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que

ce danger, il se fit accompagner, pendant toute fa route, de fix cents hommes choifis, qui, toujours armés de cuiraffes, ne quittoient sa personne ni jour ni nuit. Rien ne l'arrêta dans fa marche rapide. Après avoir paffé fans obstacle les défilés des Apennins, il reçut dans fon parti les troupes & les Ambaffadeurs l'on avoit envoyés pour retarder fes progrès; & il ne refta que fort peu de temps dans la ville d'Interamna, aujourd'hui Terni, fituée à vingt-quatre lieues de Rome. Déjà il étoit sûr de la victoire, mais le défespoir des Prétoriens pouvoit la rendre fanglante; & Sévère avoit la noble ambition de vouloir monter fur le Trône fans tirer l'épée (1). Ses émiffaires, répandus dans la Capitale, affurèrent les Gardes que s'ils vouloient abandonner à la juftice du vainqueur

(1) Victor & Eutrope, vIII, 17, parlent d'un combat qui fut livré près du pont Milvius, ponte Mole, & dont les meilleurs Ecrivains du temps ne font pas mention,

leur indigne Souverain & les meurtriers de Pertinax, le Corps entier ne feroit plus jugé coupable de ce forfait.

Les Prétoriens, dont la réfistance n'avoit pour bafe ni la fidélité ni l'honneur, acceptèrent avec joie des conditions fi faciles à remplir. Ils fe faifirent de la plus grande partie des affaffins, & déclarèrent au Sénat qu'ils ne défendroient pas plus long-temps la caufe de Julien. Cette affemblée, convoquée par le Conful, reconnut unanimement Sévère comme le feul Empereur légitime, décerna des honneurs divins à Pertinax, & prononça une Sentence de dépofition & de mort contre fon infortuné fucceffeur.

& exécuté par

Juin

Julien, comme un vil criminel, eut Condamné auffi-tôt la tête tranchée dans une falle ordre du Sénat de bains de fon palais. Telle fut la fin, A. 193. d'un homme qui avoit dépensé des tréfors immenfes pour monter fur un Trône chancelant & orageux, qu'il occupa

A

1

Difgrace des

Prétoriens.

feulement pendant foixante-fix jours(1). L'expédition prefque incroyable de Sévère qui, dans un fi court efpace de temps, conduifit une armée nombreuse des rives du Danube aux bords du Tibre, prouve à-la-fois l'abondance des provisions produites par l'agriculture & par le commerce, la bonté des chemins, la discipline des légions, & la foumiffion des provinces conquifes (2).

Les premiers foins de Sévère furent confacrés à la décence & à la politique. Il réfolut d'abord de venger Pertinax,

(1) Dion, I. LXXIII, p. 1240. Hérodien, I. II, p. 83. Hift. Aug. p. 63.

(2) De ces foixante-fix jours, il faut d'abord en ôter feize. Pertinax fut maffacré le 28 Mars, & Sévère ne fut probablement élu que le 13 d'Avril ( Voyez Hift. Aug. p. 65, & Tillemont, Hift. des Empereurs, tome III, p. 393, note 7). Il fallut bien enfuite dix jours à ce Prince pour mettre fon armée en mouvement. Cette marche rapide fut donc faite en quarante jours; & comme la diftance de Rome aux environs de Vienne eft de deux cent foixante-fix lieues, les troupes de Sévère dûrent faire chaque jour plus de fix lieues fans s'arrêter.

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& de rendre à ce Prince les honneurs dus à fa mémoire. Avant d'entrer dans Rome, le nouvel Empereur commanda aux Prétoriens d'attendre fon arrivée dans une grande plaïne près de la ville, & de s'y rendre fans armes, avec les habits de cérémonie dont ils étoient revêtus, lorfqu'ils accompagnoient le Souverain. Ces troupes hautaines, moins touchées de repentir que frappées d'une juste terreur obéirent à fes ordres. Auffi-tôt un détachement de l'Armée d'Illyrie forma autour d'elles une haie de piques impénétrable. La résistance ou la fuite devenoit impoffible; & les Prétoriens attendoient leur fort en filence & dans la confternation. L'Empereur, monté fur fon tribunal, leur reprocha févèrement leur perfidie & leur lâcheté, les caffa avec ignominie, les dépouilla de leurs magnifiques ornemens, & leur défendit, fous peine de mort, de paroître à la diftance de trente lieues de la Capitale. Pendant cette exécution,

d'autres troupes avoient reçu ordre de s'emparer de leurs armes, d'occuper leur camp fortifié, & de prévenir les fuites funestes de leur désespoir (1).

Funérailles On célébra enfuite les funérailles de & apothéofe de Pertinax. Pertinax avec toute la magnificence dont étoit fufceptible cette trifte cérémonie (2). Le Sénat rendit, avec un plaifir mêlé d'amertume, les derniers devoirs à cet excellent Prince, qu'il avoit chéri & qu'il regrettoit encore. La fenfibilité de fon fucceffeur étoit probablement moins fincère; il estimoit les vertus de Pertinax, mais ces vertus lui auroient fermé le chemin du Trône, unique objet de fon ambition. Sévère prononça fon oraison funèbre avec une éloquence étudiée; &, malgré la fatisfaction intérieure qu'il reffentoit, ik

(1) Dion, 1. LXXIV, p. 1241. Hérodien, 1. II, p. 84.

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(2) Dion, qui affifta à cette cérémonie comme Sénateur, en donne une defcription très-pompeuse 1. LXXIV, p. 1244.

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