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Déja fes grands projets s'ébauchent;
Et je crains que l'honneur & Mars
A la fin ne vous le débauchent.

(Benferade.)

A Louis XIV, fur la mort de Madame, Fille de France.

On fait que vous avez amèrement pleuré;
Au travers du Héros l'homme s'est déclaré ;
Grandeur ni fermeté n'ont pu vous en défendre.
Vous êtes magnanime, & grand & généreux;
Mais on ne fçavoit pas que vous fuffiez fi tendre.
Quel tréfor n'eft-ce pas pour tous les malheureux !
(Le même,)

LOUIS QUINZE,

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Voyez, fur les bords de la Seine,
Ce Prince, l'amour des François;
La victoire qui le ramène,
Annonce à grands cris nos fuccès.
Son peuple l'entoure & le preffe
Le zèle fe change en ivreffe;
On aime, on adore fes loix:
Excès d'une jufte tendresse,
Qui fait le bonheur des grands Rois.

Ne craignons pas que fa mémoire
Se perde dans l'ombre du tems,
Ni que le grand jour de l'hiftoire
Terniffe fes faits éclatans;
Minerve le fuit à la guerre;
Thémis gouverne fon tonnerre:
Il n'eft armé que pour la paix,
Et ne veut enchaîner la terre
Que par le lien des bienfaits.

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(L'Abbé de Bernis.】

Victoires remportées par Louis XV

& 1745.

en 1744

Quel tribut t'offrir? ô le plus Grand des Rois ! Notre amour ne peut croître autant que tes exploits; Il étoit à fon comble, & ne fçauroit fuffire Aux foins que nuit & jour notre bonheur t'inspire. (Tanevot.)

Retour des Autrichiens en Allemagne, à la nouvelle de la marche de Louis XV.

L'Autriche, épouvantée au bruit de ton tonnerre,
Se dérobe, en fuyant, aux fureurs de la guerre ;
Et victime bien-tốt d'un inutile effort,

Pour éviter LOUIS, va rencontrer la mort.
Tels, quand le Dieu du jour, forti du sein de l'onde,
De fes rayons naiffants vient embellir le monde,
Ces aftres de la nuit qui brilloient à nos yeux,
S'éclipfent devant lui dans l'abîme des cieux.
(Paliffot de Montenoy.)

LUXE.

A meture que l'Industrie & les Arts méchaniques s'étendent & fleuriffent, les Arts les plus néceffaires, telle que l'Agriculture, font négligés. Le fils du Cultivateur abandonne fon champ, & laiffe fa terre en friche pour aller chercher dans les Villes le pain que l'Industrie & les Arts lui fourniffent. Tel eft l'effet réel qui résulte de l'Induftrie & du Luxe. C'est ainfi qu'un Etat s'enrichit d'un côté pour s'appauvrir de l'autre ; & que lę fuperflu, préféré au néceffaire, nourrit cent pauvres dans les Villes aux dépens de dix mille qui périffent dans les campagnes. (J. J. Rouffeau.)

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Avantages & inconvéniens du Luxe.

Tel que l'aftre brillant qui fort du fein de l'onde
Pour enrichir chaque saison,

Tel le luxe embellit le monde,

Quand il eft dirigé par la faine raison.
Mais fi la mode & la folie,
Le caprice & la vanité,

Gouvernent fon Empire au gré de leur manie,
Son éclat impofteur devient un incendie,
Dont la funefte activité

S'étend jufqu'aux tréfors utiles à la vie,
Et ne laiffe, en ceffant, à l'homme épouvanté,
Que le travail & l'induftrie,

Pour combattre fa pauvreté.

(Saint-Roman.)

Le Luxe contribue au bien d'un Etat.

