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SCENE IV.

JOSEPH, HELY.

JOSEPH.

Je l'ai chaffe. Mon ame trop émûë,

Ne pouvoit plus cacher mon defordre à fa vûë.
Ah! puifqu'on ne vient pas, Hely, fans differer
A partir avec lui tu dois te préparer,

Va porter mes prefens, va dans la Palestine
Arrêter les rigueurs de l'horrible famine.
Peut-être c'eft trop tard! que de tems j'ai perdu!
Å donner ces fecours j'aurai trop attendu !

Tout ce qu'à fait pour moi ta fainte Providence
Grand Dieu, dolt me remplir de joye & d'efperance*
Je croi qu'avec ce foin qui conferva mes jours,
Sur mon pere Jacob ton œil veille toûjours,
Mais pardonne, grand Dieu, pardonne à ma foibleffe,
Qui femble quelquefois oublier ta promeffe.
Tu choifis Abraham, & voulus l'éclairer
Pour connoître ton Nom, te fervir, t'adorer.
Tu lui promis, Seigneur, que fa Race feconde`
De fes Enfans élus, rempliroit tout le Monde,
Et que toûjours comblez de tes facrez bienfaits,
Ils chanteroient ton Nom, & ta gloire à jamais. !

Mais, helas! on diroit qu'aujourd'hui leurs offenfes,
Ont ramené fur eux le tems de tes vengeances !
La Faim qui détruit tout, regne avec plus d'horreur
Que n'en eut le Déluge aux jours de ta fureur!
Sur les bords du Jourdain tout perit; & j'ignore
Ce que devient mon Pere, & s'il refpire encore.
Ma crainte rompt le cours de mes felicitez.
Découvre-moi fur lui tes faintes volontez,

Grand Dieu, déclare-moi ce qu'il faut que j'efpere.
Ces biens que tu me fais, répans-les fur mon Pere;
Après qu'à fon amour j'ai couté tant de pleurs,
En lui montrant Jofeph, termine fes douleurs.

Mes vœux....

SCENE V.

JOSEPH, THIAMIS, HELY.

JOSEPH.

Que me veut-on, Thiamis?

THIAMIS.

Vous aprendre

Que la Troupe étrangere à vos pieds vient fe rendre. Les Gens que par vôtre ordre on avoit difpofez, Leur rendant les chemins plus feurs & plus aifez,

Ont, fans fe découvrir, aidé leur diligence.

Qu'on les amene.

JOSEPH.

THIAMIS.

Inftruit de vôtre impatience,

Je les ai fait d'abord conduire en ce Palais.

JOSEPH

Qu'ils entrent. O grand Dieu! feconde mes fouhaits,
De quels troubles divers je me fens l'ame atteinte.,
Quel mélange foudain d'efperance & de crainte!
Le jeune Benjamin, que j'ai tant defiré,

Vient-il, malgré les cris de fon Pere éploré ?
Que vont-ils m'annoncer? A cet afpect je tremble.
HELY.

Ah! voilà Benjamin! Seigneur, il vous reffemble,
Vous aviez à cet âge, & ces traits, & ce port.
JOSEPH.

Il faut, mon cher Hely, retenir mon transport.

SCENE V I.

JOSEPH, RUBEN, JUDA, BENJAMIN, &c. HELY, THIAMIS.

RUBEN.

Dans ces extrêmitez qui de la Palestine,
Avancent tous les jours la cruelle ruine,

Nous

Nous revenons encore, embraffant vos genoux,
Vous conjurer, Seigneur, d'avoir pitié de nous.
Par vos foins fortunez que l'Egypte eft heureuse!
Tous les autres Climats ont une face affreuse!
Et qu'après tant d'horreurs & de calamitez,
A l'afpect de ces lieux nos cœurs font tranfportez !
Nous joignons à nos vœux les vœux de nôtre Frere,
Nous vous le prefentons.

JOSEPH.

Ce Vieillard vôtre Pere,

De qui vous m'avez fait un portrait fi touchant, En quel état eft-il ?

RUBEN.

Dans fon âge penchant,

Au gré de nos defirs fes nombreuses années
Nous paroiffent encor loin de fe voir bornées.
Supportant fes malheurs, il coule fes vieux jours,
Toujours fe confiant au celefte Secours.
Charmé de vos bontez, il les loue avec zele,
Et fe dit, comme nous, vôtre Efclave fidele.

JOSEPH.

C'est donc là Benjamin, entre fes bras nourri,

De ce Pere affligé fi tendrement cheri?

Ah! mon Fils, que le Ciel te comble de fa grace, Et te rende l'honneur & l'appui de ta Race.

C

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JUD A.

Nous venons tout-ravis de vos foins bien-faifans,
Vous payer nos tributs, vous offrir nos prefens.
Mais que vôtre bonté, s'il lui plaît, daigne entendre,
Un fujet de frayeur qui nous a dû furprendre.
L'or qu'à vos Officiers nous avions presenté,
En partant de ces lieux nous l'avons remporté,
Sans pouvoir découvrir d'où l'erreur eft venue;
Seigneur, pour réparer une faute inconnue,
Nous venons à vos pieds offrir tous nos Trefors,
Et tout ce que de rare on trouve fur nos bords.
Foibles Dons, il est vrai. Mais dans nôtre impuiffance
Qui marquera jamais nôtre reconnoiffance ?
Nous vous avons choifi ce que l'on offre aux Cieux >
Des Parfums parmi nous eftimez précieux ;
Et de l'Arbre odorant tiré ces larmes pures,
Infaillible remede aux fanglantes bleffures;
Utile à conferver le fil de ces beaux jours

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Qui ne devroient jamais finir leur noble cours.
C'eft ce que par nos mains nôtre Pere vous donne.
Son efpoir & le nôtre à vous feul s'abandonne.
D'une jufte frayeur nous étions agitez:

Mais nous reconnoiffons vos auguftes bontez ;
Et dans ce doux moment vos regards favorables,
Nous annoncent la fin de nos maux déplorables.

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