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veau Prétendant à l'Empire fentit les avantages particuliers de fa fituation; & il fut en profiter. Son Gouvernement, qui s'étendoit jufqu'aux Alpes Juliennes, lui facilitoit les moyens de pénétrer en Italie.

Italie.

Augufte avoit dit qu'une Armée Pan- Il marche en nonienne pouvoit paroître en dix jours à la vue de Rome (1). Ces paroles mémorables vinrent fe préfenter à l'efprit de Sévère. Par une promptitude proportionnée à la grandeur de l'entreprife, il pouvoit raisonnablement espérer de venger Pertinax, de punir Julien, & de recevoir l'hommage du Sénat & du peuple, comme Empereur légitime, fes compétiteurs, féparés de l'Italie par une immenfe étendue de terre & de mer, euffent été informés

avant que

Italie feulement comme Général, n'a pas examiné ce fait avec fon exactitude ordinaire ( Effais).

(1) Velleius Paterculus, l. 11, c. 3. En partant des frontières de la Pannonie, il falloit faire une marche. de foixante-fix lieues pour paroître à la vue de Rome.

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Il s'avance jufqu'à Rome.

de ses exploits, ou même de son élection. Pendant sa marche, il fe permit à peine le repos ou la nourriture; toujours à la tête des légions, il s'infinuoit dans l'amitié des foldats, paroiffoit honoré de leur confiance, redoubloit leur activité, excitoit leur courage, & animoit leurs efpérances; enfin il fe plaifoit à partager avec le moindre fantasfin les fatigues de la route, tandis qu'il lui montroit toujours en perfpective la grandeur des récompenses.

Le malheureux Julien s'étoit attendu, & fe croyoit préparé à disputer l'Empire au Gouverneur de Syrie; mais lorsqu'il apprit la marche rapide des légions invincibles de Pannonie, fa perte lui parut inévitable. L'arrivée précipitée de chaque courier redoubloit ses justes alarmes. On vint lui annoncer fucceffivement que Sévère avoit paffé les Alpes, que les villes d'Italie difpofées en sa faveur, ou incapables d'arrêter fes progrès, l'avoient reçu avec des

transports de joie & des proteftations de fidélité; que l'importante Place de Ravenne s'étoit rendue fans résistance; & enfin que la flotte de la Mer Adriatique obéissoit au Vainqueur. Déjà l'ennemi n'étoit plus éloigné de Rome que de quatre-vingts lieues; chaque inftant refferroit le cercle étroit de la vie & de l'empire du Prince.

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Julien.

Cependant Julien entreprit de pré- Détrede de venir fa perte, ou du moins de la reculer. Il implora la foi vénale des Prétoriens, remplit la Capitale de vains préparatifs de guerre, tira des lignes autour des fauxbourgs de la ville, & fe fortifia dans le palais, comme s'il eût été poffible, après avoir perdu tout espoir, de défendre ces derniers retranchemens contre un ennemi victorieux. La honte & la crainte empêchèrent les Prétoriens de l'abandonner; mais ils trembloient au nom des légions Pannoniennes, commandées par un Général expérimenté, & accoutumées à vaincre

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les Barbares fur les bords glacés du Danube (1). Ils quittoient, en foupirant, les bains & les fpectacles, pour prendre des armes dont le poids les accabloit, & qu'ils avoient perdu l'habitude de manier. On se flattoit que l'aspect terrible des éléphans jeteroit la terreur dans les Armées du Nord; mais ces animaux indociles ne reconnaisfoient plus la main de leurs conducteurs. La populace infultoit aux évolutions ridicules des foldats de Marine tirés de la flotte de Misène, tandis que les Sénateurs jouiffoient fecrettement de l'embarras & de la foibleffe du Monarque (2).

(1) Ceci n'eft point une vaine figure de Rhétorique; c'est une allufion à un fait rapporté par Dion (1.LXXI, p. 1181), & qui probablement arriva plus d'une fois.

(2) Dion, 1. LXXIII, p. 1233. Hérodien, l. 11, p. 81. Les Romains n'ont jamais paru fi fupérieurs dans la guerre, que lorfqu'ils ont d'abord surmonté la vaine terreur qu'infpirent les éléphans, & quand ils ont enfuite dédaigné l'ufage de ces animaux redouables.

incertaine

Toutes les démarches de Julien dé- sa conduite celoient fes alarmes & fa perplexité. Tantôt il exigeoit du Sénat que Sévère fût déclaré l'ennemi de l'État; tantôt il defiroit qu'on l'affociât à l'Empire. Il envoyoit publiquement à fon rival des Sénateurs Confulaires, pour négocier avec lui comme Ambaffadeurs, tandis qu'il chargeoit en particulier des affaffins de lui arracher la vie. Il ordonna aux Veftales & aux Prêtres de fortir en pompe folemnelle, revêtus de leurs habits facerdotaux, portant devant eux les gages facrés de la Religion, & de s'avancer ainfi à la rencontre des légions Pannoniennes. Il s'efforçoit en même-temps d'interroger ou d'appaiser les Deftins par des cérémonies magiques, & par d'indignes facrifices(1).

donné par les

Sévère, qui ne craignoit ni fes armes Il eft abanni fes conjurations, n'avoit à redouter Prétoriens que des complots fecrets. Pour éviter

(1) Hiftoire Auguste, p. 62, 63.

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