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& que fans difficulté le mien ne l'eft pas; qu'enfin il s'agit de juger, & que chacun ayant pris fon parti, il eft difficile qu'il fe trouve quelqu'un qui foit en état de le faire avec équite. C'eft ce qui m'engage à examiner ce que c'eft en effet que le bon goût, & à faire voir que ceux qui fe flattent de l'avoir, n'en font peut-être pas tout-à-fait fibien partagez qu'ils le pen

fent.

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粥綠茶糕

DISCOURS

II.

On montre ce qui fait le bon goût de l'esprit.

L faut que ce qui fait le bon goût de l'efprit foit bien peu connu; puifque nous voyons certains Auteurs fe reprocher les uns aux autres, qu'ils manquent de goût, fans qu'aucun d'eux ait encore donné de preuve capable de convaincre les autres, qu'il avoit raifon, & que les au

tres avoient tort.

Horace n'eftimoit pas Plaute, & les Sçavans font partagez fur le jugement d'Horace. Les uns difent que le bon goût qui regnoit du temps de Plaute, pour la fine raillerie, étoit deja perdu du temps d'Horace; les autres au contraire difent que le fiecle d'Horace étoit celui du bon goût, & que les Laquais de ce poëte en M. Bail, avoient plus que les plus hauts hüppez de let. nos beaux efprits d'aujourd'hui. Il en eft de même de certains Sçavans qui ne s'accordent pas fur la preference des anciens

& des modernes..

Il ne faut point d'autres preuves pour montrer combien on ignore ce que c'est que le bon goût; & pour faire voir que le jugement qu'on fait des Auteurs, eft plûtôt un effet de l'humeur & des préjugez de l'éducation, que d'un difcernement éclairé & d'une connoiffance certaine quí procede de la raifon; c'eft-à-dire du veritable bon goût, qui eft un, qui ne change point, & qui ne fçauroit être oppose lui-même.

Ces reproches que les fçavans fe font les uns aux autres, font au fond trés-inutiles, puifque ce qui s'eft dit de part & d'autre, n'a jamais fervi de rien pour terminer les difputes. Elles m'ont toûjours patu trés-indignes des gens de lettres, qui ne devroient marcher qu'avec la lumiere, & ne jamais rien dire pour la défenfe d'une caufe, qui pût leur être retorqué avec la même confiance qu'ils l'ont allegué. C'eft ce qui m'oblige de chercher dans ce Difcours en quoi confifte le bon goût de l'efprit, & les fignes certains par lefquels on peut difcerner les perfonnes qui l'ont, d'avec celles qui ne l'ont pas. C'eft le feul moyen de finir les contefta

tions.

Il eft vrai qu'une illuftre Sçavante en a donné une juste définition, comme je l'e

ferai voir dans la fuite; mais comme elle ne l'a point fuivie, & qu'au lieu de s'étudier à en montrer la verité, elle l'a laiffée dans une certaine genéralité, où chacun peut la tourner à fon avantage; en un mot, comme ni cette Sçavante, ni les Auteurs qui ont écrit depuis, n'en ont fait aucun ufage, cette définition n'a point encore produit le fruit qu'on en pouvoit efperer. De forte qu'il eft neceffaire aujour d'hui de la retoucher tout de nouveau & de l'aprofondir, afin qu'on en puiffe tirer tout l'avantage qu'on en doit attendre pour éclaircir les questions, & les termi

ner.

II.

On entend fouvent dire parmi nous, comme une espece de proverbe, ou de maxime, Il ne faut point difputer des goûts; & on ne voit que trop de gens qui veulent étendre cette maxime au goût de l'efprit & de la confcience même, afin qu'on les laiffe & penfer & vivre comme bon leur femble. L'abus qu'on fait de ces paroles m'obligea, il y a deja plufieurs années, de faire voir en quoi elles peuvent être vrayes, & en quoi elles font fauffes en effer. Je montrai qu'elles font vrayes en ce fens, qu'il ne faut pas entreprendre de cor

riger à force de raisons le mauvais goût des perfonnes qui aiment la craye & le charbon; mais qu'elles font fauffes, fi on veut leur faire fignifier que ces perfonnes ayent le goût auffi bon que ceux qui aiment les viandes les plus propres à faire un bon fang & à former les efprits; ainfi en general on peut difputer des goûts, on peut dire même qu'il y en a de bons & de

mauvais.

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Nous devons raifonner de la même maniere du goût de l'efprit. Il y en a certainement un bon & un mauvais ; la queftion eft de le bien marquer, afin que l'on ne s'y méprenne pas. Saint Evremont dit: Qu'il eft prefque impoffible d'aprendre ni d'enfeigner en quoi confifte le bon goût ; que quand on a cet avantage, il ne faut pas traiter de haut en bas ceux qui ne l'ont pas, parce que l'on n'a pas de pieces en main pour les convaincre, & leur faire voir qu'ils ont tort, & qu'on les ramene bien plûtôt qu'on ne les perfuade. Mais il fe trompe; il n'eft point du tout impoffi ble d'aprendre & d'enfeigner ce qui fait le bon goût, & il eft aifé de trouver des pieces pour convaincre ceux qui ne l'ont pas. Je foûtiens même qu'il eft moins facile de les ramener, que de les perfuader. Pour les ramener, il s'agit de corriger la

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