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au contraire qui ne s'applaudit pas même de fa raifon & de ton bon ens te définition ne feroit donc acte Sçavans qui font partagez fur len Plaure & d'Horace, des anciens & des modernes.

Auffi cette Dame a bien fenti que fa penfée n'aplaniffoir pas toutes les difficultez ; elle a bien vû qu'elle avoit befoin d'être approfondie, pour empêcher que chacun ne la pûrprendre à fon avantage; & que les perfonnes du plus mauvais goût, ne puffent fe vanter de l'avoir auffi bon, que ceux qui ont le meilleur.

VIII

Il ne s'agit donc pas tant en effet de dé terminer en quoi confifte le bon goût, que de découvrir les fignes par lefquels on puif fe difcerner feurement les perfonnes qui ont cer avantage, d'avec celles qui ne l'ont. pas. Et cela n'eft pas impoffible. Car encore que nous ne connoiffions point parfai tement nôtre ame en elle-même ; parce que nous n'en avons point d'idée claire & diftincte, & que nous ne la voyons point d'une vûë directe; ce qui fait que les hommes fe flattent fouvent d'avoir les vertus qu'ils n'ont point, & qu'ils ont au con traire les vices qu'ils ne croyent pas avoir Fy

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nous la connoiffons pourtant par experien će, par fentiment, par reflexion, par raifonnement, par nos inclinations, par nos deffeins, par nos lectures, par les chofes qui nous plaifent, ou nous déplzifent, & en un mot par toutes nos œuvres. Toutes ces chofes font les fruits qui font connoître quel eft l'arbre qui les porte, fuivant les paroles de Jefus-Chrift. Saint Jacques demande qu'on faffe preuve de fa foi par fes œuvres. Et Saint Jean veut qu'on montre que l'on aime Dieu par l'amour que l'on a Eccl. 19. pour le prochain. Le Sage dit, que l'air du visage, les habits & la démarche de l'homme font connoître quel il eft. Ainfi il eft certain que l'exterieur de l'homme, eft le miroir fidele de fes difpofirions interieu~ res. Cette verité fupofée, il faut neceffairement que l'homme de bon goût fe puiffe diftinguer d'avec l'homme de mauvais, goût, par. quelque chofe de fenfible.

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Oril n'eft point difficile de marquer les caracteres de l'homme de bon goût. Reprenons ce que nous avons deja touché cideffus; comparons l'ame avec le corps ; cerre comparaifon eft jufte & naturelle fur le fujer que je traite. On fçait que les Medecins n'ont point d'indication plus certaine de la conftitution de notre corps, que la qualité des alimens, dont nous ai

mons à nous nourrir, comme je viens de le dire. Si ces alimens font bons, s'ils font propres à fortifier le corps & à en entrete nir la fanté; ils jugent bien de nôtre conftitution, mais ils en ont des fentimens tout contraires, fi ces alimens sont mauvais. Cette methode n'eft pas moins feure pour connoître les difpofitions de nôtre ame. Si nous nous plaifons dans la lecture & la meditation des chofes, qui font les plus capables de l'éclairer, de la fortifier, de la faire croître également en fcience & en vertu, de l'élever à la perfection à laquelle elle doit afpirer, & de la conduire à la poffeffion du fouverain bien qu'elle: defire; nous pouvons nous affurer que fes difpofitions font excellentes, que nôtre efprit eft veritablement d'accord avec la raifon, & que nôtre goût eft bon..

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Cette verité eft trés certaine, & ne peut être conteftée par aucune perfonne raisonnable; & elle va nous faire diftinguer avec une merveilleufe facilité ceux qui fe trompent dans l'opinion, qu'ils ont eu de leur propre goût, ou de celui des autres.

IX.

La difficulté fe reduit donc à fçavoir, quelle eft la vraye nourriture de l'ame.. Cette nourriture fans doute doit avoir de

l'analogie & du raport, tant avec la naturede l'ame, qu'avec le fouverain bien, par la poffeffion duquel elle peut devenir auffi heureufe, qu'elle defire de l'être. De même que celle du corps doit être propre entretenir la bonne conftitution, & à le rendre capable des fonctions & des travaux aufquels il eft deftiné.

Tous les hommes de tous les temps ont fenti que nôtre ame eft immortelle, & qu'elle eft faite pour la poffeffion d'un bien, qui furpaffe tous les biens fenfibles & paffagers. C'eft ce fentiment naturel à tous les hommes, qui a donné occafion aux rêveries des poëtes, & aux diverfes pensées des philofophes fur l'origine de l'ame, fur fanature & fur fon étar aprés la mort. C'eft ce fentiment qui a produit toutes les verrus vrayes ou fauffes des payens ; affeurez que leur ame étoit immortelle, ils s'efforçoient de fe procurer une immortalité heureufe, dans l'efperance qu'ils avoient de jouir aprés leur mort de la gloire qu'ils fe feroient acquife pendant leur vie. Niles poëtes, ni les philofophes n'ont donc point été les inventeurs de l'immortalité de l'ame, ni de fon defir pour le fouverain bien. Ils étoient nez les uns & les auttes avec ce fentiment & ce defir, comme tous les hom mes qui avoient été avant eux. Ce qui

pour le dire en paffant) eft le principe d'une preuve inconteftable de l'immortalité de l'ame, & d'une démonftration auffi certaine, qu'il s'en puiffe faire en géome

trie.

Mais les poëtes & les Philofophes avec toutes leurs études, n'ont fait que tâtonner fur l'origine de l'ame, fur fa nature & fur celle de fon fouverain bien, & la foi nous en inftruit tout d'un coup. Elle nous aprend que Dieu nous a créé pour lui; que comme il eft nôtre principe, il eft auffi nôtre derniere fin; c'eft-à-dire le feul bien capable de remplir tous les defirs de nôtre cœur ; c'eft pourquoi ce cœur eft toûjours dans l'inquietude & dans l'agitation jufqu'à ce qu'il foir arrivé à la poffeffion de Dieu, conformément à ces paroles que faint Auguftin adreffe à Dieu paroles qu'on peut regarder comme l'abregé de toute la philofophie. Mon Dieu vous nous avez fait pour vous,& nôtre cœur ne Sçauroit trouver du repos qu'en vous.

Or fi telle eft l'excellence de nôtre ame, qu'elle ne puiffe être heureufe que par la poffeffion de Dieu; il eft cereain qu'elle ne fe peur veritablement nourrir que des chofes qui portent le caractere de cet être, qui en reprefentent les traits & les perfections, a'eft; à-dire, des chofes où elle aperçoit de

Confeff

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