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public d'alors qu'il parvenait à éblouir avec les richesses d'autrui, étant peu riche de son propre fonds. Ce Douville, frère de l'abbé Bois-Robert, composa un recueil de contes qui servirent à sa réputation plus que ses travaux dramatiques. Il était ingénieur et géographe du roi.

Parmi ses comédies, nous citerons la Dame invisible (1641), dont le sujet est pris de la Dame Duende du poëte espagnol Calderon, copiée plus tard par le théâtre italien, sous le titre d'Arlequin persécuté par la dame invisible. Citons encore les Fausses vérités, ou Croire ce qu'on ne voit pas et ne pas croire ce que l'on voit (1642), comédie en un acte et en vers, espèce dé proverbe tiré également de Calderon; 'Absent de chez soi (1643), en cinq actes et en vers. Après la première représentation de cette pièce, Douville, très-fier du succès qu'elle avait obtenu, demanda à son frère ce qu'il en pensait. Bois-Robert lui avoua franchement qu'il la trouvait mauvaise (et c'était la vérité). « — Je m'en rapporte au parterre! s'écria l'auteur piqué au vif. - Vous faites bien, reprit l'abbé, mais je crains que vous ne vous en rapportiez pas toujours à lui. » Quelque temps après, Douville donna Aimer sans savoir qui; cette comédie fut sifllée. «Eh bien! lui dit son frère, vous en rapportez-vous encore au parterre? Non vraiment, reprit l'auteur,

il n'a le sens commun. pas

Hé quoi, s'écria Bois

Robert, vous ne vous en apercevez que d'aujourd'hui? Pour moi, je m'en suis aperçu dès votre pièce précédente. La Dame suivante (1645), Jodelet astrologue (1616), la Coiffeuse à la mode (1646), et

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les Soupçons sur les apparences (1650), comédies en cinq actes et en vers, longues, diffuses, à intrigues embrouillées, imbroglios sans queue ni tête, complètent le bagage dramatique de Douville avec la tragi-comédie des Morts vivants (1645). Jodelet a servi à Thomas Corneille pour sa comédie de l'Astrologue. La Coiffeuse à la mode, pièce moins mauvaise que les précédentes, offre une situation assez originale et qui réussit à la scène.

Nous ne dirons qu'un mot de LEVERT, qui avait plus de présomption que de mérite et qui menaçait sérieusement ses lecteurs de sa haine, s'ils ne le louaient pas. Cependant, dans les quatre pièces (dont deux comédies) données par lui au théâtre, on trouve un certain mérite, des intrigues assez bien conduites, des scènes variées et une versification coulante. Ces comédies sont l'Amour médecin et le Docteur amoureux (1638), qui n'a aucune analogie avec celui de Molière. La tragi-comédie de Aricidie (1646) eût été promptement oubliée sans ces quatre vers qui scandalisèrent fort le public par l'application qu'on en fit:

La faveur qu'on accorde aux princes comme lui
Est exempte de blâme et de honte aujourd'hui,
Tout ce qu'on leur permet n'ôte rien à l'estime,
Et la condition en efface le crime.

Morale, en effet, des plus commodes pour les femmes qui se prostituent dans l'espoir d'être en faveur auprès des souverains.

Nous voici arrivé à un auteur dont le nom est

bien peu connu de nos jours, GILLET, et qui cependant mérite qu'on se souvienne de lui. En effet, on peut en quelque sorte faire remonter à ses comédies qui ne sont pas, comme celles de ses contemporains, pillées dans les ouvrages italiens ou espagnols, l'origine de la comédie française.

GILLET DE TESSONNERIE, né en 1620, plus tard conseiller à la cour des monnaies, est un des premiers qui ait osé se lancer dans les pièces à caractères puisées dans son propre fonds. Il avait sans doute peu de goût, mais ses compositions sont sagement conduites. Il fit bonne justice des enlèvements à l'espagnole, des reconnaissances à l'italienne, de toutes ces ressources qu'aujourd'hui nous appellerions des ficelles, et dont les auteurs saturaient le public depuis la fin du siècle dernier. Gillet imagina des comédies comiques par le fond et par la manière de présenter le dialogue. On peut donc dire à sa louange qu'il ou. vrit le premier la carrière brillante que Molière courut avec tant de gloire.

Ses pièces, la plupart originales et amusantes, sont une esquisse légère encore, à la vérité, des ridicules de la société, mais indiquant ces ridicules avec esprit. Elles sont semées de critiques judicieuses et de traits de mœurs. En un mot, personne avant lui n'avait fait une peinture si vraie des coutumes et du goût de la nation française.

Ses comédies sont : Francion (1642), le Triomphe des cinq passions (1642), le Déniaisé (1647), et le Campagnard (1657). Le Triomphe des cinq passions est un sujet simple et cependant original. Un

jeune seigneur est prêt à entrer dans le monde, un sage, un mentor, lui montre les cinq passions qu'il aura à vaincre, la vaine gloire, l'ambition, l'amour, la jalousie et la fureur, passions qu'il fait passer successivement sous ses yeux en lui apprenant à les connaître par cinq comédies en un acte et ayant toutes un sujet différent, ce qui constitue réellement cinq petites pièces en un acte avec un prologue. Le Déniaisé a une scène qui a été complétement imitée par Molière dans son Dépit amoureux, en voici quelques mots :

JODELET, arrêtant Pancrace.

Tandis qu'ils vont diner, un petit mot, Pancrace,
Dirais-tu qu'une fille ait de l'amour pour moi?

PANCRACE.

Tous nos vieux savants n'ont pu nous exprimer
D'où vient cet ascendant qui nous force d'aimer,
Les uns disent que c'est un vif éclair de l'âme, etc.

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Il n'y a point de mais. C'est notre plus beau titre.

JODELET.

Quoi!...

PANCRAGE.

C'est parler en vain, l'âme a sa volonté.

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Quoi! voudrais-tu des âmes radicales,

Ou l'opération pareille aux animales?

JODELET, voulant lui fermer la bouche.

Je voudrais te casser la gueule.

PANCRACE, se débarrassant.

On a grand tort

De vouloir que l'esprit s'éteigne par la mort.

JODELET.

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