Téméraire vieillard, aura sa récompense. ( Il lui donne un soufflet.) D. DIEGUE, l'épée à la main. Acheve, et prends ma vie après un tel affront, Le premier dont ma race ait vu rougir son front. LE COMTE. 'Et que penses-tu faire avec tant de foiblesse? D. DIEGUE. Oh, Dieu! ma force usée en ce besoin me laisse! LE COMTE. Ton épée est à moi: mais tu serois trop vain, SCENE VII. D. DIEGUE. O rage! ô désespoir! ô vieillesse ennemie ! Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi! Comte, sois de mon prince à présent gouverneur, Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur; Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne, Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne. Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d'un corps tout de glace inutile ornement, Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense, M'as servi de parade, et non pas de défense, Va, quitte désormais le dernier des humains, Passe pour me venger en de meilleures mains. Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte. Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte, Viens me venger. D. RODRIGUE. · De quoi? D. DIEGUE. D'un affront si cruel Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel; Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage. Meurs, ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter, D. RODRIGUE. Son nom? c'est perdre temps en propos superflus. D. DIEGUE. Donc pour te dire encor quelque chose de plus, Ne réplique point; je connois ton amour; Mais qui peut vivre infame est indigne du jour; Je m'en vais les pleurer. Va, cours, vole, et nous venge. SCENE IX. D. RODRIGUE. mortelle, Percé jusques au fond du cœur Si près de voir mon feu récompensé, En cet affront mon pere est l'offensé, Que je sens de rudes combats! Contre mon propre Des deux côtés mon mal est infini. Faut-il laisser un affront impuni? Pere, maîtresse, honneur, amour, Noble et dure contrainte, aimable tyrannie, |