Le riche est né pour beaucoup dépenser;
Le pauvre eft fait pour beaucoup amaffer,
Dans ces jardins regardez ces cafcades,
L'étonnement & l'amour des Nayades:
Voyez ces flots dont les nappes d'argent
Vont inonder ce marbre blanchiffant.
Les humbles prés s'abreuvent de cette onde,
La terre en eft plus belle & plus féconde :
Mais de ces eaux fi la source tarit,
L'herbe eft féchée, & la fleur fe flétrit.
Ainfi l'on voit en Angleterre, en France,
Par cent canaux circuler l'abondance.
Le goût du luxe entre dans tous les rangs,
Le pauvre y vit des vanités des Grands;
Et le Travail, gagé par la Molleffe,
S'ouvre à pas lents la route à la richeffe.
(Voltaire.)

L'éclat du Luxe eft comme celui des Cometes,

qui s'élevent au-deffus de la terre qu'elles ont

épuisée, qui font admirées des peuples, & qui font des maladies populaires.

Si la misère du payfan lui fait envisager comme un malheur d'avoir une nombreuse famille, le Luxe ne nuit pas moins à la population. Un homme qui jouit d'une fortune aifée, trouve plus honnête d'avoir fix chevaux dans son écurie, que de donner fix enfans à l'État.

(Effais hiftor. de M. de Saint-Foix.)

Si nos ancêtres fortoient de leurs tombeaux, ils croiroient s'être rencontrés dans un jour de fête publique, & ne pourroient fe perfuader que toutes ces folies font la maladie de tous les jours, (Le Tourneur.)

Les femmes font fi fécondes à la Chine, & l'efpèce humaine s'y multiplie à un tel point, que les terres, quelque cultivées qu'elles foient, fuffifent à peine pour la nourriture des Habitans. Le Luxe y eft donc pernicieux; il faut qu'on s'y attache aux Arts néceffaires, & qu'on fuye ceux de la volupté. Ainfi, le Luxe n'eft utile que dans les pays où il croît plus de bled qu'il n'en faut pour la nourriture des Habitans.

(Génie de Montefquieu.)

A table hier, par un triste hasard,
J'étais affis près d'un maître Caffard,
Lequel me dit vous avez bien la mine
D'aller un jour échauffer la cuisine
De Lucifer; & moi, prédeftiné,

Je rirai bien, quand vous ferez damné...
Damné! comment? pourquoi?... Pour vos folies,
Vous avez dit en vos œuvres non pies,

Dans certain conte en rimes barbouillé,
Qu'au Paradis Adam était mouillé,
Lorfqu'il pleuvait fur notre premier père ;
Qu'Eve avec lui buvait de belle eau claire ;
Qu'ils avaient, même avant d'être déchus,
La peau tanée, & les ongles crochus.
Vous avancez, dans votre folle ivresse,
Prêchant le luxe & vantant la molleffe,
Qu'il vaut bien mieux, ô blafphêmes maudits!
Vivre à préfent qu'avoir vécu jadis.
Par quoi, mon fils, votre Mufe pollue
Sera rôtie, & c'eft chose conclue.
Difant ces mots, fon gofier altéré
Humait un vin qui, d'ambre coloré,
Sentait encor la grappe parfumée,
Dont fut pour nous la liqueur exprimée.
Un carmin vif enluminait fon teint.
Lors je lui dis: Pour Dieu! Monfieur le Saint,
Quel eft ce vin? D'où vient-il, je vous prie?
D'où l'avez-vous ?... Il vient de Canarie
C'est un nectar, un breuvage d'élu;

Dieu nous le donne, & Dieu veut qu'il foit bu...
Et ce caffé, dont après cinq fervices,
Votre eftomac goûte encor les délices?...
Par le Seigneur il me fut deftiné...

Bon. Mais avant que Dieu vous l'ait donné,
Ne faut-il pas que l'humaine industrie
L'aille ravir aux champs de l'Arabie ?
La porcelaine, & la frêle beauté
De cet émail à la Chine empâté,
Par mille mains fut pour vous préparée
Cuite, recuite, & peinte & diaprée ;
Cet argent fin, cizelé, gaudronné,
En plat, en vafe, en foucoupe tourné,
Fut arraché de la terre profonde,

Dans le Potofe, au fein d'un nouveau monde.
Tout l'univers a travaillé pour vous,

Afin qu'en paix, dans votre heureux courroux, Vous infultiez, pieux atrabilaire,

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