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avoient déshonorée, & à la vue de tout le peu CHAP. ple d'Ifrael qu'ils avoient fcandalifé. Pour exé-. I V. cuter ce deffein, combien faut-il qu'il y ait de volontez libres qui interviennent? Les Philif tins forment le deffein d'entreprendre la guerre: leurs foldats combattent avec un courage. qui leur donne la victoire l'armée d'Ifrael prend la fuite; les Anciens de ce peuple propofent une chofe jufques-là inouie, de faire amener l'Arche d'alliance dans le camp : tous les efprits fe réuniffent à prendre ce parti: le Grand-Prêtre confent à une demande fi extra ordinaire : & fes deux fils, Ophni & Phinées, s'uniffent pour accompagner l'Arche à l'armée. Chacune de ces actions eft très-libre en ellemême cependant il eft certain que c'eft Dieu qui, fans prendre aucune part à ce qu'elles peuvent avoir de défectueux, y préfide, & les dirige par la fouveraine volonté, pour les faire concourir à la production de l'effet qu'il a prévû & ordonné. C'est ce qui établit une véri té également importante & incompréhensible, qui eft l'accord des decrets infaillibles de Dieu avec la liberté des créatures. Elles exécutent fes deffeins éternels & immuables par des actions entiérement libres : & comme la flexibilité de leur libre arbitre n'ôte rien à la certitude infaillible de la préfcience de Dieu; auffi l'immutabilité de fes decrets n'ôte rien à l'activité de leur libre arbitre.

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[L'Arche de Dieu fut prife. ] Dans quel étonnement & quelle confternation fut ce peuple quand il vit enlever de la terre d'Ifrael, & ttanfporter chez des idolâtres, ce que la religion avoit de plus augufte; ce qu'il révéroit comme le thrône de Dieu fur la terre,& comme le gage de fa protection fur fon peuple

Mais

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CHAP.
IV.

Mais le deffein de Dieu, en permettant que 'Arche fût ôtée aux Ifraélites, & qu'elle tombât entre les mains des Philiftins, étoit de guérir les premiers d'une erreur capitale dont ils étoient dès-lors prévenus, & qui a enfin caufé leur perte. C'étoit la confiance présomptueufe qu'ils avoient dans les avantages & les priviléges extérieurs. Ils croyoient avoir droit à la protection & à la faveur de Dieu, précisément parce qu'ils defcendoient d'Abraham; qu'ils étoient le peuple choifi entre tous les peuples de la terre; qu'ils avoient un facerdoce que Dieu lui-même avoit établi ; que leur Temple étoit le feul au monde où Dieu fût adoré ; & qu'ils poffédoient l'Arche de l'alliance, où le Seigneur donnoit des marques fi éclattantes de la préfence. Dieu confond d'une maniére fenfible tous les faux prétextes qui foutenoient cette préfomption criminelle. Ils fe glorifioient d'être la postérité benie d'Abraham; & ils font vaincus par la race maudite des Philiftins. Ils fe vantoient d'être la nation fainte, & la feule confacrée au vrai Dieu; & il en fait exterminer trente-quatre mille hommes par des idolâtres & des incirconcis. Ils fe confioient dans le facerdoce d'Aaron; & il fait tuer leurs prêtres à leurs yeux. Ils s'appuyoient fur la préfence vifible de l'Arche; & il la leur enléve, & la livre à leurs ennemis. Elle étoit à Silo depuis plus de trois cents ans il la fait tranforter de-là pour n'y plus retourner le lieu ême où elle a fait un fi long féjour, eft ruiné, il en reste à peine quelques vestiges qui en onfervent la mémoire. Le Seigneur, dit David, Pf. 77. 60. rejetta le Tabernacle qui étoit à Silo, fon pro

pre Tabernacle, où il avoit demeuré parmi les hom

..mes.

Tome III.

N

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39.

IV.

