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SCENE V.

ÉMILIE, FULVIE.

FULVIE.

Vous avez mis son ame au désespoir.

ÉMILIE.

Qu'il cesse de m'aimer, et suive son devoir.

FULVIE.

Il va vous obéir aux dépens de sa vie.

Vous en pleurez!

ÉMILIE.

Hélas! cours après lui, Fulvie;

Et, si ton amitié daigne me secourir,

Arrache-lui du cœur ce dessein de mourir :

Dis-lui...

FULVIE.

Qu'en sa faveur vous laissez vivre Auguste?

ÉMILIE.

Ah! c'est faire à ma haine une loi trop injuste.

Et quoi donc?

FULVIE.

ÉMILIE.

Qu'il achevé, et dégage sa foi;

Et qu'il choisisse après de la mort, ou de moi.

FIN DU TROISIEME ACTE.

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ACTE QUATRIEME.

SCENE I.

AUGUSTE, EUPHORBE, POLYCLETE,

GARDES.

AUGUSTE.

TOUT ce que tu me dis, Euphorbe, est incroyable.

EUPHORBE.

Seigneur, le récit même en paroît effroyable;
On ne conçoit qu'à peine une telle fureur,
Et la seule pensée en fait frémir d'horreur.

AUGUSTE.

Quoi! mes plus chers amis! quoi! Cinna! quoi! Maxime!
Les deux que j'honorois d'une si haute estime,

À

qui j'ouvrois mon cœur, et dont j'avois fait choix Pour les plus importants et plus nobles emplois !

Après qu'entre leurs mains j'ai remis mon empire,
Pour m'arracher le jour l'un et l'autre conspire!
Maxime a vu sa faute, il m'en fait avertir,

Et montre un cœur touché d'un juste repentir:
Mais Cinna!

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EUPHORBE.

Cinna seul dans sa rage s'obstine,

Et contre vos bontés d'autant plus se mutine:
Lui seul combat encor les vertueux efforts
Que sur les conjurés fait ce juste remords;
́Et, malgré les frayeurs à leurs regrets mêlées,

Il tâche à raffermir leurs ames ébranlées.

AUGUSTE.

Lui seul les encourage, et lui seul les séduit!
O le plus déloyal que la terre ait produit!
O trahison conçue au sein d'une furie!
O trop sensible coup d'une main si chérie!
Cinna, tu me trahis!... Polyclete, écoutez.
(Il lui parle à l'oreille.)

POLYCLETE.*

Tous vos ordres, seigneur, seront exécutés.

AUGUSTE.

Qu'Éraste en même temps aille dire à Maxime Qu'il vienne recevoir le pardon de son crime.

SCENE II.

AUGUSTE, EUPHORBE.

EUPHORBE.

Il l'a jugé trop grand pour ne pas s'en punir:

À peine du palais il a pu revenir,

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Que, les yeux égarés, et le regard farouche,

Le cœur gros de soupirs, les sanglots à la bouche,
Il déteste sa vie, et ce complot maudit,

M'en apprend l'ordre entier tel que je vous l'ai dit;
que je vous avertisse,
Il ajoute: «< Dis-lui que je me fais justice,

Et m'ayant commandé que je

Que je n'ignore point ce que j'ai mérité. »
Puis soudain dans le Tibre il s'est précipité,

Dont l'eau grosse et rapide, et la nuit assez noire,
M'ont dérobé la fin de sa tragique histoire.

AUGUSTE.

Sous ce pressant remords il a trop succombé,
Et s'est à mes bontés lui-même dérobé;

Il n'est crime envers moi qu'un repentir n'efface.
Mais, puisqu'il a voulu renoncer à ma grace,
Allez pourvoir au reste, et faites qu'on ait soin
De tenir en lieu sûr ce fidele témoin.

SCENE III.

AUGUSTE.

Ciel! à qui voulez-vous désormais que je fie
Les secrets de mon ame et le soin de ma vie?
Reprenez le pouvoir que vous m'avez commis,
Si, donnant des sujets, il ôte les amis;

Si tel est le destin des grandeurs souveraines,

Que leurs plus grands bienfaits n'attirent que des haines;

Et si votre rigueur les condamne à chérir

Ceux que vous animez à les faire périr.

Pour elles rien n'est sûr; qui peut tout, doit tout craindre.
Rentre en toi-même, Octave, et cesse de te plaindre:
Quoi! tu veux qu'on t'épargne, et n'as rien épargné!
Songe aux fleuves de sang où ton bras s'est baigné,
De combien ont rougi les champs de Macédoine,
Combien en a versé la défaite d'Antoine,
Combien celle de Sexte; et revois tout d'un temps
Pérouse au sien noyée, et tous ses habitants:
Remets dans ton esprit, après tant de carnages,
De tes proscriptions les sanglantes images,
Où toi-même, des tiens devenu le bourreau,
Au sein de ton tuteur enfonças le couteau:
Et puis ose accuser le destin d'injustice,

Quand tu vois que les tiens s'arment pour ton supplice,
Et que, par ton exemple, à ta perte guidés,
Ils violent des droits que tu n'as pas gardés!
Leur trahison est juste, et le ciel l'autorise:
Quitte ta dignité comme tu l'as acquise;
Rends un sang infidele à l'infidélité,
Et souffre des ingrats après l'avoir été.

Mais que mon jugement au besoin m'abandonne!
Quelle fureur, Cinna, m'accuse et te pardonne,
Toi, dont la trahison me force à retenir
Ce pouvoir souverain dont tu me veux punir,
Me traite en criminel, et fait seule mon crime,
Releve, pour l'abattre, un trône illégitime,

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