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ACTE SECOND.

SCENE I.

JOSEPH, AZANETH.

JOSEPH.

ON, ne m'accufez point d'une trifteffe ingrate,

Ni

Je reffens comme vous ce bonheur qui vous flatte. Seulement qu'on me laiffe encor quelques inftans, Et j'irai recevoir ces honneurs éclatans.

AZANETH.

L'Univers attentif, ne cherche qu'à vous plaire.
De fes plus beaux rayons le Soleil nous éclaire.
A l'envi de nos foins, on diroit que les Cieux
Aiment à fignaler un jour fi glorieux.

Tout fléchit devant vous, l'Egypte vous contemple
Dans un degré d'honneur qui n'eut jamais d'exemple.
Maître de vos deftins, qu'auriez-vous fouhaité
Qui pût accroître encor vôtre felicité ?

Songez, Seigneur, fongez, pour en goûter les charmes,
Que vos biens au Public n'ont point couté de larmes.
Souvent le Peuple voit élever à fes yeux

Des Coloffes d'orgueil, des Monftres odieux,
Dont la fiere grandeur, les titres magnifiques
Sont triftement formez des miferes publiques;

Tyrans, dont le pouvoir n'inspire que l'effroi,
Et dont les paffions font la fuprême loi.

.

Mais tout ce grand Etat vous aime & vous revere
Des Peuples & du Prince on vous nomme le Pere.
Pharaon est heureux par vos fages projets ;
Il regne, & vous regnez, en fauvant fes Sujets.
Le falut, le repos, la gloire de l'Empire,
Sont le fruit des Confeils que le Ciel vous infpire.
Et ce qui rend enfin vôtre destin plus doux,
C'eft que vôtre bonheur eft le bonheur de tous !

JOSEPH.

Le Nil ne reffent point cette effroyable guerre,
Que livre la famine au refte de la Terre.

Les fuccès que le Ciel accorde à mes travaux,
Des Peuples de l'Egypte ont prévenu les maux.
Mais dois-je me borner aux Climats où nous fommes ?
Madame, en d'autres lieux n'eft-il point d'autres
Hommes ?

Que de triftes objets de loin viennent s'offrir!
Combien de malheureux je ne puis fecourir!

AZANETH.

N'alterez point les biens que le Sort vous octroye, Le Peuple qui s'affemble autour de ce Palais, Envoye au Ciel pour vous mille tendres souhaits.

Le Triomphe à fon gré fe fera trop attendre;
Et la Cour fur vos pas eft prête de fe rendre.
La Reine, qui veut bien m'avoüer de fon Sang
Et dans fon amitié me mettre au premier rang,
Regarde avec plaifir la Pompe qui s'aprête,

Et veut de fa prefence honorer cette Fête.

Avec quel doux tranfport je vais voir ces honneurs', Qui, répandus fur vous, raviffent tous les coeurs!

粥粥粥粥粥粥光光光 張光粥粥粥粥粥粥粥粥粥粥 SCENE I I.

JOSEPH, HELY.

JOSEPH.

Qu'on appelle l'Hebreu. Viens, Hely, Mes penfees
En des doutes flotans fi long-tems balancées,
Ne trouvent de douceur que dans ton entretien ;
En l'état où je fuis, c'eft mon unique bien..
Je puis parler enfin de Jacob, de mes Freres,
De ces Vallons aimez, de ces Rives fi cheres;
Pour moi toute ma pompe, & toute ma faveur,
Ne vaut pas le plaifir de t'épancher mon cœur!,
HELY.

Ce grand Dieu, qui pour vous paroît fi favorable,
Fera ceffer, Seigneur, l'ennui qui vous accable.
On viendra.

JOSEPH.

Cher Hely, que les momens font longs

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Ah! que ne puis-je aller dans ces facrez Vallons
Où mon Pere Jacob a choifi fa retraite ?
N'obtiendrai-je jamais cette douceur parfaite?
Ne le verrai-je plus? Mais, en parlant de lui,
Tâchons de diffiper ce douloureux ennui.
Depuis que Simeon, ce trop barbare frere,
Fut ici retenu par mon ordre fevere
Hely, j'ai commandé qu'on adoucît fes fers;
Memphis eft fa prifon, mes biens lui font offerts.
Mais craignant à fes yeux de rompre le filence,
Je l'ai fait rarement venir en ma presence.
J'ai dit qu'on me l'améine. Et pour me foulager,
Devant toi, cher Hely, je veux l'interroger.
Cherchons quelque lumiere au trouble qui m'agite
De fes difcours toi-même examine la fuite.
Le voilà, le barbare! Et peut-être aujourd'hui
Il ne me refte plus d'autre frere que lui!

HELY.

Il tremble devant vous.

.

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JOSEPH, SIMEON, HELY.
JOSEPH.

Venez. Hé bien, parjures,

N'avois-je pas prévû vos lâches impostures?
Et que feignant ici de chercher du fecours,
Qui d'un Pere mourant fauvât les triftes jours,
Vous dreffiez à Memphis des trames criminelles ?
Ingrats, vous m'avez fait des recits infidelles.
Vos Freres fuppofez étoient des Ennemis;
Ils n'ofent revenir après l'avoir promis.

SIMEON.

Nous n'avons point formé ces deffeins temeraires.
D'un Païs éloigné, dix malheureux, tous freres,
Eprouvant de la faim la dure extrêmité,

Nous vinfimes implorer, Seigneur, vôtre bonté.
C'est vôtre fecours feul qui peut nous faire vivre.
Et fi de tant de maux enfin il nous délivre,
D'un cœur reconnoiffant nous allons à jamais
Aux Rives du Jourdain, publier vos bienfaits,
JOSEPH.

Non, non, de vos difcours l'artifice eft vifible.
A vos feintes douleurs j'eus tort d'être fenfible.

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