L'INFANTE. Tu ne dois pas pourtant le redouter beaucoup, Et, CHIMENE. S'il ne m'obéit point, quel comble à mon ennui ! s'il peut m'obéir, que dira-t-on de lui? Étant né ce qu'il est, souffrir un tel outrage! Soit qu'il cède ou résiste au feu qui me l'engage, Mon esprit ne peut qu'être ou honteux ou confus De son trop de respect, ou d'un juste refus. L'INFANTE. Chimene est généreuse, et, quoique intéressée, CHIMENE. Ah, madame! en ce cas je n'ai plus de souci. SCENE IV. L'INFANTE, CHIMENE, LÉONOR, un page. L'INFANTE. Page, cherchez Rodrigue, et l'amenez icì. LE PAGE. Le comte de Gormas et lui... 4 CHIMENE. Bon Dieu! je tremble. L'INFANTE. Parlez. LE PAGE. De ce palais ils sont sortis ensemble. CHIMENE. Seuls? LE PAGE. Seuls, et qui sembloient tout bas se quereller. CHIMENE. Sans doute ils sont aux mains, il n'en faut plus parler. SCENE V. L'INFANTE, LÉONOR. L'INFANTE. Hélas! que dans l'esprit je sens d'inquiétude! Fait renaître à la fois mon espoir et ma peine; Cette haute vertu qui regne dans votre ame Se rend-elle sitôt à cette lâche flamme? L'INFANTE. Ne la nomme point lâche, à présent que chez moi Vous laissez choir ainsi ce glorieux courage; Ah! qu'avec peu d'effet on entend la raison Qu'il a peine à souffrir que l'on y remédie! LÉONOR. Votre espoir vous séduit; votre mal vous est doux; L'INFANTE. Je ne le sais que trop; mais si ma vertu cède, SCENE VII. D. FERNAND, D. SANCHE, D. ARIAS. D. SANCHE. Peut-être un peu de temps le rendroit moins rebelle, D. FERNAND. Don Sanche, taisez-vous, et soyez averti Qu'une ame accoutumée aux grandes actions Ne se peut abaisser à des soumissions. Elle n'en conçoit point qui s'expliquent sans honte; Il trouve en son devoir un peu trop de rigueur, Commandez que son bras, nourri dans les alarmes, Répare cette injure à la pointe des armes; D. FERNAND. Vous perdez le respect; mais je pardonne à l'âge, Et quoi qu'on veuille dire, et quoi qu'il ose croire, N'en parlons plus. Au reste, on a vu dix vaisseaux D. ARIAS. Les Maures ont appris par force à vous connoître; D. FERNAND. Ils ne verront jamais, sans quelque jalousie, Mon sceptre, en dépit d'eux, régir l'Andalousie; |