230 EXAMEN D'HORACE. avoit point de place pour lui au premier acte, et encore moins au second: il falloit qu'il tînt son rang à l'armée pendant le troisieme; et il se montre au quatrieme, sitôt que la mort de son rival fait quelque ouverture à son espérance. Il tâche à gagner les bonnes graces du pere, par la commission qu'il prend du roi de lui apporter les glorieuses nouvelles de l'honneur que ce prince lui veut faire, et, par occasion, il lui apprend la victoire de son fils qu'il ignoroit. Il ne manque pas d'amour durant les trois premiers actes, mais d'un temps propre à le témoigner; et, dès la premiere scene de la piece, il paroît bien qu'il rendoit assez de soins à Camille, puisque Sabine s'en alarme pour son frere. S'il ne prend pas le procédé de France, il faut considérer qu'il est Romain, et dans Rome, où il n'auroit pu entreprendre un duel contre un autre Romain sans faire un crime d'état, et que j'aurois fait un crime de théâtre si j'avois habillé un Romain à la françoise. FIN DE L'EXAMEN D'HORACE. CINNA, OU LA CLÉMENCE D'AUGUSTE, TRAGÉDIE. Cui lecta potenter erit res, Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo. HORAT. t ACTEURS. OCTAVE CÉSAR AUGUSTE, empereur de Rome. LIVIE, impératrice. CINNA, fils d'une fille de Pompée, chef de la con juration contre Auguste. MAXIME, autre chef de la conjuration. La scene est à Rome. ACTE PREMIER. SCENE I. ÉMILIE. IMPATIENTS desirs d'une illustre vengeance Dont la mort de mon pere a formé la naissance, Que ma douleur séduite embrasse aveuglément, Je m'abandonne toute à vos ardents transports, Et crois pour une mort lui devoir mille morts. Et, quoi qu'en ma faveur ton amour exécute, Te perdre en me vengeant, ce n'est pas me venger. Mais peut-on en verser alors qu'on venge un pere? Est-il perte à ce prix qui ne semble légere? Et, quand son assassin tombe sous notre effort, |