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Prince avoit époufé, de fon consentement, la fille d'un Patricien. Le respect qu'il devoit à fon beau père, & fon attachement pour la jeune Impératrice, furent incompatibles avec la tendreffe ou les intérêts de Mammée. Bientôt le Patricien accufé de trahison, périt du dernier fupplice; & la femme d'Alexandre, après avoir été chaffée ignominieusement du palais, fut reléguée en Afrique (1).

Adminiftration fage &

Malgré cet acte cruel de jaloufie, rig malgré l'avarice que l'on a reprochée modérée. quelquefois à Mammée, en général son administration fut également utile à son

(1) Dion, I. LXXX, p. 1369; Hérodien, l. vi, p. 206; Hift. Aug. p. 131. Selon Hérodien, le Patricien étoit innocent. L'Histoire Augufte, fur l'autorité de Dexippus, le condamne comme coupable d'une conspiration contre la vie d'Alexandre. Il eft impoffible de prononcer entre eux. Mais Dion eft un témoin irréprochable de la jalousie & de la cruauté de Mammée envers la jeune Impératrice, dont Alexandre déplora la cruelle destinée, fans avoir la force de s'y ●ppofer.

fils & à l'Empire. Le Sénat lui permit de choifir feize des plus fages & des plus vertueux de ses membres, pour en composer un confeil perpétuel. Toutes les affaires publiques de quelqu'importance, étoient difcutées & décidées devant ce nouveau Tribunal, qui avoit pour Chef le fameux Ulpien, auffi célèbre par fon refpect pour les loix de Rome, que par fes profondes connoiffances en Jurifprudence. La fermeté & la fageffe de cette Ariftocratie contribuèrent à rétablir l'ordre & l'autorité du Gouvernement. Les vils monumens élevés fous le dernier règne au luxe étranger & à la superstition Asiatique, fubfiftoient encore au milieu de la Capitale: on commença par détruire tout ce qui pouvoit rappeller le caprice & la tyrannie d'Elagabale. Les nouveaux Confeillers éloignèrent enfuite de l'Adminiftration publique les indignes créatures de ce Prince, leur donnèrent pour fucceffeurs dans chaque départe

ment, des citoyens vertueux & habiles. L'amour de la justice & la connoiffance des loix fervirent feuls de recommandation pour les emplois civils; & les commandemens militaires devinrent le prix de la valeur & de l'attachement à la difcipline (1).

tueux

Mais le foin le plus important de Education Mammée & de fes fages confeillers fut d'Al de former le caractère du jeune Empereur, 'dont les qualités personnelles devoient faire le malheur ou la félicité

du genre humain. Un fol fertile produit de bons fruits presque fans culture. Alexandre étoit né avec les plus heureuses difpofitions: doué d'un excellent jugement, il connut bientôt les avantages de la vertu, le plaifir de l'inf

(1) Hérodien, 1. vi, p. 203; Hist. Aug. p. 119. Selon ce dernier Historien, lorsqu'il s'agiffoit de faire une loi, on admettoit dans le Confeil des Jurifconfultes habiles & des Sénateurs expérimentés, qui donnoient leurs avis féparément, & dont l'opinion étoit mise par écrit.

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Journal de

Ca vie.

truction & la néceffité du travail. Une douceur & une modération naturelles le mirent à l'abri des affauts dangereux des paffions, & des attraits féducteurs du vice. Son respect inviolable pour fa mère, & l'estime qu'il eut toujours pour le fage Ulpien, garantirent fa jeunesse du poison de la flatterie.

L'expofition feule de fes occupations journalières, nous le représente comme un Prince accompli (1); & fi l'on obferve la nuance différente des mœurs, ce beau tableau mériteroit bien de fervir de modèle aux Souverains modernes. Alexandre fe levoit du grand matin; il confacroit les premiers momens du jour à des devoirs de piété, & fa Chapelle intérieure étoit remplie des images de ces Héros qui ont mérité la reconnoiffance & la vénération de la poftérité,

(1) Voyez fa vie dans l'Hiftoire Auguste. Le Com pilateur a raffemblé, fans aucun goût, une foule de circonftances triviales dans lesquelles on démêle un petit nombre d'anecdotes intéreffantes.

par le foin qu'ils ont pris de former ou de perfectionner la nature humaine. Mais l'Empereur, perfuadé que les fervices rendus à fes femblables font le

culte le plus pur aux yeux de l'Être Suprême, paffoit la plus grande partie de la matinée dans fon Confeil, où il difcutoit les affaires publiques, & terminoit les causes particulières avec une prudence au-deffus de fon âge. Les charmes de la littérature faifoient bientôt difparoître la féchereffe de ces détails. Alexandre donna toujours quelques heures au commerce des Muses. Il aimoit paffionnément la poéfie, l'hiftoire & la philofophie. Les ouvrages de Virgile & d'Horace, la République de Platon, & celle de Cicéron, formoient fon goût, éclairoient fon efprit & lui donnoient les idées les plus fublimes de l'homme & du Gouvernement. Les exercices du corps fuccédoient à ceux de l'ame; & le Prince, qui joignoit à une taille avantageufe, de la force & de l'activité,

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