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nature, & donner de la beauté à la poë

fie.

l'Oratoi

L'Auteur des nouvelles Reflexions fur Le Pere l'art poëtique traitte de la même maniere Lamy de ces allegories ; & croit que c'eft un mau- re vais pretexte à une curiofité dangereufe. Il ne veut pas qu'on cherche dans les fables ni myfteres, ni fecrets de la nature ou de la Philofophie, mais la fimple hiftoire des religions des Payens & les genéalogies de leurs Dieux. Il a pour garant de fon fentiment faint Juftin, Tertulien, Lactance, Eufebe, faint Auguftin, Jules Scaliger & bien d'autres. Ainfi font détruites toutes les belles raifons que le P.Thomaffin rapporte dans fon ouvrage de l'Etude des poëtes pour autorifer la lecture des fables; & tous les grands myfteres par lefquels ila tâché d'ébloüir les hommes, & de leur faire concevoir de l'eftime pour l'antiquiré fabuleuse, se trouvent anéantis.

Ainfi eft renversé le fyfteme du poëme part. 2. épique, dans lequel le P. le Boffu veut qu'- P. 149. & Juiv. Homere ait caché les plus fublimes myfte- p. 181, res de la Theologie, les plus grandes veritez de la Morale, & les plus beaux fecrets de la Phyfique fous l'écorce de fes fictions & d fes allegories; qui traitte d'ignorans & d'envieux ceux qui ne les y trouvent pas, ou qui ne les y veulent pas trouver. Mais.

I

ce qui eft étonnant de cet Auteur,c'eft qu'il ofe dire que pour en faire la preuve,il pour

roit al eguer l'histoire entiere de l'ancien Part. Teftament, dont toutes les veritez hiftoripag.97. ques étoient des fables, ou des paraboles divinement inventées, qui reprefentoient allegoriquement la doctrine & les veritez que leur Auteur nous a depuis découvertes. Er il met en marge ces paroles de S. Paul : Or toutes ces chofes leur arrivoient en figu1. Cor. res; & celles de Jefus-Chrift: Il vous a 10. 11. été donné de connoitre le mystere du royauLuc. 8. me Dien ; mais pour les autres ils ne le

10.

voyent qu'en paraboles. De forte que, felon le P. le Boffu, il n'eft pas moins vrai, ni moins cerrain qu'Homere a couvert des voiles de la fable les grandes chofes que je viens de rapporter ; qu'il l'eft que les veritez revelées dans le nouveau Teftament étoient cachées fous les figures de l'ancien, & que comme il n'étoit pas donné à tous les Juifs à qui Jefus - Chrift parloit, de connoître les myfteres du Royaume de Dieu, mais feulement à fes difciples; auffi tous ceux qui lifent Homere, n'ont pas les dons neceffaires pour découvrir les myfteres que couvrent fes fictions.

Il met encore en marge ces paroles de l'Ecclefiaftique: Le fage recherchera la fageße de tous les anciens, & il étudiera

Les

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les Prophetes, il tâchera de penetrer ce qu'il ya de caché dans les proverbes, & fous Les voiles des paraboles ; dont il fait une efpece d'exhortation à étudier Homere, comme nous devons étudier les Prophetes & les livres de la fageffe; pour découvrir fous les enveloppes de la lettre qui tuë, les myfteres & les fens fpirituels qui vivifient.

Eft-il donc poffible qu'un Chrétien & un Prêtre ait été capable de s'entêter d'un poëte profane, jufqu'au point de le comparer aux Auteurs facrez: Car fon difcours & fes citations emportent cette comparaison. Il eft vrai que le fameux M. de Dans Segrais a traitté de docte la Theologie de Preface fur Virg Virgile, & veut qu'elle foit un grand char- gile me pour les fçavans; mais on lui peut pardonner ce qui n'eft pas pardonnable à un Ecrivain du caractere du P. le Boffu. Peutêtre que quelque jour on nous fera auffi des commentaires fur l'Alcoran, afin de nous y faire trouver de grands myfteres.

XIV.

Mais s'il étoit vrai que les poëtes n'euffent en vûë dans toutes ces fictions, que de dire ce qu'ils connoiffoient de la verité, & d'en inftruire les hommes; ne leur ausoit-il pas été plus facile de l'enfeigner

C

fimplement comme ils le penfoient, que de l'enveloper de ces myfteres fi fales, & fi ridicules avec tant d'étude & de travail ? De l'enveloper (dis je ) de forte que perfonne ne pût trouver ce qu'ils auroient voulu dire, ou du moins s'affurer de l'avoir trouvé, puifque chacun peut expliquer la fable comme il lui plaît; & s'imaginer y voir les fentimens des Philofophes même les plus oppofez. Ce qui a fait dire qu'il n'y avoit rien, que l'on ne pût trouver dans les poèmes d'Homere.

Stobée parlant d'un Chronius Pythago ricien qui s'étoit fignalé dans l'explication de ces allegories, dit, qu'il vouloit allier des chofes contraires, & qu'il ne s'accommodoit pas tant aux opinions des poëtes, qu'il accommodoit les poètes à fes idées. De bonne foi, eft-ce vouloir inftruire les hommes que de parler un langage fi énigmatique & fi obfcur, qu'il eft impoffible d'en penetrer le vrai fens?

Je fçay bien qu'on dit, que les poëtes ont écrit d'une maniere myfterieufe, à l'exemple des Orientaux. Il est vrai qu'ils ont voulu les imiter dans le ftile; mais cela ne prouve point qu'ils ayent penfé à cacher fous ces allegories les grandes merveilles qu'on s'imagine. Car quand ils auroient été en effet Philofophes, il

faudroit qu'ils fuffent les plus infensez ou pour mieux dire les plus cruels de tous les hommes, pour écrire d'une maniere. qui ne feroit propre qu'à rendre leurs ouvrages le défefpoir des Savans, & de la derniere inutilité pour les fimples. Ciceron dit quelque part, qu'il n'y a pas une plus grande folie que d'écrire pour n'être point entendu. Il a raifon, puifque fi on ne vouloit pas être entendu, il vaudroit beaucoup mieux ne point écrire.

Au refte, fi on fuppofe que ces poëtes étoient de grands Philofophos; je demande de qui ils avoient appris cette philofophie? Car de dire que ces poëtes ont écrit les premiers de philofophie ; & que les Philofophes qui font venus aprés eux, n'ont fait qu'étudier leurs livres pour l'apprendre, comme quelques-uns le pretendent; c'eft fuppofer, ou qu'ils ont eû d'autres Philofophes pour maîtres, ou qu'ils ont été les inventeurs de leur philofophie. Or s'ils avoient eû des maîtres, pourquoi n'ont-ils pas enfeigné les autres, comme ils avoient été enfeignez eux-mêmes, par une methode fimple & facile Car fi leurs propres maîtres fe font fervis d'allegories, ils les leur ont expliqué; autrement ils ne leur auroient rien appris en effet. Et s'ils leur ont appris

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