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LIBERTÉ.

La liberté l'emporte fur des chaînes d'or.

La plus belle couronne eft pefante à porter,
Quand elle est un préfent qu'on force d'accepter;
Et l'on crut de tout temps la liberté si chère,
Que tout ce qui contraint, perd le droit de nous plaire.
(L'Abbé de Villedieu.)

Le fer eft plus utile que l'or pour défendre fa

liberté.

Craffus, des Cinanois exigeant une fomme,
Pour ne les pas foumettre à l'empire de Rome,
Tous refufèrent de traiter.

La liberté, Craffus, quand on veut nous la vendre
N'a plus rien, dirent-ils, qui puiffe nous flatter.
Nos pères, qui d'eux feuls ont toujours fu dépendre,
Ne nous ont pas laiffé de l'or pour l'acheter:
Mais ils nous ont laiffé du fer pour la défendre.
(Coquard.)

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L'efprit de liberté qui regnoit à Rome étoit un amour dominant pour la patrie, qui, fortant des regles ordinaires qui caractérisent les crimes & les vertus, n'écoutoit que lui feul, & ne connoiffoit ni citoyen, ni ami, ni bienfaiteur, ni pere. La vertu fembloit s'oublier pour fe furpaffer elle-même; & l'action qu'on ne pouvoit d'abord approuver, parce qu'elle étoit atroce, étoit admirée comme divine. (Génie de Montesquieu.)

L'homme libre eft celui qui eft fage, qui ne defire rien, qui réprime fes paffions, méprife les honneurs, ne dépend que de foi-même, ne donne aucune prise à la fortune, se met au-deffus

des accidens fâcheux, & fur l'efprit duquel l'indigence, les chaînes & la mort n'ont aucun empire.

Les paffions font l'écueil de la liberté.

La liberté de l'homme eft la fanté de l'ame:
On la perd quelquefois ; la foif de la grandeur,
La colère, l'orgueil, un amour fuborneur,
D'un curieux defir les trompeufes faillies;
Hélas! combien le cœur a-t-il de maladies!
LIBERTIN S.

Portrait du Libertin.

Un libertin qui, fans ame & fans foi, Se fait de fon plaifir une fuprême loi,

Tient que ces vieux propos de démons & de flammes Sont bons pour étonner des enfants & des femmes ; Que c'eft s'embarraffer de foucis fuperflus,

Et qu'enfin tout dévot a le cerveau perclus.

LIQUEUR S.

(Boileau.)

Le goût des liqueurs a fuccédé à celui du vin.

Ce n'est plus d'un vin pétillant,
Aimable au goût, aux yeux brillant,
Qu'on cherche à s'égayer à table.
L'efprit-de-vin rectifié,

Eft déformais qualifié

De boiffon douce & délectable.
Le feu, par l'art liquéfié,
Devient une liqueur potable.
Que faire contre un tel abus?
Tous les difcours font fuperflus;
C'est à qui, par intempérance,
Vivra le moins, boira le plus:
On ne voit plus qu'excès en France.
(Defmarets.)

LISBON NE.

Ruine de Lisbonne, arrivée en 1755.

Rois qui, fur des trônes d'argile,
Vous enivrez d'un fol orgueil,
D'une profpérité fragile,
Voyez l'épouvantable écueil.
Jufte & puiffant, heureux & fage,
Le Créfus des rives du Tage,
En Solon régnoit ce matin;
Au midi de ce jour funefte,
De fa grandeur il ne lui refte
Qu'une ame au-deffus du deftin.
LIVRES.

Les Livres font des confeillers véridiques, qui doivent beaucoup plaire aux Princes, parce que la crainte ni l'efpérance ne les empêchent pas de leur prefcrire leurs devoirs.

Les Livres comparés à l'homme.

(Parodie des Stances de Rouffeau fur les malheurs & les infirmités des hommes.)

Qu'un livre est bien pendant fa vie
Un parfait miroir de douleurs !
En naiffant, fous la preffe il crie,
Et femble prévoir ses malheurs.

Un essain de fâcheux cenfeurs,
D'abord qu'il commence à paroître,
En dégoûte les acheteurs,
Qui le blâment fans le connoître.

A la fin, pour comble de maux,
Un Droguifte, qui s'en rend maître,
En habille poivre & pruneaux;
C'étoit bien la peine de naître !

(Des Forges Maillard.)

Le plus inftructif de tous les Livres, c'est celui du monde; parce qu'on y voit à découvert les vices & les vertus des Grands & des petits, & qu'on y trouve des regles fûres pour fa conduite & fa fortune.

Livre galant prêté à une Dame.

A vous prêter un livre, où l'amour vous plaira
Par tous fes petits foins & fa délicatesse,

C'est, belle Iris, femer chez vous de la tendresse,
Qu'un autre un jour moiffonnera.

(Moreau de Mautour.)

LOIX.

Selon que vous ferez miférable, ou puiffant, Les jugements de Cour vous rendront noir ou blanc. (La Fontaine.)

Les Loix qui font faites pour régler les actions des hommes, ne font dans les mains des plus forts qu'une règle de plomb, qui fe plie & fe courbe comme il leur plaît.

La Loi eft un attrait à la prévarication."

Tel eft le cœur humain, fur-tout celui des femmes.
Un afcendant malin fait naître dans nos ames,
Pour ce qu'on nous permet un dégoût surprenant,
Et le goût le plus vif, pour ce qu'on nous défend.
(Piron.)

Difficulté d'obferver la Loi.

Si l'inftin&t & la loi, par des effets contraires,
Ont également attaché,

L'un, tant de douceur au péché,
L'autre, des peines fi févères ;

Sans doute, ou la nature eft imparfaite en foi;
Qui nous donne un penchant que condamne la loi à
Ou la loi doit paffer pour une loi trop dure,
Qui condamne un penchant que donne la nature.
(Defmarets.)

Les Loix des Princes ne font fouvent en vigueur que pendant leur vie.

Tel eft fouvent le fort des plus juftes des rois:
Tant qu'ils font fur la terre, on refpecte leurs loix ;
On porte jufqu'aux cieux leur juftice fuprême;
Adorés de leur peuple, ils font des dieux eux-même. `
Mais, après leur trépas, que font-ils à vos yeux ?
Vous éteignez l'encens que vous brûliez pour eux;
Et, comme à l'intérêt l'ame humaine est liée,
La vertu qui n'est plus, eft bien-tôt oubliée.

Loix de l'Epopée.

(Voltaire.)

Ce n'eft pas que j'approuve, en un sujet chrétien,
Un Auteur follement Idolâtre & Payen.
Mais dans une profane & riante peinture,
De n'ofer de la Fable employer la figure;
De chaffer les Tritons de l'Empire des eaux,
D'ôter à Pan fa flûte, aux Parques leurs cifeaux ;
D'empêcher que Caron, dans la fatale barque,
Ainfi que le Berger ne paffe le Monarque;
C'est d'un fcrupule vain s'alarmer fottement,
Et vouloir aux Lecteurs plaire fans agrément.
Bien-tôt ils defendront de peindre la Prudence,
De donner à Thémis ni bandeau, ni balance;
De figurer aux yeux la Guerre au front d'airain,
Ou le Temps qui s'enfuit une horloge à la main;
Et par-tout, des difcours, comme une idolâtrie,
Dans leur faux zèle iront chaffer l'allégorie.

Voulez-vous long-temps plaire, & jamais ne laffer?
Faites choix d'un Héros propre à m'intéreffer,

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