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été impoffible à ce Prince de commander en perfonne les légions répandues fur des frontières éloignées, il obtint, comme Pompée, la permiffion de confier fon autorité à des Lieutenans. Ces Officiers paroiffent voir eu le même rang & le même pouvoir que les anciens Proconfuls; mais leur commandement étoit fubordonné & précaire ; ils tenoient leur commiffion des mains d'un Chef fuprême, qui s'attribuoit la gloire de leurs exploits; ils n'agiffoient que fous fes aufpices (1); en un mot, ils étoient les représentans de l'Empereur, feul Général de la République, & dont l'autorité civile & militaire s'étendoit

(1) Sous la République, le triomphe n'étoit accordé qu'au Général, autorifé à prendre les aufpices au nom du peuple. Par une conféquence juste, tirée de ce principe de religion & de politique, le triomphe fut réservé à l'Empereur; & fes Lieutenans, au milieu des emplois les plus éclatans, fe contentèrent de quelques marques de deftinction, qui, fous le titre de dignités triomphales, furent imaginées ca leur faveur.

fur tous les domaines de Rome. Le Sénat avoit la fatisfaction de voir que les membres de leur corps jouiffoient feuls de ces dignités importantes. Les Lieutenans de l'Empire étoient choisis parmi les anciens Confulaires ou les anciens Préteurs; les légions avoient à leur tête des Sénateurs; & de tous les gouvernemens de provinces, il n'y eut que la Préfecture d'Egypte qui fut confiée à un Chevalier Romain.

provinces en

& le Sénat,

Auguste venoit d'être élevé au pre- Divifion des mier rang; fix jours après il réfolut de trel'Empereur fatisfaire, par un facrifice aifé, la vanité des Sénateurs. Il leur représenta que fon pouvoir s'étendoit même au-delà des bornes qu'il avoit été néceffaire de tracer, pour remédier aux maux de l'Etat. « On ne lui avoit pas permis de » refuser le commandement pénible des » armées & des frontières ; mais il de» mandoit en grace la liberté de faire paffer les provinces plus tranquilles » fous la douce administration du Ma

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"giftrat civil ». Dans la divifion des
provinces, Augufte confulta également
fon intérêt perfonnel, & la dignité de
la République. Les Proconfuls nommés
par
le Sénat, & principalement ceux de
l'Afie, de la Grèce & de l'Afrique,
jouiffoient d'une distinction plus honora-
que les Lieutenans de l'Empereur,
qui commandoient dans la Gaule ou en
Syrie. Les premiers étoient accompa-
gnés de licteurs; ceux-ci avoient à leur
fuite des foldats; cependant le Souve-
rain ne perdoit rien de fes droits réels;
en effet, il fut ordonné par une loi, que
la présence de l'Empereur fufpendroit,
dans chaque département, l'autorité or-
dinaire du Gouverneur. Les nouvelles
conquêtes devinrent une portion du
Domaine Impérial; & l'on s'apperçut
bientôt que la puiffance du Prince
dénomination favorite d'Augufte, étoit
la même dans toutes les parties de l'Em-
pire.

L'Empereur Augufte exigea, pour cette concef

commandie

fion imaginaire, un privilége impor-conferve le tant, qui lui livroit Rome & l'Italie. ment militaire Il fut autorifé à retenir le commande- compagner de gardes au mi

& fe fait ac

Rome.

ment militaire, & à conserver auprès le même de de fa perfonne une garde nombreuse, même en temps de paix & dans le centre de la Capitale; prérogative dange‐ reuse qui renversoit les anciennes maximes. Il n'avoit réellement d'autorité que fur les citoyens engagés dans le Service; mais les Romains étoient fi portés à l'esclavage, que les Magiftrats, les Sénateurs & l'Ordre Equestre s'emprefsèrent de prêter ferment. Enfin, l'hommage de la flatterie fut converti insensiblement en une protestation de fidélité, qui se renouvelloit tous les ans avec une pompe folemnelle. Augufte regardoit la force militaire Puiffances comme la base la plus folide du Gou- tribunitienne. vernement; mais il ne pouvoit se disfimuler combien un pareil inftrument devoit paroître odieux. Son caractère & fa politique lui firent adopter des

confulaire &

mefures plus fages; il aima mieux régner fous les titres refpectables de l'ancienne magiftrature, & raffembler fur fa tête tous les rayons épars de l'autorité civile. Dans cette vue, il permit au Sénat de lui donner pour fa vie le Confulat (1) & la puiffance tribunitienne (2).

Tous les Empereurs imitèrent fon exemple les Confuls avoient fuccédé aux premiers Rois de Rome; ils repréfentoient la nation, avoient l'infpection fur les cérémonies de la Religion, levoient & commandoient les armées, donnoient audience aux Ambaffadeurs

(1) Ciceron' (de legibus, III, 3) donne à la dignité confulaire le nom de regia poteftas; & Polybe (1. vi c. 3) obferve trois pouvoirs dans la conftitution romaine. Le pouvoir monarchique étoit représenté exercé par les Confuls.

(2) Comme la puiffance tribunitienne (différente de l'emploi annuel de tribun) fut inventée pour le dictateur Céfar (Dion, I. XLIV, page 384), elle lui fut probablement donnée comme une récompenfe, pour avoir fi généreufement affuré par les armes les droits facrés des tribuns & du peuple. Voyez fes commentaires, de bell. civil. 1. 1.

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