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de leur rang, de fuivre l'exemple de la Cour, & de déployer une grande magnificence. Telle étoit la divifion générale de l'Empire Romain, relativement aux langues grecque & latine. On peut cependant renfermer dans une troisième claffe les Naturels de Syrie, & fur-tout ceux de l'Egypte. Attachés à leurs anciens dialectes, qui leur interdifoient tout commerce avec le genre humain, ils reftèrent plongés dans une ignorance profonde (1). La vie molle & efféminée des uns les expofoit au mépris; la fombre férocité des autres leur attira la haine des vainqueurs (2). Ces peuples cherchèrent rarement à fe rendre dignes de la qualité éminente de Citoyen Romain; & l'on

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(1) Le lecteur curieux peut voir, dans la Bibliothè que eccléfiaftique de Dupin (tome xix, p. 1, c. 8), combien on étoit attentif à conferver l'ufage des langues fyriaque & égyptienne.

(2) Voyez Juvénal, fat. 111 & xv ; Ammien-Mar cellin, XXII, 16.

a remarqué qu'après la chûte des Ptolémées, il s'écoula plus de deux cent-trente ans avant qu'un Egyptien eût été admis dans le Sénat de

Rome (1).

Rome triomphante fut fubjuguée par lage généa les arts de la Grèce. Cette réflexion, langues, quoique devenue commune, n'en est pas moins jufte. Ces écrivains immortels, qui font encore les délices de l'Europe favante, furent bientôt connus en Italie & dans les provinces occidentales; ils furent lus avec tranfport, & devinrent l'objet de l'admiration publique. Mais les occupations agréables des Romains n'avoient rien de commun avec les maximes profondes de leur politique. Quoique féduits par les chefs-d'œuvres de la Grèce, ils furent conferver la dignité de leur langue, qui feule étoit en ufage dans tout ce qui

(1) Dion Caffius, 1. LXXVII, p. 1275. Ce fut fous le règne de Septime Sévère, qu'un Egyptien fut admis pour la première fois dans le Sénat,

Efclaves.

regardoit l'administration civile & le grec gouvernement militaire (1). Le & le latin exerçoient en même temps dans l'Empire une jurisdiction féparée, l'un comme l'idiome naturel des fciences, l'autre comme le dialecte légal de toutes les tranfactions publiques. Ces deux langues étoient également connues de ceux qui, livrés aux affaires, cultivoient les Muses; & parmi les sujets de Rome qui avoient reçu une éducation honnête, il étoit difficile d'en trouver qui ignoraffent l'une & l'autre de ces langues univerfelles.

Tant de moyens réunis contribuèrent à refferrer les liens des différens peuples de l'Empire. Ils ne formèrent plus qu'un seul corps, connu fous le nom général de la Nation Romaine. Mais il existoit toujours au centre de toutes les pro

(1) Valère-Maxime, l. 11, c. 2, n. 2. L'Empereur Claude dégrada un habile Grec, parce qu'il n'entendoit pas le latin; il étoit probablement revêtu de quelque charge publique. Suét. vie de Claude, c. 16.

vinces, & dans le fein de chaque famille, une claffe d'hommes infortunés, destinés à supporter toutes les charges de la fociété, fans en partager les avan

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tages. Chez les anciens, même dans les Leur traite Etats libres, les efclaves domeftiques étoient exposés à toutes les rigueurs du defpotifme. Les beaux âges de l'Empire Romain avoient été précédés par des siècles de barbarie & d'ignorance. Les efclaves étoient, , pour la plupart, des captifs, que le fort des armes faifoittomber entre les mains du vainqueur, & que l'on vendoit à vil prix (1). Impatiens de brifer leurs fers, ils ne refpiroient que la vengeance, & déploroient sans ceffe cette vie indépendante à laquelle ils avoient été accoutumés. Le défespoir leur donna fouvent des armes, & leur foulèvement mit plus d'une fois la République fur le penchant de fa

(1) Dans le camp de Lucullus, on vendit un bœuf une drachme, & un efclave quatre drachmes, environ erois livres dix fols, Plytarque, vie de Lucullus, p. 580.

ruiné (1). On établit contre ces ennemis. dangereux,de févères règlemens (1) & des châtimens cruels, que la néceffité feule pouvoit juftifier. Mais lorfque les principales nations de l'Afie, de l'Europe & de l'Afrique eurent été réunies sous un feul gouvernement, on compta beaucoup moins d'étrangers parmi les esclaves; & pour en entretenir toujours le même nombre, les Romains eurent recours à des moyens plus doux, mais moins prompts. Ils encouragèrent les mariages dans leurs nombreux domestiques; & fur-tout à la campagne. Les fentimens de la nature, les liens de l'éducation, l'affurance de quelque propriété, contribuèrent à adoucir les peines de la fervitude (3). L'existence

(1) Diodore de Sicile, in Eclog. hift. 1. xxxiv & XXXVI; Florus, III, 19 20.

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(2) Voyez -uu exemple remarquable de févérité dans Cicéron, in Verrem, V, 36

(3) Gruter & les autres compilateurs rapportent un grand nombre d'infcriptions adeeffées par les efclaves

d'un

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