Que pour les surmonter il faudroit des miracles. MAXIME. Éloigne-toi; dans peu j'irai te retrouver : SCENE II. CINNA, MAXIME. MAXIME. Vous me semblez pensif. CINNA. Ce n'est pas sans sujet. MAXIME. Puis-je d'un tel chagrin savoir quel est l'objet? CINNA Émilie et César. L'un et l'autre me gêne; L'un me semble trop bon, l'autre trop inhumaine. Par un mortel reproche à tous moments me tue: Mon chagrin t'importune, et le trouble où je suis Veut de la solitude à calmer tant d'ennuis. MAXIME. Vous voulez rendre compte à l'objet qui vous blesse SCENE III. CINNA. Donne un plus digne nom au glorieux empire Et que l'honneur oppose au coup précipité De mon ingratitude et de ma lâcheté : Mais plutôt continue à le nommer foiblesse, Puisqu'il devient si foible auprès d'une maîtresse; Qu'il respecte un amour qu'il devroit étouffer, que, s'il le combat, il n'ose en triompher. En ces extrémités quel conseil dois-je prendre? De quel côté pencher? à quel parti me rendre? Ои Qu'une ame généreuse a de peine à faillir! Quelque fruit que par là j'espere de cueillir, Les douceurs de l'amour, celles de la vengeance, La gloire d'affranchir le lieu de ma naissance, N'ont point assez d'appas pour flatter ma raison, S'il les faut acquérir par une trahison; S'il faut percer le flanc d'un prince magnanime Qui me comble d'honneurs, qui m'accable de biens, Mais je dépends de vous, ô serment téméraire! O haine d'Émilie! ô souvenir d'un pere! Ma foi, mon cœur, mon bras, tout vous est engagé, Et tiennent en mes mains et sa vie et sa mort. SCENE IV. ÉMILIE, CINNA, FULVIE. ÉMILIE. Graces aux dieux, Cinna, ma frayeur étoit vaine; CINNA. Le désavouerez-vous? et du don qu'il me fait L'effet est en ta main. ÉMILIE. CINNA. Mais plutôt en la vôtre. Je suis toujours moi-même, et mon cœur n'est point autre: CINNA. Vous pouvez toutefois... O ciel! l'osé-je dire? Que puis-je? et que ÉMILIE. crains-tu? CINNA. Je tremble, je soupire, Et vois que, si nos cœurs avoient mêmes desirs, ÉMILIE. C'est trop me gêner; parle. CINNA. Il faut vous obéir: Je vais donc vous déplaire, et vous m'allez haïr. Si cette passion ne fait toute ma joie, Et si je ne vous aime avec toute l'ardeur Que peut un digne objet attendre d'un grand cœur! Mais voyez à quel prix vous me donnez votre ame; En me rendant heureux vous me rendez infame: Cette bonté d'Auguste... ÉMILIE. Il suffit, je t'entends; Je vois ton repentir et tes vœux inconstants. II Mettre un roi hors du trône et donner ses états, De ses proscriptions rougir la terre et l'onde, |