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d'une rivale offenfée, quand le fanatifme s'eft emparé d'elle, & que la Religion même confacre à fes yeux fes attentats ?

FRAPPÉE d'affreux preffentimens, elle ne peut retenir fes fanglots. La terreur la faifit, fon fang fe glace dans fes veines, fes belles joues fe décolorent, une fombre trif teffe éteint l'éclat de fes beaux yeux, une pâleur mortelle s'étend fur tout fon corps: hélas! Et fi Gilfort auffi... Dès que, de penfées en penfées, elle fut arrivée à cette idée effrayante, ce fut comme un précipice où s'abyma fon ame. Un tremblement univerfel agite ses membres; tout-à-coup arrêtée & immobile, elle ne peut faire un pas; elle n'ose baiffer ses regards vers la terre: Ciel, fi fes yeux au travers des ténebres y rencontroient la tête de Gilfort!... Gilfort fe préfente à fa vue [*], vêtu d'habits de deuil, le vifage pâle & abattu, la voix muette & glacée par un froid défefpoir. Il s'avançe vers elle à pas lents, femblablé à un fantô

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(*) Lui qui jufqu'alors la confoloit de toutes fes alarne vient plus aujourd'hui pour calmer fon cœur & effuyer fes larmes. Il ne vient point, comme à l'ordinaire, femblable au jour naiffant, écarter les nuages de fon ame, & diffiper les vapeurs de fa mélancolie; mais il vient, comme un fombre orage, l'entraîner au fond de l'abyme.

il feno. I fmarriti fuoi occhi moftrano qual fia l'ambafcia del di lei cuore. Colpita da dolore intenfiffimo, effa vacilla, e cade ftefa per terra, fvenuta, e senza respiro (*).

Gilforte mette uho ftrido, fi precipita fu la fua fpofa, la ftrigne nelle fue braccia, e con un bacio di fuoco richiama la di lei anima, già vicina a fuggirfi. In tal guifa una fiaccola accefa rende la fiamma, e la vita alla fiaccola, che un foffio aveva fpenta. Effa folleva appena i fuoi occhi nuotanti nella morte; efla rivede la luce, e Gilforte con effa: ah, senza Gilforte, la luce le riufcirebhe infoffribile! Effa avea potuto rifolverfi a morire: effa aveva ancora avuta la forza di fopportare la funefta morte dell' avo ma nel vedere Gilforte in que' luoghi di trifto prefagio, effa non può dar legge al fuo dolore, effa non può ritenere i fuoi gemiti. Ah Gilforte, fclama effa!... Effa volle profeguire, ma i finghiozzi foffocarono la fua voce. L'amore rientra nel di lei cuore, vi riporta l'agitazione,

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(*) In tal guifa, allorchè il Cielo comincia a coprirfi di nubi, freme un bel giglio al primo mormorìo degli aquiloni nafcenti: ma alloraquando tutti i venti fi fcatenano infieme, e che l'acque cadono a dirotto dal fen delle nuvole, il fuo fufto incurvato fotto a' loro sforzi è vicino ad infragnerfi: le fcoffe raddoppiano: egli fi fpezza, e cade in mezzo a' difperfi fuoi fiori; ma i fuoi fori nell' appaffire profumano ancora co' dolci loro odori quella terra, che fè fchiudere.

me fortant du tombeau. Épouvantée, elle recule, en fe meurtriffant le fein. Ses yeux effarés retracent les angoiffes de fon cœur. Frappée à l'ame, elle chancelle & tombe étendue fur la terre, inanimée & ne refpirant plus [*].

GILFORT jette un cri, fe précipite fur fon époufe, la ferre dans fes bras, & rappelle par un baifer de feu, fon ame prête à s'échapper. Ainfi le flambeau allumé rend la flamme & la vie au flambeau qu'un fouffle vient d'éteindre. Elle fouleve avec peine fes yeux nageans dans la mort; elle revoit la lumiere & Gilfort avec elle: ah, fans Gilfort la lumiere lui feroit infupportable ! Elle avoit pu fe réfoudre à mourir: elle avoit encore eu la force de fupporter la mort funefte de fon grand-pere; mais en voyant Gilfort dans ces lieux d'affreux présage, elle ne peut commander à fa douleur; elle ne

(*) Ainfi, quand le Ciel commence à fé couvrir de nuages, un beau lys friffonne au premier murmure des aquiIons naiffans; mais quand tous les vents fondent enfemble & que les eaux tombent en maffes du fein des nues, fa tige courbée fous leurs efforts eft prête à fe brifer: les fecoufles redoublent: elle fe brife & tombe au milieu de fes fleurs difperfées; mais fes fleurs, en fe Aétriffant, par fument encore de leurs douces odeurs la terre qui les fir éclorre

e i fuoi crudeli tumulti, e in un momente atterra l'opera di fua coftanza (*).

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Quale fpettacolo più poffente a muovere cuore, che quello d'una bella, che piange? Qual alma abbastanza forte, abbastanza cruda, per reftare infenfibile alle fue lagrime? Il cuore s' intenerifce, e fi fente penetrato ben prefto da mille incomprensibili diletti, che efcono dal fuo dolore. I fuoi fofpiri efalano le vampe dell' amore: fi pongono in oblio i suoi affanni, fi trova nel fentimento medefimo de' proprj mali, una fpecie di voluttà, dolce ed inebbriante.

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Gilforte la prova: Confunto dalle pene, ebbro di piacere, nel trasporto del fuo amore egli fi getta fu la fua fpofa, e la ftrigne lagrimofa nelle fue braccia. Allora egli oblìa la fua difgrazia; nel fuo delirio ei fi crede ancora felice, egli non fente fuorchè l'amore, e s'abbandona a' fuoi trasporti: ma d'improvvifo una crudel

(*) In fimil guifa quel giovane, che fi fpecchiava in cristallina onda tranquilla, vide fcancellata la fua imagine dal liquido fpecchio, nel momento in cui le fue lagrime vennero intorbidare quell' ac jue: egli vide i mobili fuoi lineamenti difperderfi, fmarrire la forma loro, dilatarfi, e fuggire in onde circolari verfo le fponde.

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peut retenir les gémiffemens. Ah, Gilfort s'écrie-t-elle!... Elle voulut continuer, mais les fanglots étoufferent fa voix. L'amour rentre dans fon cœur, y reporte l'agitation & fes troubles cruels, & renverfe en un moment l'ouvrage de fa conftance (*).

POUR émouvoir un cœur, eft-il un fpectacle plus puiffant que celui d'une belle cn pleurs? Quelle ame affez forte, affez dure, pour refter infenfible à fes larmes ? Le cœur s'attendrit & fe fent bientôt pénétré de mille charmes inconcevables qui fortent de fa douleur. Ses foupirs exhalent les feux de l'amour: on oublie fes chagrins, & l'on trouye dans le fentiment même de fes maux une forte de volupté douce & enivrante.

GILFORT l'éprouve: confumé de peines, enivré de plaifir, dans l'emportement de fon amour, il faifit fon époufe, & la ferre éplorée entre les bras. Alors il oublie fa difgrace; dans fon délire il fe croit encore heureux, il ne fent que l'amour & s'abandonne à ses tranfports; mais foudain une réflexion cruelle

(*) Ainfi ce jeune homme qui fe contemploit dans le cryftal d'une cau tranquille, vit fon image s'effacer du liquide miroir, dès que fes larmes vinrent à troubler l'onde: il vit fes traits mouvans fe difperfer, perdre leur forme s'étendre & fuir vers les bords en ondes circulaires,

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