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cité (1). Ce Prince habile, toujours suivi par la fortune, fit revivre la réputation des armes Romaines (2). Lorsqu'il monta fur le Trône, la Nation étoit déchirée par des guerres civiles & étrangères : il pouvoit fe vanter de lui avoir rendu fon éclat, & d'avoir établi fur, une base folide une paix honorable & univerfelle (3)

militaire relâ

Quoique les plaies faites à l'État par La difcipline les difcordes inteftines paruffent entiè-chée. rement guéries, un poifon mortel attaquoit les fources de la conftitution. Sévère avoit un caractère ferme & des

(1) Voyez le Traité de Spanheim fur les anciennes médailles & infcriptions. Confultez auffi nos favans Voyageurs Spon & Wheeler, Shaw, Pocock, &c. qui, en Afrique, en Grèce & en Afie, ont trouvé plus de monumens de Sévère que d'aucun autre Empereur Romain.

(2) Il porta fes armes victorieufes jufqu'à Séleucie. & Créfiphon, les capitales de la monarchie des Parthes. J'aurai bientôt occafion de parler de cette guerre mémorable.

(3) Etiam in Britannis. Telle étoit l'expreffion jufte & emphatique dont il fe fervoit. Hift. Aug. p. 73.

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talens fupérieurs; mais le génie audacieux du premier des Céfars, ou la politique profonde d'Augufte, auroient à peine été capables de courber l'infolence des légions victorieuses. La reconnoiffance & une néceffité apparente ne permirent pas à Sévère de lire dans l'avenir, & l'engagèrent à relâcher les refforts de la difcipline militaire (1). Il fatta la vanité des Soldats, & parut s'occuper de leurs plaifirs, en leur permettant de porter des anneaux d'or, & de vivre dans les camps avec leurs femmes. Leur paye n'avoit jamais été auffi forte; ils recevoient de plus des largeffes extraordinaires à chaque fête publique, ou toutes les fois l'État étoit menacé de quelque danger. Infenfiblement ils s'accoutumèrent à exiger ces gratifications. Enflés par la profpérité, énervés par le luxe & élevés par des prérogatives dangereuses au-deffus des fujets

que

(1) Hérodien, l. 111, p. 115; Hift. Aug. p. 68.

de l'Empire (1), ils furent incapables de fupporter les fatigues militaires, & fans ceffe difpofés à fecouer le joug d'une jufte fubordination, ils devinrent le fléau de leur Patrie. De leur côté, les Officiers ne foutenoient la fupériorité de leur rang, que par un extérieur plus pompeux, & par une profufion plus éclatante. Il exifte encore une lettre de Sévère, dans laquelle ce Prince fe plaint amèrement de la licence de fes armées, & exhorre un de fes Généraux à com mencer par les Tribuns eux-mêmes une réforme indifpenfable. En effet, comme il l'obferve très-bien, un Officier qui perd l'eftime de fes foldats, ne peut en exiger l'obéiffance (2). Si l'Empereur eût fuivi cette réflexion dans toute fon

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(1) Sur l'infolence & fur les priviléges des foldats, on peut confulter la feizième Satyre que l'on a fauffement attribuée à Juvénal. Le ftyle & la nature. de cet Ouvrage me font croire qu'il a été compofé fous le règne de Sévère ou de Caracalla.

(2) Hift. Auguft. p. 73.

Nouveaux

Prétoriens.

étendue, il auroit facilement découvert que la corruption générale prenoit fa fource, finon dans l'exemple du premier Chef, au moins dans fa funeste indulgence.

Les Prétoriens qui avoient maffacré leur Maître & vendu publiquement l'Empire, avoient reçu le châtiment que méritoit leur trahifon. Ce Corps, fi néceffaire & en même-temps fi dangereux, fut rétabli fur un nouveau modèle; & leur nombre, qui n'avoit été que de dix ou douze mille hommes, fe monta tout-à-coup à plus de cinquante mille (1). Les cohortes Prétoriennes n'avoient d'abord été compofées que des Habitans de l'Italie; lorfque les mœurs amolies de la Capitale s'introduifirent par degrés dans les contrées voifines, la Macédoine, le Norique & l'Espagne furent auffi comprises dans les levées. C'étoit de ces différentes Pro

(1) Hérodien, 1. III, p. 131.

vinces que l'on tiroit une troupe brillante, dont l'élégance convenoit mieux à la pompe des Cours, qu'aux opérations pénibles d'une campagne. Sévère entreprit de la rendre utile; il ordonna que déformais les gardes feroient formées de l'élite des légions répandues fur les frontières. On choififfoit dans leur fein les foldats les plus diftingués par leur force, par leur valeur & par

leur fidélité. Ce nouveau fervice devenoit pour eux un honheur & une récompenfe (1). Alors la Jeuneffe Italienne ne fut plus élevée dans l'exercice des armes, tandis que l'afpect effrayant & les mœurs féroces de cette multitude de Barbares glaçoient d'effroi les tranquilles Habitans de la Capitale; mais l'Empereur vouloit que les légions regardaffent les Prétoriens comme les représentans de tout l'Ordre Militaire; il se flattoit en même temps qu'un fecours

(1) Dion, I. LXXIV, P. 1243.

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