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Cette étonnante découverte, dont on ne trouve aucune trace dans l'antiquité, eft une de celles que l'effort de l'efprit humain paroît avoir faifies le plus tard, quoique le principe en foit fimple & à la portée de tout le monde.

Les premiers effais qui en ont conftaté le fuccès, ont été faits au mois de Juin dernier, dans une petite ville de France ; & les progrès des expériences répétées à Paris ont été tels, qu'au mois de Novembre fuivant, l'on a vu des hommes s'élever & fe foutenir fans aucune espèce de danger, à une grande hauteur, & fe ménager les moyens de monter & de defcendre

à volonté.

Des résultats auffi fatisfaifans ne peuvent que donner les idées les plus avantageufes d'une Machine, dont les fuccès iront peut-être quelques jours au-delà de nos espérances, fi nous pouvons mettre

de la fuite & de la confiance dans nos recherches.

Il est vrai que fi notre zèle fe rallentit, celui de nos voisins en acquerra peutêtre plus d'activité; car, puifqu'on va s'occuper en Allemagne, en Ruffie & en Italie de ces mêmes expériences, il eft à préfumer que les Anglois qui ont en vénération les Sciences, ne refteront pas dans une indifférence & une oifiveté étrangère à leur caractère.

Quoi qu'il en foit, j'ai cru devoir réu nir fous un même point de vue, le tableau de tout ce qui a été fait d'intéreffant à ce sujet; mon unique but a été d'être utile à ceux qui voudront fuivre le même objet, & de rendre juftice en mêmetems aux Auteurs de cette découverte.

Je me félicite, dans cette circonftance, de m'être occupé d'un travail qui me procure l'avantage de faire paroître cet

Ouvrage fous vos aufpices: votre amour pour les Lettres & les Beaux-Arts vous donne des droits mérités fur tout ce qui leur eft relatif; & l'on ne fauroit trop vous favoir gré de ce que vous les rendez fi recommandables, dans une Cour où l'on en fent depuis fi long-tems l'utilité, & où l'on s'eft toujours fait gloire de les protéger & de les faire fleurir.

Je fuis, avec le plus refpectueux attachement,

MONSIEUR LE COMTE

Votre très-humble & très

obéiffant ferviteur,

FAUJAS DE SAINT-FOND.

DISCOURS

PRÉLIMINAIRE.

LA découverte de MM. de Montgolfier a produit une grande fenfation dans l'Europe, & elle eft incontestablement le fruit du génie; mais jufqu'à présent les détails des belles expériences qui ont été faites à ce fujet, font fi peu connus, & tout ce qu'on en a rapporté eft fi vague, & fouvent fi contradictoire, que les perfonnes éloignées de la capitale, fe font trouvées dans une incertitude & un embarras qui ne leur a pas permis de fuivre une carrière aussi neuve & auffi intéreffante.

C'est dans l'intention de parer à cet inconvénient, & de donner aux favans une preuve du défir que j'ai de faire quelque chofe qui puiffe leur être agréable, que je m'empreffe de publier des faits

que j'ai fuivis moi-même avec attention; j'ai tâché de ne négliger aucune des circonftances qui pourroient tendre à donner des éclairciffemens fur cette matière.

Toutes les perfonnes inftruites, & qui prennent intérêt aux fciences, ont trèsbien fenti le mérite de cette découverte, & ont rendu juftice à ceux qui en étoient les inventeurs; mais, comme l'on ne doit pas s'attendre que les hommes aient tous le même génie & la même façon de penfer, & qu'il en eft d'affez malheureusement nés, pour n'approuver que ce qu'ils ont fait eux-mêmes, MM. de Montgolfier ont dû trouver quelques contradicteurs & des jaloux. Ils ont été, à la vérité, en bien plus petit nombre dans un fiècle éclairé, que dans un tems où il y auroit eu moins d'inf tructions; un feul n'a pas craint d'avancer qu'il avoit eu depuis plus d'un an le projet d'exécuter une Machine aéroftatique en taffetas enduit de gomme élastique, qu'il vouloit remplir d'air inflammable. Mais il

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