Après ce premier exemple, par où Dieu mon CHAP. troit qu'il ne tenoit à aucune de ces chofes fenfibles; & que les Ifraélites ne pouvoient lui plaire qu'autant qu'ils imiteroient la foi d'Abraham, & qu'ils honoreroient fon faint Nom par la religion du cœur ; ce peuple néanmoins ne fut point guéri de fon erreur. Les Prophé La. 1. Jer. 7. tes la lui reprochérent depuis inutilement; & malgré la difperfion & la captivité; malgré la ruine entiére du Temple, & la ceffation des facrifices pendant plus de foixante-dix ans, dont ils n'avoient pû perdre le fouvenir; ils étoient encore tout pleins de cette vaine confiance, lorfqu'ils difoient à Jefus-Chrift: Nous Jean. 8. 33. fommes les defcendants d'Abraham : nous avons Abraham pour pére. Ainfi le royaume de Dieu, Mat. 21. 43. c'eft-à-dire la vraie religion, l'honneur d'être fon peuple, leur a enfin été ôté, pour être donné à un peuple qui devoit en produire les fruits. Nous avons le bonheur d'être de ce peuple. Craignons le même châtiment, non pour I'Eglife, qui ne peut périr comme la Synagogue: mais pour chacun de nous, & pour le pays où nous habitons; fi mettant nôtre confiance, comme les Juifs, dans l'extérieur de la religion, nous en négligeons l'efprit. Craignons que royaume de Dieu ne nous foit ôté pour être transporté ailleurs, fi nous croyons avoir droit aux bienfaits de Dieu autrement que par une fincére reconnoiffance de nôtre indignité, & par une humble confiance en fa miféricorde. ་།

le

[Le jour même, un homme échappé du combat, c. jufqu'à la fin du chapitre. ] On ne peut s'empêcher de déplorer le fort funefte d'Heli. Il eft irrépréhenfible pour fa perfonne, bon juge, prêtre appliqué à fes fonctions,

& affidu à fes devoirs. Il reprend Anne févére-
ment, parce qu'il la croit yvre : mais il se dé-
fabule fans peine, & la congédie avec des témoi-
de fon eftime. Il fait cas du mérite & de
gnages
la piété, & il attache particuliérement auprès
de la perfonne le jeune Samuel; qu'il en croit
rempli. Après qu'on a emmené l'Arche dans le
camp, quoique le peuple & fes propres enfants
foient en danger, il n'a d'inquiétude que pour
elle. Sa religion femble étouffer en lui les fen-
timents de chef d'Ifrael, & de pére. Il entend
fans émotion le récit de la deffaite de l'armée,
& de la mort de fes deux fils: mais il fuccombe
à la douleur, dès qu'il entend parler de la prife
de l'Arche. Il eft fenfible aux défordres de fes
enfants; & il les en reprend auffi fortement,
ce femble, qu'il pouvoit le faire, à l'égard de
fils âgez, conftituez en dignité, & en fonctions
publiques. Que de gens pafferoient pour de
dignes miniftres du Seigneur, s'ils étoient tels
que ce Grand-Prêtre !

Mais Heli, qui auroit pú fe fanctifier, s'il n'eût été qu'un fimple particulier, a mérité d'être rejetté de Dieu, parce qu'étant GrandPrêtre, il manquoit d'une qualité effentiellement néceffaire, qui eft ie zéie de la gloire de Dieu, & le courage pour s'oppofer fans aucun refpect humain au torrent de l'iniquité. Il apprend les défordres de fes enfants; & il fe contente d'une fimple réprimande; au lieu qu'il falloit employer l'autorité; &, s'ils ne changeoient, les écarter entiérement de l'autel & du Temple: & l'on voit avec douleur, que, fans s'émouvoir des deux avertissements terribles, que Dieu lui fit donner par un Prophéte envoyé exprès, & enfuite par Samuel; il continue tranquillement jufqu'à fa mort, à

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IV.

CHAP.
IV

laiffer fes fils profaner impunément les fonctions du facerdoce, & avilir la religion.

La frayeur dont il étoit fail pour l'Arche, & la douleur qu'il reffentit de fa captivité, marquent le caractére des Juifs charnels, fortement attachez à l'extérieur de la-religion, pendant qu'ils en ruinent l'effence & l'efprit. H reffembloit en ce point à ceux qui depuis furent fi jaloux de la fainteté du Sabbat, & de l'obfervance exacte de la tradition des Anciens; pendant qu'ils calomnioient & qu'ils rejettoient le Meffie, que le Pére célefte leur avoit envoyé ; qui n'ofoient entrer dans la maifon de leur Gouverneur, de peur de fe fouiller par ce commerce avec un payen; & qui ne craignoient point de renoncer le Saint & le Jufte, & de livrer à la mort de la croix Pauteur de la vie. Combien de chrétiens feroient faifis d'horreur, s'ils entendoient dire que le corps de Jefus-Chrift,eft tombé dans la boue, & qu'il a été par un pur malheur foulé aux pieds: pendant qu'ils le reçoivent eux-mêmes dans un cœur noirci de crimes; & qu'ils n'ont point d'horreur de fe rendre coupables de la profanation du corps de leur Sauveur, auquel d'ailleurs ils rendent fort religieufement tous les refpects extérieurs!

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