페이지 이미지
PDF
ePub

Eux-mêmes s'oublioient trop pleins de leur ten

dreffe.

Mais les Chefs ranimez d'un favorable espoir,
Abandonnent ces lieux, preffez par le devoir.
Ces Amants à regret s'en arrachent, se quitttent.
Les aftres moins brillans des Cieux fe précipitent:
L'Aube est prête à paroître ; & bien-tôt fon retour
Aux bords de l'Orient ramenera le jour..

[blocks in formation]

Lui prefente par tout l'image du Heros.
Cette Reine à fes Dieux offre des facrifices,
Et cherche par des voeux à les rendre propices:
Son avide regard,dans les flancs des Taureaux,
S'applique à découvrir un remede à fes maux.
Amour, qu'on connoît peu ta puiffance fuprême,
Dit-elle, d'implorer d'autre Dieu que toi-même !
Inutile fecours, & que peuvent les voeux

Pour le coeur d'une Amante embrafé de tes feux ?
Elle s'efforce en vain de cacher fa tendresse:

Ses difcours, fes foupirs découvrent fa foibleffe ; Et cedant aux tourmens qui caufsent fa langueur, Dans le fein de Theone elle épanche fon coeur.

Clovis voulant, dit-elle, exercer fon courage, Dans fes jeux, des combats aime à tracer l'image: Il s'apprête à me voir le bras armé de traits Pourfuivre à fes côtez les hôtes des forêts: Le jour doit étaler les apprêts de la chasse. Que ce jeune Heros fait éclater d'audace! Qu'à fes nobles difcours, à fon air, à fes yeux On découvre aisément qu'il eft du fang des Dieux! D'un courage fi grand on peut tout fe promettre.

Sur mon trône ufurpé, qu'il tarde à me remettre! Mille foins devorans m'agitent tour à tour: Quand ma gloire m'excite à preffer mon retour, Je me fens arrêter par un charme invincible: J'efpere que mes yeux trouveront tout poffible, Que gagnant ce Heros, ils fauront l'obliger A quitter fes projets pour courir me vanger. Je t'avoue à regret mon trouble & ma foibleffe: Son image à mes yeux se presente sans cesse, Je le fuis, je le cherche, & quelquefois mon cœur

Croit pouvoir de mon fort lui peindre la rigueur :
Je parle & mon difcours fur ma langue s'égare:
Un défordre inconnu de mes efprits s'empare:
Je perds à son aspect l'usage de la voix :

Tous mes fens étonnez se troublent à la fois :

Je crois tout, je crains tout, je fouhaite, j'efpere,
Mon amour fe nourrit d'une vaine chimere,

Son hymen ; & pourquoi ne puis-je m'en flater?
Que dis-je! Vain efpoir que je dois rejetter.
Reine de nom, fans fceptre, errante, abandonnée,
A quels nouveaux malheurs étois-je destinée ?
De fes yeux, à ces mots coule un torrent de pleurs.

Pourquoi, lui dit Theone, irriter vos douleurs,
Quand du coeur de Clovis vous devez tout attendre,
Les foins que ce Heros s'empreffe de vous rendre,
Ses yeux remplis du feu dont il fe fent brûler,
Tout trahit un fecret qu'il n'ofe reveler.

Des Climats ennemis le Rhin feul le fépare: A traverser fes flots voit-on qu'il fe prepare? Songe-t-il à preffer le départ des Guerriers, Qui doivent fous vos loix moiffonner des lauriers. De ce fecours promis le fouvenir s'efface;

Et de fes hauts projets les jeux ont pris la place
Les concerts aux feftins fuccedent chaque jour;
Et trompant fes ennuis parlent de fon amour :
Le Camp dans le repos, vous dit qu'on vous adore;
Et feule dans ces lieux vous en doutez encore.

Ce difcours féduifant lui fouffle un feu vainqueur,
Qui court de veine en veine, & penetre fon coeur.
Ainfi la foudre s'ouvre une prompte carriere,
Fend, & parcourt les airs d'un fillon de lumiere.
Que des confeils flateurs le charme eft dangereux!
Quel pouvoir n'ont-ils pas fur un coeur amoureux!
Ils raniment l'espoir prefque éteint dans une ame,
Et par eux tout y cede à l'ardeur qui l'enflame.

Les Zéphirs de l'Aurore annonçoient le retour; Et les Heures ouvrant les barrieres du jour, Laiffoient dorer les monts à la clarté naiffante. Albionne fe calme: elle fort de fa tente.

Les Chaffeurs diligens viennent de toutes parts
Au fon bruyant des cors s'offrir à fes regards.
Clovis voit Calaric, Aurele, Renomaire,

Et cent jeunes Guerriers dans l'ardeur de lui plaire;
Le javelot en main marcher à fes côtez:

[ocr errors]
« 이전계속 »