페이지 이미지
PDF
ePub

marche en

Italic.

Lorsque les troupes de Maximin, que

Ann. 238, s'avançoit en bon ordre, arrivèrent aux

Février,

quilée.

pieds des Alpes Juliennes, elles furent effrayées du filence & de la défolation qui régnoient fur les frontières d'Italie. Elles trouvèrent par- tout les villages déferts, les villes abandonnées : les ha¬ bitans avoient pris la fuite à leur approche, emmenant avec eux leurs troupeaux. Les provisions avoient été renfermées ou détruites, les ponts rompus; enfin, il n'existoit plus rien qui pût fervir d'asyle à l'ennemi, ou lui procurer des vivres. Tels avoient été les ordres des Généraux du Sénat, dont le fage projet étoit de prolonger la guerre, de ruiner l'armée de Maximin par les attaques lentes de la famine, & de confumer fa force dans le fiége des principales villes d'Italie, abondamment pourvues d'hommes & de provifions.

Siége d'A- Aquilée reçut & foutint le premier choc de l'invafion. Les courans qui

tombent dans la mer Adriatique, à l'extrémité du golphe de ce nom, groffis alors par la fonte des neiges (1),

opposèrent aux armes de Maximin un obstacle imprévu. Cependant il fit conftruire un pont avec de groffes futailles artistement liées ensemble; & dès-qu'il fe fut transporté de l'autre côté du torrent, il arracha les vignes qui embelliffoient les environs d'Aquilée, démo

(1) Muratori ( Ann. d'Italie, tom. II, p. 294) pense que la fonte des neiges indique plutôt le mois de Juin ou de Juillet, que celui de Février. L'opinion d'un homme qui paffoit fa vie entre les Alpes & les Apennins, eft, fans contredit, d'un grand poids; il faut cependant obferver, 1°. que le long hiver dont Muratori tire avantage, ne fe trouve que dans la verfion latine, & que le texte grec d'Hérodien n'en fait pas mention; 2°. que les pluies & le foleil, auxquels les foldats de Maximin furent tour-à tour exposés (Hérodien, 1. VIII, p. 277), défignent le printemps plutôt que l'été. Ce font ces différens courans, qui, réunis dans un feul, forment le Timave, dont Virgile nous a donné une defcription fi poétique dans toute l'étendue du mot. Ils roulent leurs eaux à quatre lieues environ à l'eft d'Aquilée. Voyez Cluvier, Italia antiqua,, tom. I, p. 189, &c.

[ocr errors]

lit les fauxbourgs, & en employa les
matériaux à bâtir des tours & des ma-
chines pour attaquer la ville de tous
côtés. On venoit de réparer à la hâte
les murailles, qui étoient tombées en
ruine pendant la tranquillité d'une
longue paix; mais le plus ferme
rempart d'Aquilée confiftoit dans le
courage des Citoyens, qui tous, loin
d'être abattus, s'animoient réciproque-
ment à la vue du danger, & trem-
bloient de tomber entre les mains
d'un tyran implacable. Crifpin & Mé-
nophile, deux des vingt Lieutenans du
Sénat, & qui s'étoient jetés dans la
Place avec un petit corps de troupes
régulières, foutenoient & dirigeoient
la valeur des habitans. Les troupes de
Maximin furent repouffées dans plu-
fieurs affauts, & fes machines brûlées
par les affiégés. Le généreux enthou-
fiafme des Aquiléens ne leur permettoit
pas
de douter de la victoire; ils com-
battoient, perfuadés que Belinus, leur

Divinité tutélaire, prenoit en perfonne la défense de ses adorateurs (1).

Maxime.

L'Empereur Maxime, qui s'étoit conduite de avancé jufqu'à Ravenne pour fecourir cette importante Place, & pour hâter les préparatifs militaires, pefoit l'événement de la guerre dans la balance exacte de la raifon & de la politique. Il favoit trop bien qu'une feule ville ne pouvoit réfilter aux efforts constans d'une grande armée, & il craignoit que l'ennemi, fatigué de la résistance opiniâtre des affiégés, n'abandonnât fubitement un fiége inutile, & ne marchât droit à Rome. Le deftin de l'Empire & la caufe de la liberté auroient été alors remis au hafard d'une bataille; & quelle

(1) Hérodien, 1. vii, p. 272. La divinité Celtique fut fuppofée être Apollon, & le Sénat lui rendit fous ce nom des actions de graces. On bâtit auffi un temple. à Vénus-la-Chauve, pour perpétuer la gloire des femmes d'Aquilée, qui, pendant le fiége, avoient facrifié leurs cheveux, & les avoient fait généreusement fervir aux machines de guerre.

Maximin &

armée avoit-il à oppofer aux redouttables vétérans du Rhin & du Danube? Quelques troupes nouvellement levées parmi la Jeuneffe Italienne, remplie d'une noble ardeur, mais énervée par le luxe, & un corps de Germains auxiliaires, fur la fermeté duquel il eût été dangereux de compter dans la chaleur du combat. Au milieu de ces juftes alarmes, une confpiration fecrette punit les crimes de Maximin, & délivra Rome des calamités qui auroient certai nement fuivi la victoire d'un barbare furieux.

Meurtre de Jufqu'alors le peuple d'Aquilée n'avoit de fon fils. point éprouvé les horreurs d'une ville Avril. 'affiégée. Des magafins abondamment

Ann. 238,

pourvus, & plufieurs fontaines d'eau douce renfermées dans l'enceinte de la Place, affuroient aux habitans des reffources inépuifables. Les foldats de Maximin, au contraire, se trouvoient expofés à la famine & à toutes les rigueurs de la faifon. Par-tout aux en

« 이전계속 »