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gination active & pleine de force, l'émulation nationale, une religion nouvelle, de nouvelles langues, un nouvel univers, tout l'invitóit à fortir de l'engourdissement où il étoit ênseveli; mais dans l'Empire de Rome, les habitans des provinces, fubordonnés au fyftême uniforme d'une éducation étrangère, ne pouvoient entrer en lice avec ces Anciens qui, jouiffànt de l'avantage d'exprimer, dans leur langue naturelle, la hardieffe de leurs pensées, s'étoient emparés des premiers rangs. Le nom de poëte étoit prefque oublié les fophiftes défiguroient l'éloquence: une nuée de critiques, de compilateurs & de commentateurs obfcurciffoit le champ des fciences; & la corruption du goût fuivit de près la décadence du génie.

Dans une période moins reculée, of Dépravationa vit paroître à la Cour d'une Reine de Syrie un homme qui, élevé en quelque forte au-deffus de fon fiècle, fit revivre l'esprit de l'ancienne Athènes. Le sublime

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Longin obferve & déplore cette dépravation qui aviliffoit fes contemporains, énervoit leur courage, & étouffoit les talens. «Comme on voit, dit-il, les enfans dont les membres ont été trop » comprimés, refter toujours dans le » même état de foibleffe; ainfi, lorfque » nos ames ont été enchaînées par le préjugé & par la fervitude, elles » font incapables de s'élever. Jamais » elles ne connoîtront cette véritable grandeur fi admirée dans les Anciens, qui, vivant fous un Gouvernement » républicain, écrivoient avec la même liberté qui dirigeoit leurs actions (1)». Pour fuivre cette métaphore, le genre humain éprouva de jour en jour une

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(1) Longin, traité du Sublime, c. 45, p. 229, édit. Toll. Nous pouvons dire de ce grand Ecrivain qu'il joint l'exemple au précepte. Au-lieu de propofer fes fentimens avec hardieffe, il les infinue avec la plus grande réferve; il les met dans la bouche d'un ami; &, autant que nous en pouvons juger d'après un texte corrompu, il paroît vouloir luimême les réfuter.

dégradation fenfible ; & réellement l'Empire Romain n'étoit peuplé que de pygmées, lorfqué les fiers géans du Nord accoururent fur la scène, & firent difparoître cette race abâtardie. Ils déployèrent une nobleffe de fentimens & des vertus dont la trace étoit êntièrement effacée; &, après une révolution de dix fiècles, la liberté enfantă le goût & lá fcience.

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Idée d'une

monarchie.

CHAPITRE II I..

De la conftitution de l'Empire Romain dans le fiècle des Antonins.

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NE Monarchie, felon la définition la plus générale, est un État dans lequel une feule perfonne, quelque nom qu'on lui donne, eft chargée de l'exécution des loix, de la direction des revenus, & du commandement des Armées. Mais à moins que des protecteurs vigilans & intrépides ne veillent à la liberté publique, l'autorité d'un Magiftrat aussi formidable dégénère bientôt en despotifme. Dans le fiècle de la fuperftition, le genre humain, pour affurer fes droits, auroit pu tirer parti de l'influence du Clergé; mais il exifte une union fi intime entre le Trône & l'Autel, que l'on a vu bien rarement la bannière de l'Eglife flotter du côté du peuple : une Nobleffe

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d'Augufte.

belliqueufe & des Communes inflexi- Situation bles, attachées à leur propriété, prêtes à la défendre les armes à la main, & réunies dans des affemblées régulières, font la feule digue qui puiffe résister aux attaques continuelles d'un Prince entreprenant.

La conftitution de la République Romaine n'existoit plus; la vaste ambition du Dictateur l'avoit renverfée; la main cruelle du Triumvir lui porta les derniers coups. Après la victoire d'Actium, le destin de l'Univers dépendoit de cet Octave, furnommé Céfar en vertu de l'adoption de fon oncle, & décoré enfuite du titre d'Augufte par la flatterie du Sénat. Le vainqueur étoit à la tête quarante-quatre légions (1), toutes compofées de vétérans, fières de leurs propres forces, méprifant la foibleffe de la constitution, accoutumées, pendant vingt ans de guerre, à répandre des

de

(1) Orofe, VI, 18.

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