ses mains, et, après les avoir examinées toutes les deux, il ajoute et les autres ? Chapuiseau fait dire au vilain riche, parlant à Philippin : Ça, montre-moi la main. PHILIPPIN. Tenez. Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Chapuiseau ce qui est à cet auteur. S'il a pu s'inspirer de quelques passages des Précieuses Ridicules, nées en 1659, avant l'Académie des Femmes, Molière a pu, bel et bien, à son tour, emprunter le trait que nous venons de citer, et qui n'est pas un des moins jolis et des moins spirituels de l'Avare. En effet, l'Avare est de 1668, et la Dame d'intrigue de 1663. Du reste, Chapuiseau ne manque pas d'un certain mérite; dans ses comédies il fait preuve d'imagination; l'intrigue est généralement intéressante et bien conduite; malheureusement la versification est pitoyable, obscure, entortillée; aussi a t-on peine à comprendre que ses comédies aient été supportées au temps où vivait Molière. Chapuiseau est encore l'auteur d'une Histoire du Théâtre-Français; mais cet ouvrage manque d'ordre, de direction et d'exactitude. Vers la même époque (1660), un homme dont le nom véritable (ZACHARIE JACOB) est aussi peu connu que le nom d'emprunt MONTFLEURY est resté célèbre à la Comédie-Française, commença à donner à la |