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Téméraire vieillard, aura sa récompense.

( Il lui donne un soufflet.)

D. DIEGUE, l'épée à la main.

Acheve, et prends ma vie après un tel affront, Le premier dont ma race ait vu rougir son front.

LE COMTE.

'Et que penses-tu faire avec tant de foiblesse?

D. DIEGUE.

Oh, Dieu! ma force usée en ce besoin me laisse!

LE COMTE.

Ton épée est à moi: mais tu serois trop vain,
Si ce honteux trophée avoit chargé ma main.
Adieu. Fais lire au prince, en dépit de l'envie,
Pour son instruction, l'histoire de ta vie;
D'un insolent discours ce juste châtiment
Ne lui servira pas d'un petit ornement.

SCENE VII.

D. DIEGUE.

O rage! ô désespoir! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers,
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers?
Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,

Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi!
O cruel souvenir de ma gloire passée !
OEuvre de tant de jours en un jour effacée!
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur!
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte?

Comte, sois de mon prince à présent gouverneur, Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur; Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne, Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne. Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d'un corps tout de glace inutile ornement, Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense, M'as servi de parade, et non pas de défense, Va, quitte désormais le dernier des humains, Passe pour me venger en de meilleures mains.

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Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Je reconnois mon sang à ce noble courroux:

Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte.

Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte, Viens me venger.

D. RODRIGUE.

· De quoi?

D. DIEGUE.

D'un affront si cruel

Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel;
D'un soufflet. L'insolent en eût perdu la vie,
Mais mon âge a trompé ma généreuse envie;
Et ce fer, que mon bras ne peut plus soutenir,
Je le remets au tien pour venger et punir.
Va contre un arrogant éprouver ton courage,

Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage.

Meurs, ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter,
Je te donne à combattre un homme à redouter:
Je l'ai vu tout sanglant, au milieu des batailles,
Se faire un beau rempart de mille funérailles.

D. RODRIGUE.

Son nom? c'est perdre temps en propos superflus.

D. DIEGUE.

Donc pour te dire encor quelque chose de plus,
Plus que brave soldat, plus que grand capitaine,

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Ne réplique point; je connois ton amour;

Mais qui peut vivre infame est indigne du jour;
Plus l'offenseur est cher, et plus grande est l'offense:
Enfin tu sais l'affront, et tu tiens la vengeance,
Je ne te dis plus rien; venge-moi, venge-toi;
Montre-toi digne fils d'un pere tel que moi:
Accablé des malheurs où le destin me range,

Je m'en vais les pleurer. Va, cours, vole, et nous venge.

SCENE IX.

D. RODRIGUE.

mortelle,

Percé jusques au fond du cœur
D'une atteinte imprévue aussi bien que
Misérable vengeur d'une juste querelle,
Et malheureux objet d'une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon ame abattue
Cede au coup qui me tuę.

Si près de voir mon feu récompensé,
Oh, Dieu! l'étrange peine!

En cet affront mon pere est l'offensé,
Et l'offenseur le pere de Chimene!

Que je sens de rudes combats!

Contre mon propre
honneur mon amour s'intéresse;
Il faut venger un pere, et perdre une maîtresse :
L'un m'anime le cœur, l'autre retient mon bras.
Réduit au triste choix, ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infame,

Des deux côtés mon mal est infini.
Oh, Dieu! l'étrange peine!

Faut-il laisser un affront impuni?
Faut-il punir le pere de Chimene?

Pere, maîtresse, honneur, amour,

Noble et dure contrainte, aimable tyrannie,

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