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Adieu; ne me suis point, ou retiens tes soupirs.

SABINE, seule.

O colere, ô pitié, sourdes à mes desirs,

Vous négligez mon crime, et ma douleur vous lasse;
Et je n'obtiens de vous ni supplice ni grace!`
Allons-y par nos pleurs faire encore un effort;
Et n'employons après que nous à notre mort.

FIN DU QUATRIEME ACTE.

ACTE CINQUIEME.

SCENE I.

LE VIEIL HORACE, HORACE.

LE VIEIL HORACE.

RETIRONS nos regards de cet objet funeste,
Pour admirer ici le jugement céleste:

Quand la gloire nous enfle, il sait bien comme il faut
Confondre notre orgueil qui s'éleve trop haut;

Nos plaisirs les plus doux ne vont point sans tristesse; Il mêle à nos vertus des marques de foiblesse,

Et rarement accorde à notre ambition

L'entier et pur honneur d'une bonne action.

Je ne plains point Camille, elle étoit criminelle;

Je me tiens plus à plaindre, et je te plains plus qu'elle :
Moi, d'avoir mis au jour un cœur si
jour un cœur si peu romain;
Toi, d'avoir par sa mort déshonoré ta main.
Je ne la trouve point injuste ni trop prompte;
Mais tu pouvois, mon fils, t'en épargner la honte:
Son crime, quoique énorme et digne du trépas,
Étoit mieux impuni que puni par ton bras.

HORACE.

Disposez de mon sang, les lois vous en font maître :
J'ai cru devoir le sien aux lieux qui m'ont vu naître.
Si dans vos sentiments mon zele est criminel,
S'il m'en faut recevoir un reproche éternel,
Si ma main en devient honteuse et profanée,
Vous pouvez d'un seul mot trancher ma destinée:
Reprenez tout ce sang de qui ma lâcheté ⠀⠀⠀⠀
A si brutalement souillé la pureté.

Ma main n'a pu souffrir de crime en votre race; :
Ne souffrez point de tache en la maison d'Horace.
C'est en ces actions dont l'honneur est blessé

Qu'un pere
tel que vous se montre intéressé:
Son amour doit se taire où touté excuse est nulle;
Lui-même il y prend part lorsqu'il les dissimule;
Et de sa propre gloire il fait trop peu de cas
Quand il ne punit point ce qu'il n'approuve pas.

LE VIEIL HORACE.:

Il n'use pas toujours d'une rigueur extrême;
Il épargne ses fils bien souvent pour soi-même;
Sa vieillesse sur eux aime à se soutenir,

Et ne les punit point, de peur de se punir.

Je te vois d'un autre œil que tu ne te regardes;
Je sais... Mais le roi vient; je vois entrer ses gardes.

SCENE II.

TULLE, VALERE, LE VIEIL HORACE,
HORACE, TROUPE DE GARDES.

LE VIEIL HORACE.

Ah, Sire! un tel honneur a trop d'excès pour moi;
Ce n'est point en ce lieu que je dois voir mon roi.
Permettez qu'à genoux...

TULLE.

Non, levez-vous, mon pere;

Je fais ce qu'en ma place un bon prince doit faire.
Un si rare service et si fort important

Veut l'honneur le plus rare et le plus éclatant :
Vous en aviez déja sa parole pour gage;
Je ne l'ai pas voulu différer davantage.
J'ai su par son rapport, et je n'en doutois pas,
Comme de vos deux fils vous portez le trépas;
Et que, déja votre ame étant trop résolue,
Ma consolation vous seroit superflue:
Mais je viens de savoir quel étrange malheur
D'un fils victorieux a suivi la valeur,

Et que son trop d'amour pour la cause publique
Par ses mains à son pere ôte une fille unique.
Ce coup est un peu rude à l'esprit le plus fort;
Et je doute comment vous portez cette mort.

LE VIEIL HORACE.

Sire, avec déplaisir, mais avec patience.

TULLE.

C'est l'effet vertueux de votre expérience.
Beaucoup par un long âge ont appris comme vous
Que le malheur succede au bonheur le plus doux;
Peu savent comme vous s'appliquer ce remede;
Et dans leur intérêt toute leur vertu cede.
Si vous pouvez trouver dans ma compassion
Quelque soulagement pour votre affliction,
Ainsi que votre mal sachez qu'elle est extrême;
Et que je vous en plains autant que je vous aime.

VALERE.

Sire, puisque le ciel entre les mains des rois
Dépose sa justice et la force des lois,

Et que l'état demande aux princes légitimes

Des prix pour les vertus, des peines pour les crimes,
Souffrez qu'un bon sujet vous fasse souvenir

Que vous plaignez beaucoup ce qu'il vous faut punir;
Souffrez...

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Permettez qu'il acheve, et je ferai justice.

J'aime à la rendre à tous, à toute heure, en tout lieu;
C'est par elle qu'un roi se fait un demi-dieu;

Et c'est dont je vous plains, qu'après un tel service

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