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provinces riches, mais défarmées, de cette partie de l'Empire, se soumirent avec joie à fon obéiffance. Enfin les Rois dont les États étoient fitués au-delà du Tigre & de l'Euphrate, le félicitèrent fur fon élection, & lui offrirent leurs fervices.

Niger, comblé tout-à-coup des biens de la fortune, n'avoit point l'ame assez forte pour foutenir une révolution fi fubite. Il fe flatta qu'il ne fe présenteroit aucun rival, & que fon avénement au Trône ne feroit pas fouillé par le fang des citoyens; mais tandis qu'il s'occupoit des vains honneurs du triomphe, il négligea de s'affurer de la victoire. Aulieu d'entrer en négociation avec les puiffantes armées de l'Occident, dont les démarches devoient décider, ou aumoins balancer le deftin de l'Empire; au, lieu de marcher fans délai à Rome, où

ne s'eft pas trompé, ce que j'ai de la peine à croire, il a fait paroître une dynastie de princes tributaires, entièrement inconnus aux Hiftoriens.

il étoit attendu avec impatience (1), Niger perdit, dans les plaisirs d'Antioche, des momens précieux, dont le génie actif de Sévère profita habilement & d'une manière décifive (2).

Dalmatie,

Le pays des Pannoniens & des Dal- Pannonic & mates, situé entre le Danube & l'extrémité de la Mer Adriatique, étoit une des dernières conquêtes des Romains, & celle qui leur avoit coûté le plus de fang. Deux cents mille de ces Barbares prirent à-la-fois les armes pour la défenfe de leur liberté, alarmèrent la vieilleffe d'Augufte, & exercèrent l'activité de Tibère, qui combattit contr'eux à la tête de toutes les forces de l'Em

pire (3). Enfin la difcipline & le courage

(1) Dion, 1. LXXIII, p. 1238. Hérodien, 1. II, p. 67. Un vers qui étoit alors dans la bouche de tout le monde, semble exprimer l'opinion généralę que l'on avoit des trois rivaux :

Optimus eft Niger, bonus Afer, peffimus Albus,

Hift. Aug. p. 75.

(2) Hérodien, l. II, p. 71.

(3) Voyez la relation de cette guerre mémorable

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des Romains l'emportèrent; les Pannoniens furent foumis. Cependant le fouvenir récent de leur indépendance, le voifinage & même le mélange des tribus qui n'avoient point été conquifes, peutêtre auffi l'influence d'un climat où l'on prétend que la Nature donne aux hommes de grands corps & peu d'intelligence 1), tout contribuoit à entretenir leur férocité primitive; & quoique ces provinces paruffent être peuplées de fujets Romains, on démêloit encore les traits hardis des premiers habitans de ces contrées barbares. Leur Jeuneffe belliqueufe fournissoit fans ceffe des recrues aux légions campées fur les bords du Danube, & qui, perpétuellement aux prifes avec les Germains & avec les Sarmates, étoient regardées à jufte

dans Velleius Paterculus (II, 110, &c.) qui fervoit dans l'armée de Tibère.

(1) Telle est la réflexion d'Hérodien, l. 11, p. 74. Les Autrichiens modernes admettront-ils l'influence?

titre

titre comme les meilleures troupes de l'Empire.

Sévère.

Septime Sévère commandoit alors Septime l'armée de Pannonie. Ce Général, né en Afrique, avoit paffé par tous les grades militaires. Dans le temps qu'il parcouroit lentement la carrière des honneurs, il nourriffoit en fecret une ambition démesurée, qui, ferme & inébranlable dans fa marche, ne fut jamais détournée ni par l'attrait du plaisir, ni par la crainte des dangers, ni par aucune paffion (1). A la première nouvelle de la mort de Pertinax, il affembla fes troupes, leur peignit avec les couleurs les plus vives le crime, l'infolence & la foibleffe des Prétoriens; & il excita les légions à voler aux armes & à la vengeance. La péroraifon de fon

(1) Commode, dans une lettre à Albin, dont nous avons déjà parlé, représente Sévère comme un des Généraux ambitieux qui cenfuroient la conduite de leur Prince, & qui defiroient d'en occuper la place. Hift. Aug. p. 80.

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Déclaré Em

légions de Pannonie.

An. 193,

13 Avril.

difcours étoit fur-tout extrêmement éloquente. Il promettoit à chaque foldat une fomme de neuf mille livres, présent confidérable, & double de celui que lâche Julien avoit offert pour acheter l'Empire (1).

le

Les troupes conférèrent auffi-tôt à pereur par les leur Général le nom d'Augufte, de Pertinax & d'Empereur. Ce fut ainfi que Sévère parvint à ce poste élevé, où il fe croyoit appelé par fon propre mérite, & par une longue fuite de fonges & de préfages qu'avoit enfantés fa politique ou fa fuperftition (2). Ce nou

(1) La Pannonie étoit trop pauvre pout fournir tant d'argent. Cette fomme fut probablement promise dans le Camp, & enfuite payée dans la Capitale. J'ai adopté, pour la fixer, la conjecture de Cafaubon. Voyez Hift. Aug. p. 66; Comment. p. 115.

(2) Hérodien, 1. 11, p. 78. Sévère fut déclaré Empereur fur les bords du Danube, foit à Carnuntum, felon Spartien (Hift. Aug. p. 65), foit à Sabaria, felon Victor. M. Hume, en fuppofant que la naiffance & la dignité de Sévère parurent trop audeffous de la pourpre Impériale. & qu'il marcha en

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